Happy Birthday : |
© AFP/EZRA SHAW
Le Français Alexis Pinturault
, lors de la première manche du slalom géant d'Aspen, au Colorado (Etats-Unis), le 18 mars 2017
Pour le deuxième hiver consécutif, Alexis Pinturault a montré deux visages lors de la saison 2016-17 qui s'achève dimanche à Aspen (Etats-Unis), d'abord conquérant, puis fébrile: une mauvaise habitude qu'il croit pouvoir résoudre avec un entraîneur particulier.
"Ce n'est pas normal de ne faire que des moitiés d'hiver", pestait-il après son abandon dans la 2e manche du géant d'Aspen samedi.
Le meilleur skieur français est resté longtemps dans l'aire d'arrivée, le regard dans le vide, échangeant quelques mots avec sa compagne, Romane.
Cette nouvelle désillusion, après des Mondiaux de St-Moritz (Suisse) ratés --7e en géant, 10e en combiné--, n'a fait que le renforcer dans ses convictions: "Il y a forcément quelque chose qui ne fonctionne pas bien, soit dans la programmation, soit dans l'entraînement, soit dans le planning de mon entraînement", analyse le N.1 français.
Même s'il a remporté cet hiver trois géants et la Coupe du Monde de combiné alpin, même s'il a totalisé sept podiums et fini à la 3e place de la Coupe du Monde de géant, son bilan est sans appel.
"On est revenu en arrière, c'est mon plus mauvais hiver depuis quatre ans", assène le médaillé de bronze du géant des JO-2014 de Sotchi (Russie).
- 'Ce n'est pas normal' -
Son diagnostic pour expliquer cette faillite est tout aussi cinglant: "Je ne suis pas censé m'occuper de mes entraînements et depuis plusieurs années c'est moi qui le fait et ce n'est pas normal. Soit je dois m'occuper de mes entraînements, soit je dois suivre les groupes avec des entraînements qui ne sont pas pertinents", regrette-t-il.
Le "phénomène de Courchevel" qui aura 26 ans lundi, ne veut plus perdre son temps, surtout à moins d'un an des JO-2018 de Pyeongchang (Corée du Sud).
Alors qu'il est avec Victor Muffat-Jeandet le seul "polyvalent" de l'équipe de France, passant d'une semaine à l'autre, des épreuves de vitesse aux épreuves techniques, il veut disposer d'un entraîneur qui l'accompagnera tout l'hiver.
Cet entraîneur pourrait être pris en charge par son sponsor, Red Bull, mais ce scénario est inconcevable aux yeux de la Fédération française de ski (FFS).
"Personne d'autres que la FFS ne paiera et ne recrutera quelqu'un travaillant dans l'encadrement de l'équipe de France", prévient Fabien Saguez, le directeur technique national (DTN) qui rappelle que l'encadrement a encore été renforcé à l'intersaison.
- Red Bull dans le viseur -
"Alexis n'est pas le centre du monde, il n'est pas tout seul dans un groupe où il y a beaucoup d'athlètes de qualité, des gens qui ont gagné des médailles, des titres, des globes dans des disciplines majeures", assène-t-il.
Si Pinturault a agacé pour s'être entraîné en marge de l'équipe de France entre décembre et janvier en Autriche ou pour avoir dormi dans un hôtel différent de ses coéquipiers durant les Mondiaux, c'est surtout son généreux sponsor qui est dans le viseur de la FFS.
"Je n'ai pas de leçons à recevoir d'un partenaire très influent autour d'Alexis. Alexis, c'est une bonne personne, c'est un très beau champion, mais ce n'est pas encore un cador", souligne le DTN.
"Il y a des sphères d'influence qui nous ont échappé, il faut le reconnaitre, cela va moins nous échapper, il va y avoir une mise au point", prévient Saguez.
"Pintu" ne veut pas aller au clash: "Tout est en réflexion, il faudra en discuter bien entendu avec les entraîneurs", temporise-t-il.
"Mais je ne devrais avoir à m'organiser qu'avec un seul entraîneur. Je ne suis pas manager, je ne suis pas entraîneur, je suis coureur", insiste celui qui a dépassé la légende Jean-Claude Killy avec ses 19 victoires en Coupe du Monde.