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Drôle de ricochet de la diplomatie sur le sport: les équipes américaines de baseball se lèchent les babines après le rapprochement historique entre les Etats-Unis et Cuba, qui pourrait leur donner accès au réservoir de talents de l'île, où le baseball est le sport-roi.
"Todos somos americanos" ("Nous sommes tous américains"): la formule de Barack Obama, déjà promise à figurer dans les livres d'histoire, est on ne peut plus juste en ce qui concerne le baseball, puisque Etats-Unis et Cuba ont en commun un amour immodéré pour ce sport.
La puissante Major League Baseball (MLB) n'a donc pas perdu de temps pour saisir la portée du rétablissement des relations diplomatiques entre Washington et La Havane annoncé mercredi. Dans la foulée des déclarations du président américain, elle a publié un communiqué dans lequel elle indique "suivre avec attention les annonces de la Maison Blanche à propos des relations cubano-américaines".
"Nous informerons les équipes de l'impact éventuel de ces décisions sur la façon de mener leurs affaires en relation avec Cuba", a-t-elle ajouté.
- Rêve américain -
Pour les franchises de la MLB, Cuba est un Eldorado auquel elles ont pour l'instant accès au compte-gouttes, mais qui pourrait devenir un pourvoyeur quasi inépuisable de talents.
"Cela change complétement la donne", va même jusqu'à pronostiquer anonymement un responsable d'équipe, cité par le site internet de la MLB.
Selon la Ligue, depuis 1961 et le début de l'embargo américain sur Cuba à la suite de la prise de pouvoir par Fidel Castro, 95 joueurs cubains ont évolué ou évoluent dans le championnat professionnel américain.
Pour atteindre le rêve américain et ses mirifiques contrats en dollars, ils ont faussé compagnie à leur sélection nationale lors de Championnats du monde ou autres compétitions et, plus souvent encore, frôlé la mort en prenant la mer pour rallier la Floride.
C'est notamment le cas de la star des Los Angeles Dodgers Yasiel Puig, qui a signé en 2012 un contrat de sept ans et 42 millions de dollars (31 M EUR) après quatre tentatives ratées de quitter Cuba, entre 2011 et 2012.
Il a fini par atteindre le Mexique grâce à un passeur lié à un cartel de la drogue, puis s'est retrouvé prisonnier de ce cartel pendant plusieurs semaines, avant d'être libéré après une opération quasi militaire montée par son agent.
Puig, qui a frappé 35 home-runs en deux saisons avec les Dodgers, et Jose Abreu, recruté par les Chicago White Sox pour 68 millions de dollars et élu "rookie" de l'American League, sont issus de la Serie Nacional, le championnat professionnel cubain opposant seize équipes qui attise les convoitises des recruteurs de la MLB.
- Détection des jeunes -
Comme ils l'ont déjà fait au Venezuela et en République dominicaine, autres places fortes du baseball, les riches et puissantes équipes de la MLB pourraient établir des partenariats avec des équipes et surtout leurs centres de formation.
"Cuba est en avance sur ses voisins pour la détection des jeunes (...) Actuellement, aucun joueur ne pourrait percer en MLB mais à terme, Cuba peut devenir la source N.1 de recrutement pour la MLB", estime Joe Kehoskie, un ancien agent cité par le Los Angeles Times.
Mais loin des bureaux de propriétaires d'équipes, d'agents et d'autres recruteurs alléchés par la manne cubaine, ce rapprochement est aussi un soulagement pour les joueurs qui, en tournant le dos au régime castriste, ont dû renoncer à voir leur famille pendant des années.
C'est le cas de Brayan Pena, des Cincinnati Reds, qui a rejoint les Etats-Unis à l'âge de seize ans. "Je suis très heureux, très reconnaissant aux gouvernements américain et cubain, au président Obama, d'avoir pensé au peuple cubain, à nos familles, aux exilés qui vivent ici", s'est-il ému.