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Entre Clermont qui a aligné 11 joueurs sortis de son centre de formation en demi-finale de Top 14 et le Stade Français porté par ses anciens Espoirs, la finale de samedi aura une saveur de fabrication maison.
"C'est pour ça qu'on travaille, évidemment", savoure ainsi Bertrand Rioux, directeur du centre de formation de l'ASM, qui a vu d'anciens élèves, les Fofana, Buttin, Nakaitaci, Radosavljevic ou encore Chaume renverser Toulouse (18-14) samedi dernier.
"On a l'objectif d'avoir 50% de l'effectif pro issu du centre d'ici 2020", poursuit-il. "On nous demande des comptes par rapport à ça mais on a aussi des moyens. Alors c'est forcément une fierté quand au détour d'une feuille de match on s'aperçoit qu'on approche du but."
Un pont est ainsi jeté entre l'emblématique centre Aurélien Rougerie, 34 ans, pur produit du crû, et le deuxième ligne Paul Jedrasiak, âgé de 22 ans, encore membre du centre de formation cette saison aux côtés de 19 autres promesses du rugby.
"Paul, c'est celui dont on parle le plus car il était titulaire samedi", souligne Rioux, "mais cette année ils ont été 6-7 à avoir eu du temps de jeu avec l'effectif pro, comme (le troisième ligne) Peceli Yato".
Il faut dire aussi que ces centres sont devenus des enjeux cruciaux avec le durcissement de la réglementation sur le nombre de joueurs issus des filières de formation (Jiff) dans les effectifs professionnels, à hauteur de 55% cette saison.
- Le vivier francilien -
Alors, autant façonner soi-même sa jeune garde, après avoir fait son marché dans un rugby internationalisé: de moins en moins d'éléments sont biberonnés dans la ville-même et jeunes géorgiens, fidjiens, anglais ou portugais se côtoient ainsi dans le nid auvergnat.
"Cette année, on intègre au centre 2-3 joueurs issus de nos écoles de rugby", illustre Bertrand Rioux. "Si on a l'occasion de faire grandir un bon Auvergnat, bien sûr on le fait. Mais ce n'est pas simple", ajoute-t-il, soulignant l'étroitesse du réservoir dans le Massif central comparé à celui d'Ile-de-France. "Ils ont cinq fois plus de licenciés dans leur comité", relève-t-il.
"On a un vivier énorme", convient ainsi Pierre Arnald, directeur du centre de formation du Stade Français. "Mais il y a de la concurrence avec Massy et surtout le Racing qui a tendance à prendre beaucoup de joueurs."
L'équipe parisienne a de son côté pu s'appuyer sur 8 joueurs élevés au club pour battre Toulon (33-16) vendredi dernier. Le renouveau du Stade Français correspond aussi à l'émergence d'une génération dorée "dont l'ossature est de 1989 et a été championne de France cadets, comme Alexandre Flanquart, Rabah Slimani et Djibril Camara", rappelle Julien Combes, responsable sportif du centre parisien.
"Depuis, chaque année on a réussi à sortir des joueurs talentueux comme Hugo Bonneval, Jules Plisson, Jonathan Danty", renchérit-il.
- 'Une bande de copains' -
Ces talents, tous nés en région parisienne, ont ainsi fait leurs armes ensemble dans le championnat Espoirs et constituent désormais, dixit Arnald, "une vraie bande de copains" dont la fraîcheur porte tout le groupe.
Les pousses parisiennes ont aussi profité des difficultés financières du club: dans un effectif peu étoffé, elles ont rapidement eu du temps pour s'exprimer. De quoi accélérer le processus de maturation.
Le défi est désormais de développer une véritable identité, tant sur le jeu que l'état d'esprit, pour faciliter la transition des catégories jeunes à l'équipe première. "C'est le même moule", insiste Combes. "On a entériné cette volonté de jouer, de mettre beaucoup de mouvements, on sait où l'on veut aller. Prendre de l'initiative, du plaisir. On essaye aussi de rendre le joueur intelligent."
Paris et Clermont ont aussi choisi "d'ouvrir" leur centre: les stagiaires vivent en appartement, près de Marcel-Michelin ou de Jean-Bouin, afin de favoriser leur autonomie.
"On a voulu cela pour attirer des joueurs à maturité plus forte. Chaque joueur qui intègre le centre a des qualités, c'est le développement personnel ensuite qui fait la différence", justifie Arnald. Un comportement qui est censé se refléter ensuite sur le terrain.