Happy Birthday : |
© AFP/ELSA
Les joueurs des Cleveland Indians Francisco Lindor et Rajai Davis célèbrent leur victoire sur les Chicago Cubs, le 28 octobre 2016 à Wrigley Field
Plus cher que le Super Bowl : après 71 années d'attente, les supporters des Chicago Cubs ne regardent pas à la dépense pour assister aux matches des World Series et les commerces autour de Wrigley Field, le mythique stade des "perdants magnifiques", se frottent les mains.
Sur les coups de 17h00 vendredi, Chicago a vécu un moment historique : les Cubs, l'équipe pour laquelle tous les Américains ont un faible tant elle collectionne les désillusions depuis son dernier titre en... 1908, ont disputé leur premier match des World Series, la finale de la Ligue majeure de baseball (MLB), dans leur stade depuis 1945.
Autant dire une éternité qui justifie bien des excès.
Les prix des billets pour assister à l'un des trois matches à domicile des Cubs se sont envolés pour dépasser ceux du Super Bowl, le rendez-vous le plus important, et onéreux, du calendrier sportif américain.
© AFP/SCOTT OLSON
Ambiance autour du Wrigley Field lors du 3e match des World Series Chicago Cubs - Cleveland Indians, le 28 octobre 2016
La flambée des prix concerne en particulier le match N.5 dimanche, lors duquel les Cubs auraient pu théoriquement empocher le titre suprême et mettre ainsi fin à la plus longue disette du sport professionnel américain. Mais comme ils se sont inclinés 1 à 0 vendredi et sont désormais menés 2 à 1 dans cette finale, le dénouement aura lieu à Cleveland.
Selon le site internet spécialisé TicketIQ, le prix moyen pour assister à ce fameux match N.5 est de 6.548 dollars alors qu'il avait fallu débourser en moyenne 6.104 dollars pour suivre le Super Bowl 2015, jusque-là l'événement sportif de tous les records.
- 2.000 dollars la place debout -
© AFP/EZRA SHAW
Javier Baez, N.9 des Chicago Cubs, le 28 octobre 2016 lors de la défaite 0-1 face aux Cleveland Indians en 3e match des World Series à Wrigley Field
Sur le site de revente de billets Stubhub, les billets les moins chers, en tribune debout, se négocient à 2.000 dollars, tandis qu'un revendeur, particulièrement optimiste, demande 100.000 dollars pour un billet !
Cette fièvre se ressent en particulier à Wrigleyville, le quartier autour de Wrigley Field, l'emblématique stade des Cubs depuis 1916.
"C'est un moment génial pour le quartier et pour tous ceux qui veulent faire de l'argent", admet Thomas Mayfield, le caissier d'un parking situé non loin du stade.
"J'ai un ami qui est un supporter acharné des Cubs, il avait acheté un billet pour le match de vendredi 3.900 dollars et l'a revendu 7.500 dollars le lendemain. Il m'a dit : +J'aime les Cubs, c'est clair, mais je peux me faire 30.000 dollars en un week-end+", sourit-il.
Autour du stade, des dizaines de vendeurs ambulants proposent maillots et casquettes aux couleurs des Cubs et représentant un ourson, l'emblème de l'équipe.
Mais le stand qui a le plus de succès est celui de deux petits malins qui proposent aux supporters de se prendre en photo aux côtés d'une... chèvre, Millie, avec le panneau "Stoppons la malédiction, laissez entrer Millie pour qu'on gagne".
- La malédiction de la chèvre -
© AFP/SCOTT OLSON
Des supporters des Cubs lors du 3e match des World Series face aux Cleveland Indians, le 28 octobre 2016 à Chicago
Une référence à l'événement fondateur de la mythologie des Cubs : en 1945, Billy Sianis, restaurateur de Chicago, assiste à un match des Cubs avec sa chèvre domestique. Mais l'odeur de l'animal incommode ses voisins et Sianis est prié de quitter les lieux, non sans maudire les Cubs, prédisant qu'ils ne gagneront plus jamais les World Series.
Depuis, la malédiction tient bon, mais elle vacille avec ces Cubs cuvée 2016-17 qui ont dominé la saison régulière avec 103 victoires et semblent inarrêtables.
Les propriétaires des bars et restaurants proches du stade en profitent pour faire des affaires : il fallait payer entre 200 et 250 dollars pour assister sur grand écran au match N.3 vendredi.
Yango Patsais, la patron d'une taverne grecque ouverte depuis 1974 à Wrigleyville, a pu se permettre de parier 2.000 dollars sur "ses" Cubs.
"S'ils gagnent le titre tant mieux, s'ils perdent, je m'en remettrai", assure-t-il.
Mais ce rendez-vous avec l'histoire n'est pas qu'une question de gros sous pour tout le monde : à 79 ans, Jerry Pritikin a replongé dans son passé.
Il était enfant lorsque les Cubs ont perdu les World Series en 1945. Malgré son insistance, son père ne l'avait alors pas emmené au stade, en lui promettant de le faire la prochaine fois que l'équipe disputerait la finale.
"La prochaine fois est enfin là", soupire-t-il, ému.