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Les danseurs sur glace Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron lors de leur programme libre du Grand Prix de France à Paris, le 12 novembre 2016
Un piano et des silences qui font beaucoup parler: le nouveau programme libre des danseurs Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron offre une performance inédite dans le monde du patinage, avec des choix thématiques atypiques et audacieux à 15 mois des JO-2018.
"Le nom de la deuxième pièce résume assez bien le programme: +Happiness does not wait+, le bonheur n'attend pas. C'est un peu ça que ça raconte", explique à l'AFP Cizeron, victorieux samedi lors du Grand Prix de France à Paris où le programme a été dévoilé.
Depuis trois ans, le duo révolutionne la danse sur glace taxée de +poussiéreuse+ et +désuète+, grâce à l'excellence de son interprétation et à des choix thématiques atypiques. Ils se posent en avant-gardistes.
"Jusqu'à présent, beaucoup faisaient des programmes espagnols, égyptiens, classiques. Quelques-uns essayaient de toucher un peu au moderne. Nous, on ne se retrouve pas dans ce genre de programmes, on a plus une fibre contemporaine, abstraite. Ca touche quand même les émotions, on se raconte quand même des histoires", souligne le patineur de 22 ans.
Les doubles champions du monde et d'Europe en titre ont choisi cette saison de choquer en cassant les standards.
"On voulait autre chose que 'oh l'amour', 'oh la joie', 'oh l'amitié', 'oh la tristesse' ! On voulait un truc plus difficile et complexe. Cette pièce de musique est vraiment complexe aussi", défend Papadakis, associée depuis 12 ans à son partenaire.
Vêtus sobrement de tenues bleues dans lesquelles se fondent des touches blanches, les Frenchies patinent aux sons d'un piano, sur une oeuvre du Cubain Aldo Lopez Gavilan et de l'Islandais Olafur Arnalds.
- Chaos -
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Les danseurs sur glace Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron lors de leur programme libre du Grand Prix de France à Paris, le 12 novembre 2016
"Il y a des moments de grosses intensités, de chaos et des moments complètement de silence, très suspendus. L'idée du programme c'est une première partie très contrastée avec des énergies quelquefois violentes, très percutantes, très intenses", détaille Cizeron.
"Ce sont deux personnes très prises par la vie, des sortes de machines, on parle beaucoup de machines dans notre programme, détaille-t-il. Les deux personnages commencent le programme en éveil, puis ils sont pris par la vie avec cette espèce de volonté de vouloir performer sa vie, faire toujours plus. Et puis dans la 2e partie, c'est une sorte de réalisation +mais qu'est ce qu'on est en train de faire?+, et on retourne aux choses importantes, prendre soin l'un de l'autre, retrouver notre humanité".
Papadakis et Cizeron n'ont de cesse d'aller plus loin dans leur approche de la danse sur glace.
Ce qui n'est pas sans rappeler leurs illustres prédécesseurs, les Français Isabelle et Paul Duchesnay, qui dans les années 90 avaient ouvert une voie en intellectualisant leurs programmes.
En 1991, ils avaient proposé un programme intitulé "Réflection", un jeu de miroir où l'un est le reflet de l'autre.
Papadakis, 21 ans, plaide elle aussi pour une ouverture d'esprit.
"Choquer faisait partie de notre objectif. Etonner plus que choquer. Ouvrir des portes aux gens, ouvrir les esprits, l'imagination", dit la patineuse, qui a réussi le compromis entre ses attentes et le carcan de la discipline sportive.
A un an et demi des jeux Olympiques de Pyeongchang, Papadakis et Cizeron ont pris des risques mais leur audace paie. Preuve en est que la grande majorité de leurs concurrents se mettent cette saison +à faire du Papadakis/Cizeron+.
"C'est vrai qu'on a amené un style qui plaît et qui inspire et qui est copié", se félicite Cizeron, qui estime n'avoir qu'initié cette "belle tournure" de la danse sur glace.