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C'est "l'autre" équipe de baseball de New York: la ville se passionne depuis quelques jours pour les Mets, qualifiés pour la finale du championnat, même si ce club plus modeste que les célèbres Yankees était jusqu'ici souvent méprisé hors de son fief, le district du Queens.
Ces jours-ci, la ferveur pour les Mets se voit jusque dans la nourriture. De la bière bleue, de la glace, voire des bagels aux couleurs bleu et orange du club créé en 1962. "J'en ai vendu des centaines", clame Scot Rossillo, propriétaire de The Bagel Store, un magasin spécialisé dans le quartier tendance de Williamsburg.
Les billets pour le premier match à domicile, vendredi, contre les Kansas City Royals, se sont négociés à plus de mille dollars pièce en moyenne, a indiqué à l'AFP un porte-parole de plateforme de revente StubHub.
A ce stade d'une finale, c'est-à-dire pour un match qui n'était pas le dernier, c'est du jamais vu, a-t-il expliqué. La première équipe à s'imposer quatre fois remporte la finale, appelée World Series.
Aujourd'hui adulés par une cité entière, les Mets n'ont pourtant été que rarement considérés à New York. Beaucoup leur préféraient les Yankees, leurs rayures mythiques, leur tradition, leurs victoires, 27 titres en tout, de très loin le plus beau palmarès du baseball.
- 'On me traitait de loser' -
New York appartenait depuis près de 50 ans aux Yankees lorsque les Mets ont été créés. Depuis 1962, ils n'ont remporté que deux fois le championnat, la dernière il y a 29 ans.
Ils avaient aussi la particularité d'être situés au fond du district du Queens, plus populaire que Manhattan, plus anonyme que Brooklyn ou le Bronx.
"Toutes ces années, on se moquait de moi, on me traitait de loser parce que je soutenais les Mets", sourit Andres Lozano, qui était venu, vendredi soir, en vélo de Corona, le quartier le plus proche du stade, où il vit.
"Aujourd'hui, même mon patron, qui est pourtant supporteur des Yankees, est fan", explique ce jeune homme qui travaille dans la musique.
"Nous sommes tous derrière les Mets. Ils jouent les World Series !", lance Raul, venu regarder un match de la finale dans un bar de Corona et exhibant à l'envi sa bague dorée des... Yankees qu'il ne quitte jamais.
"Les fans des Mets n'aiment vraiment pas les Yankees alors que les fans des Yankees les respectent", assure une vendeuse d'un des trois magasins officiels des Yankees à Manhattan.
- Pain noir et mozzarella -
"Les fans des Yankees peuvent être durs et narguer", répond Irene DeBenidittis, co-propriétaire de l'épicerie italienne Leo's Latticini, également située à Corona. Institution du quartier, le magasin est truffé de souvenirs des Mets, et des joueurs y font parfois une apparition.
Leo's Latticini a également deux concessions au Citi Field, le stade des Mets, où il vend ses fameux sandwiches à la mozzarella. "Ces dernières années, nous étions obligés de fermer la seconde concession, qui est en haut du stade, parce qu'il n'y avait pas assez de clients", explique Irene DeBenidittis, souvenir du temps où les Mets mangeaient leur pain noir.
Aujourd'hui, les anciens souffre-douleur ne boudent pas leur plaisir. "Je rêve", disait vendredi Bob Reinertsen, un sexagénaire au regard illuminé comme un enfant, à la sortie du stade après la victoire des Mets. Ils se sont relancés après avoir perdu les deux premières manches à Kansas City (Centre).
"J'ai payé 600 dollars pièce chaque billet pour être debout durant les trois matches à New York (les 3e, 4e et 5e manches), mais ça valait le coup", dit ce fan des Mets depuis les années 60, qui vient de Syracuse, dans le nord de l'Etat de New York.
Ce qui le rend le plus fier, c'est peut-être que ce soit cette équipe qui accède à la finale, avec beaucoup de jeunes et de joueurs formés au club, quand les Yankees préfèrent souvent ouvrir leur portefeuille. "Avec les Yankees, tout est lié à l'argent", observe-t-il. "C'est tellement bon de leur botter un peu le derrière!"