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© AFP/PHILIP LITTLETON
Joost Van der Westhuizen
, le 17 juin 1995 à Durban lors de la demi-finale du Mondial-1995 remportée par les Springboks face à la France (19-15)
Champion du monde en 1995, le légendaire demi de mêlée sud-africain Joost Van der Westhuizen s'est éteint lundi à l'âge de 45 ans des suites de la maladie de Charcot, une affection neurodégénérative incurable dont il était atteint depuis 2011.
Pour beaucoup d'observateurs, Van der Westhuizen demeure l'un des plus grands n°9 de l'histoire du jeu, aux côtés du Gallois Gareth Edwards .
Ses duels épiques, il y a plus de 20 ans, avec l'Australien George Gregan ou le Neo-Zélandais Justin Marshall resteront dans les mémoires des fans de rugby.
"On se souviendra toujours de lui comme d'un incroyable joueur de rugby", rappelait récemment Gregan dans un dîner donné en l'honneur de "Joost" comme on le surnomme en Afrique du Sud.
"Joost était un joueur magique. Il pouvait quasiment gagner un match à lui tout seul", ajoutait alors Marshall.
- Icône de la nation arc-en-ciel-
Lundi, c'est un long combat de près de six ans avec la maladie de Charcot qui s'est achevé.
Diagnostiqué en 2011 de cette maladie qui l'avait peu à peu empêché de parler et de marcher, les médecins lui avaient alors donné deux à cinq ans à vivre.
Il a finalement succombé chez lui, deux jours après avoir été hospitalisé d'urgence, dans un état critique.
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Le demi de mêlée sud-africain Joost Van der Westhuizen
, le 9 octobre 1999 lors d'un entraînement à Edinburgh
Le pic de sa carrière restera sans doute cette finale du Mondial 1995 où à domicile, dans le bouillant Ellis Park de Johannesburg il avait offert une passe décisive pour mettre Joel Stransky dans une position idéale.
Ce dernier avait alors passé un drop permettant à l'Afrique du Sud de remporter son premier titre mondial, 15 à 12, face aux All Blacks d'une autre légende disparue, Jonah Lomu .
Ce titre mondial, l'un des mythes fondateurs de la nation "arc-en-ciel", reste cependant entaché de soupçons de dopage, plusieurs joueurs sud-africains de la première moitié des années 1990 étant atteints, comme Van der Westhuizen, de maladies neurologiques rares.
Aucune preuve scientifique n'a à ce jour établi de lien entre ces affections et un dopage éventuel.
La popularité de "Joost" n'a cependant jamais faibli en Afrique du Sud, comme en atteste la vibrante ovation du public à la mi-temps d'un match contre la Nouvelle-Zélande en 2014, lorsqu'il avait foulé la pelouse de l'Ellis Park, soutenu par ses deux enfants et par un exosquelette.
Sa carrière internationale entamée en 1993 et riche de 89 sélections s'est achevée en 2003, sur une lourde élimination en quarts de finale de la Coupe du Monde, contre la Nouvelle-Zélande (29-9).
Avec 38 essais, un total inhabituellement élevé pour un demi de mêlée, il a longtemps été le meilleur marqueur des Springboks, avant d'être finalement dépassé par Bryan Habana .
Pur produit des Blue Bulls de Pretoria qui ont dominé pendant des décennies le rugby sud-africain, "Joost" a révolutionné le rôle du numéro 9.
- Maladie et humilité inédite -
Grâce à son jeu inventif et loin des stéréotypes du demi de mêlée simple "passeur", il savait profiter de sa vitesse et de sa puissance pour oser transpercer les défenses dans de longs raids solitaires.
Une fois retiré des terrains, Van der Westhuizen a embrassé la carrière classique de consultant télé.
Mais cette nouvelle vie s'est brutalement achevée lorsqu'une vidéo de ses ébats sexuels avec une inconnue où on le voit renifler une poudre blanche a fuité en 2009.
"Ce que j'ai fait était contre tous mes principes", avait-il affirmé dans des excuses publiques.
© AFP/Greg Wood
Le demi de mêlée sud-africain Joost Van der Westhuizen
lors du quart de finale du Mondial 2003 face à la Nouvelle-Zélande, le 8 novembre à Melbourne
Son épouse, la chanteuse Amor Vittone qui l'avait quitté à la suite de cette affaire restera finalement à ses côtés pour l'accompagner dans son combat contre la maladie qui s'est manifesté par une légère faiblesse dans le bras droit avant de se généraliser rapidement.
"Quand j'ai été diagnostiqué, j'ai dû me sortir d'un état de dépression constant", expliquait-il.
"Est-ce que je vais rester à la maison et m'éteindre lentement ou est-ce-que je vais être aussi actif que possible et m'entourer de personnes positives?", s'interrogeait-il dans une question rhétorique symbole de sa détermination.
Le joueur réputé arrogant et provocateur sur les terrains a gagné la compassion de milliers de fans en affrontant cette affection avec une humilité inédite.
"Si c'est la croix que je dois porter pour aider les générations futures, alors je le ferai", assurait-il, peu après le diagnostic, remerciant "l'incroyable famille du rugby de son soutien".
Grâce à sa fondation J9, il a tenté de sensibiliser le grand public sur les maladies neurodégénératives en continuant de voyager aux Etats-Unis, en Angleterre pour participer notamment à des essais cliniques en vue de trouver un remède.