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Plus jeune championne nationale de l'histoire du patinage artistique sud-coréen, You Young rêve désormais d'or olympique, mais son quotidien, rythmé par six heures d'entraînement, n'a plus rien à voir avec celui d'une enfant de 11 ans.
Prodige au physique de poche (1,43 m), You est présentée comme l'héritière de la reine des glaces sud-coréenne, Kim Yuna, depuis qu'elle a dominé de la tête et des épaules le mois dernier les Championnats de Corée du Sud.
Ce "génie du patinage artistique", comme l'a qualifiée le journal JoongAng Ilbo, est en une journée passée de l'ombre à la lumière. Mais ce triomphe est le résultat d'années de travail, depuis qu'elle a pour la première fois chaussé des patins à Singapour, la ville où elle a grandi.
"Young a maîtrisé l'Axel en deux cours", raconte à l'AFP sa mère, Lee Sook-hee. "L'entraîneur disait qu'elle était unique."
You est désormais prise en charge par "All That Sports", cette même agence qui pilotait la carrière de Kim Yuna, championne olympique en 2010 et double championne du monde en 2009 et 2013.
Deux ans après la retraite de Kim, Séoul recherche activement la patineuse à même de faire en 2018 à domicile la fierté de tout un peuple lors des jeux Olympiques de Pyeongchang.
Ce ne sera pas You, qui sera trop jeune, et vise les Jeux de 2022.
"Elle est bien meilleure que je ne l'étais", a estimé Kim Yuna, qui reste à 25 ans la référence du patinage artistique sud-coréen, mais était plus âgée que You quand elle a décroché son premier titre national en 2003.
-Un quotidien 'dangereux'-
La gloire a cependant un coût: quatre heures d'entraînement quotidien sur la glace, deux heures supplémentaires en dehors de la patinoire et l'obligation de renoncer à tout un tas des plaisirs des enfants de son âge.
Malgré toute la fierté qu'elle ressent pour sa fille, Lee Sook-hee ne peut réprimer son malaise quand on aborde le sujet.
"Parfois je m'inquiète car Young n'a pas la vie d'une fille de 11 ans. Elle ne peut pas passer du temps avec ses copines (...) ou prendre des leçons de piano", regrette-t-elle.
Professeur de sciences du sport à l'Université Dong-A, Chung Hee-joon avertit de son côté qu'un quotidien si intense peut être "dangereux" à cet âge.
"Il y a de nombreux exemples d'enfants élevés comme des +machines sportives+ qui se sont retrouvés ensuite complètement exclus de toute relation sociale", rappelle-t-il à l'AFP.
"Ce qui est préoccupant est que c'est même très récurrent."
La Corée du Sud est de longue date connue pour le caractère hyper-compétitif de ses formations, tant scolaires que sportives, qui, si elles produisent des résultats, génèrent également beaucoup de détresse chez les enfants en échec.
- 'Je dois apprendre à me contrôler' -
You, elle, affiche un enthousiasme à toute épreuve, quand elle explique que le plus dur est de se lever tôt et de résister à la tentation de manger ses en-cas favoris.
La médiatisation de son titre a été telle que la jeune fille est soudainement devenue un phénomène public: "Il y a tellement de gens qui me reconnaissent, d'appareils photos sur moi dans les rues. Je dois apprendre à me contrôler."
C'est à cinq ans qu'elle a pour la première fois patiné, après avoir été éblouie par la victoire de Kim Yuna en 2010, que sa mère regardait en boucle sur son ordinateur.
"J'ai été sidérée par la performance de Kim aux jeux d'hiver de Vancouver, je n'ai pas arrêté de la regarder pendant deux jours", raconte Lee Sook-hee. "Young m'a supplié de l'emmener patiner."
La mère a réalisé après les premiers cours pris à Singapour par sa fille que le patinage artistique était pour elle davantage qu'un loisir.
Des stages en Corée du Sud lors des vacances d'été et d'hiver l'ont finalement convaincu de rentrer s'installer au pays en mars 2013, pour que Young puisse suivre un entraînement approfondi.
Elle travaille actuellement pour maîtriser le triple Axel, le saut le plus difficile à réaliser et le plus générateur de points, que seule une poignée de patineuses ont réussi en compétition internationale.