Happy Birthday : |
© AFP/FRANCK FIFE
Le Français Jean-Frédéric Chapuis lors de l'epreuve d'ouverture de la saison de skicross à Val-Thorens, le 9 décembre 2016
Des courses à quatre, des sauts vertigineux, des bosses, des virages serrés: discipline hautement spectaculaire et télégénique, le skicross possède tous les ingrédients pour rivaliser avec son grand frère de l'alpin et tente, tant bien que mal, de devenir l'un des rendez-vous incontournables de l'hiver.
Champion olympique à Sotchi en 2014, Jean-Frédéric Chapuis se souvient avec une certaine amertume de lendemains pas si enchanteurs à son retour de Russie. "Cela m'a permis de mieux gagner ma vie mais j'en attendais un peu plus. Il y a encore un énorme écart avec l'alpin", explique le Français.
Voilà exposé crûment le chemin qui reste à parcourir au skicross pour prendre définitivement son envol. Mais "le potentiel est énorme et la progression constante" depuis son admission dans le giron olympique en 2010 à Vancouver, selon l'entraîneur de l'équipe de France Michel Lucatelli.
Apparu à la fin des années 1990 aux Etats-Unis lors des X Games, le skicross a été reconnu dès 2003 par la Fédération internationale de ski (FIS). Mais c'est surtout sa programmation aux JO qui a servi d'accélérateur et lui a offert une visibilité médiatique en dehors du cercle fermé des "freestylers".
- 'Un sport à part entière' -
© AFP/JEAN-PIERRE CLATOT
Le Français Jean-Frédéric Chapuis (c) lors de la finale de la Coupe du monde de skicross, le 14 mars 2015 à Megève (Haute-Savoie)
"C'est devenu un sport à part entière, bien structuré, analyse Michel Vion, président de la Fédération française de ski (FFS) et membre du Conseil de la FIS. Même s'il faut le même matériel et une base technique alpine, il y a un parcours différent, un format différent. Le développement a débuté à Vancouver puis il y a eu une vraie accélération avec un vrai succès populaire à Sotchi."
Toute la difficulté pour le skicross est justement de pouvoir exister en dehors des grands événements ponctuels, type JO ou Mondiaux.
"Les taux d'audience sont excellents aux Jeux, beaucoup moins sur la Coupe du monde, c'est le souci, reconnait Michel Vion. On a du mal à trouver des créneaux."
Seuls les Allemands et les Autrichiens ont l'opportunité de suivre les épreuves en direct sur les chaînes nationales. En France, c'est le bouquet SFR et Eurosport qui diffusent la saison de skicross.
"Tout est lié, si les télés montrent plus d'intérêt, les stations seront prêtes à mettre plus d'argent pour organiser des courses, juge Michel Lucatelli. Si le prize money continue à monter, peut-être que cela intéressera aussi des skieurs de l'alpin."
- 'La discipline bouge' -
© AFP/FRANCK FIFE
Deux skieuses prennent les airs lors de la Coupe du monde de skicross à Val-Thorens dans les Alpes, le 9 décembre 2016
Les Etats-Unis, pionniers du skicross, sont aussi appelés à la rescousse alors que le pays semble délaisser ce sport, faute de véritable structure fédérale.
"Si les USA s'y mettent, au-delà des X Games, ça peut être un moteur, avec un intérêt télévisuel, donc financier", affirme Michel Vion.
Consciente du potentiel de cette jeune discipline, la FIS a innové en 2016-17 en créant un mini-circuit intégré au sein de la Coupe du monde, afin d'offrir un produit attractif aux télévisions et de mieux vendre le skicross.
Le "Cross Alps Tour", qui a débuté vendredi à Val Thorens, comprend au total six courses réparties sur quatorze jours et quatre sites alpins (France, Suisse, Autriche, Italie) et donnera lieu à un classement et à une dotation à part (300.000 francs suisses, 278.000 euros environ), à la manière de la "Tournée des quatre Tremplins" pour le saut à skis ou du "Tour de ski" pour les fondeurs.
Les jeunes sont en tout cas visiblement de plus en plus attirés par le skicross.
"On a des pratiquants de l'alpin qui viennent nous voir très tôt, dès 16 ans, pour faire du skicross. Par motivation et par envie et non par dépit. C'est le signe que la discipline bouge. Sur les circuits nationaux, on avait une cinquantaine de jeunes qui venaient. Maintenant, on est 120, ça a plus que doublé en quatre ans", ajoute le président de la FFS.
Autre idée avancée par certains pour booster le skicross: en faire la 6e discipline du ski alpin. Mais Michel Vion y est "opposé".
"Je suis persuadé qu'il vaut mieux être la discipline phare du freestyle plutôt que la dernière roue du carrosse du ski alpin", déclare le patron de la FFS.