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"Frappe plus haut !" Any Hurtado prend sa respiration et s'exécute. Victime d'une tentative de viol, cette étudiante de Quito a pris les gants de boxe. Un exemple que suivent de plus en plus d'Equatoriennes face à la violence contre les femmes.
Dans ce pays d'Amérique latine, environ six femmes sur dix sont victimes d'agressions, le plus souvent commises par le mari, et une fille sur dix a été abusée sexuellement avant sa majorité, selon les statistiques officielles.
Agée de 17 ans, Any s'est retrouvée seule lorsqu'on son père est parti, comme de nombreux compatriotes, chercher du travail en Espagne. L'an dernier, la jeune femme, qui suit une formation d'infirmière, a été attaquée par plusieurs individus sur le chemin de la maison.
"Ils ont commencé par m'attraper et essayé de me violer. Pendant la lutte, j'ai pensé que je n'allais pas réussir à m'en sortir mais j'ai retrouvé des forces. J'ai flanqué un coup à celui qui était plus près, et j'ai pu m'échapper en courant", raconte-t-elle à l'AFP.
C'est cette expérience qui l'a conduite à fréquenter un club de gym du quartier de La Tola, dans le centre de la capitale, où elle a retrouvé d'autres femmes victimes du même traumatisme.
Les plus aisées optent pour les arts martiaux mais Any et ses amies ont choisi de monter sur le ring. Parmi elles, Tania Lara, une employée domestique de 27 ans, n'a pas l'intention de se laisser à nouveau battre par son compagnon.
"Parfois j'ai envie de retourner dans le passé. J'imagine comme la situation aurait tourné si j'avais fait, comme maintenant, de la boxe. Sûr que je lui en aurai collé une", lance-t-elle.
Une autre boxeuse, Maria Vega, qui vend des pommes de terres sur un marché de Quito, suit les cours de boxe avec d'autant plus d'entrain qu'elle a déjà pu les appliquer dans la rue.
- 'Tape plus fort' -
"Un gars m'a arraché mon portable et je me suis à courir après lui. Je l'ai frappé à terre jusqu'à ce qu'il me le rende", sourit cette femme de 30 ans.
Tania et Maria mettent les gants et échangent des coups pendant un gros quart d'heure, sans protection au visage. "C'est ça, Tania. Tape plus fort. N'aie pas peur, ne te laisse pas faire !", lui crie Segundo Chango, l'entraîneur qui offre gratuitement ses services à ses recrues féminines.
"On pense qu'une femme ne peut pas tenir une semaine, mais quand tu les vois ici, tu te rends compte qu'elles sont fortes", glisse avec admiration Eric Bone, un des élèves de Chango, en observant le combat.
Cela fait dix ans que le club de la Tola a proposé d'entraîner des femmes à la boxe. Depuis le nombre de volontaires n'a cessé de croître. Jusqu'à cinq arrivantes par jour, décidées à en découdre, même contre des adversaires masculins.
"Nous vivons dans une société où l'espace public est bien plus sûr pour les hommes que pour les femmes. C'est pourquoi elles ont recours à l'autodéfense (...), la société les considère comme des cibles vulnérables", explique Santiago Castellanos, un psychologue enseignant à la Faculté latino-américaine de sciences sociales de Quito.
Les boxeuses en perdent-elles pour autant leur féminité ? Au club de La Tola, toutes s'en défendent, à l'image d'Amarilis Carbos, une employée de bureau de 26 ans. A son arrivée au club, cette jeune femme svelte ne quitte que provisoirement ses talons, son maquillage et son sac à main.
"Mes parents ne m'ont jamais laissé boxer, car évidemment c'était un sport de mecs", confie-t-elle. Aujourd'hui, elle s'entraîne assidument et a même appris quelques rudiments à sa fille de huit ans: "Elle aussi doit savoir se défendre".
Médaillé de bronze olympique aux JO de Paris 2024 dans la catégorie des super-lourds. 3eme des championnats d'Europe dans cette catégorie en 2017. ... |
Championne olympique en 2024 (deuxième Chinoise de l'histoire titrée après Chang Yuan en coq en 2024) et championne du monde en 2023 en poids mouche. ... |
Vice championne olympique des poids mouche en 2021 et 2024. Championne du monde en 2022 (2eme en 2019). Championne d'Europe en 2019, 2022 et 2024 (2eme en 2018). ... |