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© AFP/FRANCK FIFE
Le président de la FFR Pierre Camou avant le match France-Nouvelle Zélande, le 19 novembre 2016 au Stade de France
Ultimes mobilisations et manoeuvres: les trois candidats à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR), les favoris Pierre Camou et Bernard Laporte , ainsi qu'Alain Doucet, tirent leurs dernières cartouches d'une campagne âpre avant l'élection de samedi à Marcoussis (Essonne), qui s'annonce très indécise.
Bien malin en effet celui qui pourrait avancer un pronostic fiable entre le président sortant Pierre Camou, son ancien n.2 Alain Doucet et le médiatique Bernard Laporte .
Deux consultations, publiées par Midi Olympique, donnent Laporte largement vainqueur (devant Camou et Doucet), ce que dément l'équipe en place, qui affirme pouvoir compter sur un peu plus de 50% des 10.116 voix potentielles de l'assemblée générale élective...
Info? Intox? Réponse samedi. En attendant, chaque camp utilise ses dernières munitions pour rallier les indécis parmi les quelque 1.900 clubs appelés à voter.
Sur le terrain, qu'arpente encore Pierre Camou cette semaine, mais surtout dans les médias.
Lundi, Laporte a ainsi exclu, s'il était élu, de limoger le sélectionneur du XV de France Guy Novès, choisi par Camou; un bruit selon lui alimenté par le "clan" du président sortant pour faire pencher la balance en sa faveur au moment où les Bleus séduisent de nouveau.
Et mardi, le journal Sud-Ouest, citant à l'appui l'entourage de Doucet, évoquait un ralliement de l'ancien n.2 à Laporte au "second tour" pour battre Camou. Avec comme points de convergence leur volonté de réformer la gouvernance de l'institution et leur opposition au Grand Stade, que la Fédération souhaite construire en banlieue parisienne et qui a poussé Doucet, secrétaire général de la FFR jusqu'en juillet, à sortir du bois.
- Laporte parti de loin -
© AFP/GAIZKA IROZ
Bernard Laporte
le 2 juillet 2016 à l'Assemblée générale de la FFR à Pau
Réelles ou supposées, ces man?uvres sont en tout cas le signe d'une bataille à couteaux tirés et très serrée, où quasiment tous les coups ont été lâchés et le sortant Camou, en lice pour un troisième mandat, a été acculé dans les cordes.
Sans rival en 2008 et 2012, Camou, 71 ans, a notamment été éclaboussé par ricochet par les révélations de Mediapart portant sur deux affaires impliquant un vice-président de la FFR Bernard Godet qui, tout estimant ces révélations "totalement infondées et mensongères", a démissionné.
Il aura aussi été bousculé frontalement et personnellement dès le début par Laporte. Fidèle à son tempérament enflammé, l'ex-entraîneur du XV de France est entré en campagne quinze mois avant le scrutin, en septembre 2015, alors qu'il était toujours aux commandes du RC Toulon.
Ses angles d'attaque? Son opposition au Grand Stade, donc, mais aussi l'archaïsme et le manque de transparence supposés d'une Fédération qu'il juge avant tout soucieuse de conserver ses prébendes.
- Camou à la recherche du temps perdu -
Laporte veut "rendre le pouvoir aux clubs" et a axé sa campagne sur le monde amateur, comme pour arracher l'étiquette d'homme issu du monde professionnel qui lui colle à la peau.
Il ainsi comparé la FFR, accusée de déni de démocratie, à "la Corée du Nord" puis à "un appareil stalinien des années 50". Des propos qui, parmi d'autres, ont choqué le président sortant.
Longtemps, Camou, peu porté sur l'exercice médiatique, n'a pas répondu, d'abord focalisé sur sa fonction de président, puis refusant d'"ajouter du buzz au buzz".
Il a cependant été obligé de forcer sa nature ces dernières semaines à l'approche du scrutin dont l'issue s'annonce beaucoup plus indécise qu'il ne l'avait imaginé.
Camou a ainsi semblé vouloir rattraper le temps perdu dans la dernière ligne droite, mettant en avant son bilan et ses réformes. Dénonçant aussi les "méthodes" de l'ancien secrétaire d'Etat aux Sports et les valeurs "de l'argent" qu'il porterait, opposées à celles "de solidarité".
Le scrutin de samedi dira si le président sortant est parti trop tard après avoir sous-estimé le phénomène Laporte. Lequel, qu'il gagne ou perde samedi, aura en tout cas fait bouger les lignes lors d'une campagne souvent à la limite du hors-jeu.