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Montpellier pourrait décrocher vendredi en Challenge européen le premier trophée de l'ère Mohed Altrad, son président, qui se définit comme "un bâtisseur" pour avoir transformé ce MHR à forte connotation sud-africaine en "place forte du rugby".
QUESTION: Votre série de dix victoires de rang, jusqu'à la défaite samedi à La Rochelle, valide-t-elle votre politique?
REPONSE: "Nous avons été assez décriés, c'est vrai que nous avons connu un début de saison en dents de scie mais, depuis une dizaine de matches, nous battons tout le monde, en Europe ou en France, de grandes comme de petites équipes, qu'il pleuve ou qu'il vente. Cette très belle série a démontré que le travail fait ces dernières années, notamment cette intersaison avec 19 joueurs qui arrivent, 19 qui partent, et un changement total de staff (dont c'est la première saison complète, NDLR), commence à donner des résultats."
Q: Vous ne comprenez pas la polémique sur le nombre de joueurs sud-africains de votre effectif?
S: "Ce n'est pas rationnel mais je pense qu'il faut chercher à comprendre. Cela provient de la +quantité+ de Sud-Africains, plus le fait que le coach principal et ses adjoints soient sud-africains, plus peut-être inconsciemment le fait que le président ne s'appelle pas Monsieur Dupond non plus, je peux le comprendre. Mais c'est derrière nous tout ça, la presse en parle beaucoup moins aussi, tout simplement parce qu'il y a des résultats. Et, à Montpellier, on ne nous en parle pas. Nous travaillons pour cette ville, pour cette région, je me considère comme un produit complet de cette ville, c'est ici que j'ai appris le français (il est d'origine syrienne, NDLR), que j'ai fait mes études, que j'ai construit mon entreprise."
Q: Le club grandit-il comme vous le souhaitez depuis cinq ans?
R: "Aujourd'hui, Montpellier est une place forte du rugby, je crois que nous sommes vus comme ça. Nous avons progressé en termes d'organisation, de gestion, de budget... Il était de 13 millions d'euros en 2011 quand j'ai repris le club, aujourd'hui on est à 24 millions d'euros. Nous mettons les moyens pour devenir un grand de France et d'Europe. C'est passionnant à construire. Moi, je suis avant tout un bâtisseur, les résultats à court terme ne m'intéressent pas, ce qui m'intéresse c'est de laisser un héritage. Je suis là pour faire progresser le club. Lorsque je suis arrivé, le nombre de spectateurs était de 7.000, maintenant la moyenne est de 13-14.000. Et j'ai encore beaucoup de travail."
Q: Mais vous êtes moins célèbre que vos homologues Mourad Boudjellal (Toulon) et même Jacky Lorenzetti (Racing 92)...
R: "Je ne suis pas venu dans le rugby pour être célèbre mais chercher une visibilité pour le groupe Altrad, le sponsor principal. Ca, c'est important pour moi. Après, être soi-même mentionné dans un papier ou à télévision, c'est annexe. Je n'ai pas la même personnalité que mes confrères. Je ne critique pas mais je ne suis pas Mourad Boudjellal et je ne veux pas être Mourad Boudjellal, je veux être moi-même."
Q: Que pensez-vous de la phrase de votre capitaine Ouedraogo: "A Montpellier, on ne joue pas beaucoup de finales"?
R: "Fulgence a raison, on n'y sera peut-être pas souvent, c'est le moment de ne pas se rater. Ce match (vendredi contre les Harlequins) est une étape importante, la réelle construction du rugby à Montpellier a quand même commencé avec mon arrivée, avec la mise en place d'une structure solide. Nous considérons déjà la saison réussie: si elle s'arrêtait là, nous serions finalistes de Coupe d'Europe (Challenge européen, NDLR), deuxième du Top 14, ce qui n'est jamais arrivé à Montpellier (le club a néanmoins été finaliste du Top 14 en 2011, NDLR). Mais la consécration, c'est la répétition. Si vous gagnez une fois et n'êtes plus jamais en mesure de le refaire, ce n'est pas une réussite, c'est un coup. Je n'ai pas envie de faire un coup parce que ce n'est pas mon style."