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Le Français Jean-Frédéric Chapuis (c) lors de la finale de la Coupe du monde de skicross, le 14 mars 2015 à Megève (Haute-Savoie)
"Ce qui m'a attiré, c'est le côté Super Mario Kart": il faut sans doute être un peu givré, comme le champion olympique Jean-Frédéric Chapuis, pour délaisser l'alpin au profit du skicross, dont la saison de Coupe du monde débute vendredi à Val Thorens.
Dévaler une pente raide faite de bosses, de virages serrés et de sauts parfois vertigineux n'est pas donné à tout le monde. Mais le natif de Bourg-Saint-Maurice n'a pas hésité une seconde en 2010 en se lançant dans une discipline encore embryonnaire mais tellement spectaculaire, y trouvant cette adrénaline qui lui manquait avec le ski classique.
"Il y a la base technique de l'alpin avec un côté tactique puisqu'il y a des confrontations directes. Les sauts sont différents, il faut arriver à amortir et il faut une vraie stratégie de course. En plus, c'est simple à comprendre: le premier qui est arrivé en bas a gagné. Cela faisait un moment que ça me plaisait mais le déclic est intervenu en 2010 quand le skicross est devenu olympique (aux JO de Vancouver, ndlr)", explique le skieur de 27 ans.
Quatre ans plus tard, il sortait subitement de l'anonymat et plaçait ce sport de casse-cou sous les feux des projecteurs en s'imposant lors des jeux Olympiques de Sotchi, devant ses compatriotes Arnaud Bovolenta et Jonathan Midol , avant de remporter à deux reprises le Globe de cristal de la spécialité. Ce qui fait logiquement de lui le grand favori de l'exercice qui s'ouvre dans la station savoyarde, la Mecque du skicross en France.
- 'Ski Fight Club' -
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Jean-Frédéric Chapuis exulte après avoir remporté le Globe de Cristal suite à sa victoire lors de la finale de la Coupe du monde de skicross, le 14 mars à Megève
Son côté un peu fêlé, Chapuis le cultive allègrement en dehors des compétitions. Il a ainsi monté une web-série intitulée "Ski Fight Club" où il se lance dans des défis les plus extrêmes avec quelques-uns de ses coéquipiers de l'équipe de France. "Se donner à fond sans limite", voilà le credo du champion né d'un père français et d'une mère suisse.
Mais cela n'empêche nullement Chapuis, sous contrat avec les douanes depuis 2012, de retrouver toute sa mesure une fois les skis chaussés. Et il en faut pour éviter tous les pièges du skicross.
"C'est quelqu'un de très concerné par son sport, il ne lâche rien, il est très minutieux, très rigoureux et très précis sur tout ce qu'il fait, c'est l'athlète parfait à entraîner", déclare l'entraîneur des Bleus, Michel Lucatelli.
"Quand il n'est pas au top, ça le mine et il devient inquiet, ajoute le technicien. Il n'y a que la victoire qui l'intéresse. Sa force, c'est son mental. Il l'a montré lors des grands événements, c'est ce qui fait la différence avec les autres. Il est capable d'enchaîner plusieurs courses en les gagnant."
- Manque de reconnaissance -
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Jean-Frédéric Chapuis pose avec sa médaille d'or après sa victoire lors de l'épreuve de skicross freestyle messieur aux JO de Sotchi, le 20 février 2014
S'éclater sur les pistes et dominer le circuit n'ont toutefois pas encore permis à Chapuis d'avoir une reconnaissance et une visibilité médiatique aussi grandes que ses homologues de l'alpin. Les lendemains d'or à Sotchi ont ainsi eu un goût amer pour le Français.
"Le titre olympique a beaucoup aidé à faire connaître le skicross, se souvient-il. Avant, quand on parlait de notre sport, les gens nous regardaient avec de gros yeux. Maintenant, ils savent ce que c'est. Cela m'a permis de mieux gagner ma vie mais j'en attendais un peu plus. Il y a encore un énorme écart avec l'alpin."
"Le skicross est en train de monter, il devient de plus en plus populaire mais il faudra encore de nombreuses années avant que ça ne devienne une discipline majeure, ajoute-t-il. Je pense que les prochains Jeux (en 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud, ndlr) vont permettre de passer un cran, de voir plus de skicross à la télé pour que ce sport prenne plus d'envergure."
Pour ce lourd défi, aussi compliqué que de jouer des coudes sur une piste, il faudra en tout cas compter sur Jean-Frédéric Chapuis.
"Il n'a pas envie de s'arrêter là", affirme Michel Lucatelli.