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© AFP/FRANCK FIFE
Le président de la FFR Pierre Camou avant le match France-Nouvelle Zélande, le 19 novembre 2016 au Stade de France
Le président sortant et candidat à un nouveau mandat Pierre Camou a retenu auprès de l'AFP "un malaise" de la campagne à l'élection à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR), prévue samedi, qui a été pour ses concurrents Bernard Laporte "une aventure humaine formidable", et Alain Doucet "beaucoup d'investissement".
QUESTION: Que retenez-vous de cette campagne?
Pierre Camou: "Un malaise, un mal-être, parce que je suis pour le débat d'idées mais je ne l'ai pas vu et surtout pas entendu."
Alain Doucet: "D'abord, sur un plan pratique, beaucoup de fatigue, d'investissement en temps et argent. Mais aussi de grandes rencontres avec des gens d'horizons différents. Et la certitude que notre fédération doit désormais prendre tout le sens du mot fédération, avec une gouvernance décentralisée, beaucoup plus de puissance des ligues et comités territoriaux, et des objectifs vraiment différents: si on tient dans les Flandres ou en Alsace-Lorraine le même discours qu'en Languedoc ou Périgord-Agenais, on est décalé. Ce tour de France m'a ouvert les yeux sur la diversité de nos rugbys et l'incongruité de tout vouloir centraliser sur Paris. C'est désormais un angle d'attaque inévitable dans les années à venir."
Bernard Laporte : "Une aventure humaine formidable, avec les gens de mon équipe, dont certains nous ont rejoint au fur et à mesure. C'est toujours enrichissant humainement. Et passionnant car c'est un challenge, et j'ai besoin de challenges. Et c'est un travail d'équipe, où chacun à un rôle bien précis de construction."
Q: Pourquoi estimez-vous être le meilleur candidat ?
Pierre Camou: "Parce que je pense que je représente, volens nolens (bon gré, mal gré NDLR), par mes gênes, par mon histoire, ma vie de tous les jours et mon vécu, 95% des clubs du rugby amateur. Ceux qui vivent pour une passion, leur cité et les gamins. Et que je les ai toujours mis au centre, parce que ce sont des convictions qui sont dans mes gènes, mes tripes et ma construction depuis que nous avons construit un club avec mon frère et des amis."
Alain Doucet: "Parce que je suis peut-être celui le plus ancré dans des projets concrets, des plans d'action en sortant des grandes lignes générales propres à tout discours politique. Je me suis situé entre Pierre Camou, son projet de Grand Stade et ses idées d'un certain conservatisme, et l'appel à un rugby tout à fait inconnu qui sort pas mal de notre culture de base que peut représenter Bernard Laporte . On s'est dit qu'on ne pouvait ni laisser faire le stade ni laisser Bernard Laporte s'imposer uniquement sur du mécontentement. Il faut proposer des conceptions nouvelles sur la formation, les compétitions. Le rugby français est à un tournant, à lui de choisir parmi les trois options qui lui sont proposées".
Bernard Laporte : "La jeunesse, l'énergie, l'enthousiasme, la connaissance de tout. Du monde amateur, dont je suis issu comme tout le monde et que je connais encore plus par coeur maintenant que j'ai fait le tour de France au cours de 120 réunions. Et du monde professionnel. C'est un atout considérable de connaître les deux mondes."
Q: Quel thème de votre programme souhaitez-vous mettre en avant ?
Pierre Camou: "Je ne me pose pas les questions des thèmes étant donné que depuis huit ans j'ai essayé de faire bouger un paquebot, que nous avons réformé en permanence. Que j'ai proposé trois axes stratégiques et trente-quatre propositions (dans son programme) entre ce que nous avons essayé de faire, à peu près réussi, loupé, ce qu'il faut améliorer, à l'écoute des uns et ds autres. La réforme est un art perpétuel qui bouge sans arrêt comme les hommes et la société. Il n'y a pas un thème particulier, je ne suis pas dans les effets d'annonce, mais dans le travail de fond et continu."
Alain Doucet: "Une séparation effective entre le monde professionnel et amateur. Je veux arrêter de faire croire à tous les gens du monde amateur, aux clubs les plus modestes de Fédérale 1 (3e division), que demain ils peuvent évoluer dans un monde professionnel. Elargir cette Fédérale 1 et en faire un CFA (Championnat de France amateur), qui ne soit plus élitiste mais auquel on participe saison après saison, avec autant de chances pour les uns et les autres. Que le but du jeu ne soit pas forcément une montée hypothétique dans un monde (professionnel) dangereux et difficile. Il faut arrêter de faire croire aux gens qu'ils pourront accéder à ce monde-là. C'est une utopie, et cette année sept-huit clubs de Fédérale 1 ont déposé le bilan. Il faut faire un championnat amateur, appelé CFA comme au foot, qui aura une valeur marketing, médiatique, qui invitera plus d'équipes, où plus de régions seront concernées, où les départements historiques retrouveront une place. Où les gens de Lombez-Samatan, Bagnères-de-Bigorre ou Mauléon ne serviront plus de chair à canon à Nevers et Massy. Qui joueront dans une compétition différente. Cela ne se fera pas en quelques mois, c'est le chantier du mandat."
Bernard Laporte : "Redonner la parole aux clubs par le vote décentralisé. Que les clubs ne subissent plus, qu'ils décident de leur avenir. On va leur redonner la parole qu'ont leur a coupée depuis un certain nombre d'années."
Propos recueillis par Nicolas KIENAST