Ascension fulgurante, talent indéniable et qualité de danse exceptionnelle: les Français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont tout les atouts des futurs grands. Ils seront fixés sur leur véritable potentiel lors de la finale du Grand Prix de patinage artistique, dès vendredi à Barcelone.

Pour leur deuxième saison chez les seniors en danse sur glace, Papadakis, 19 ans, et Cizeron, 20 ans, ont remporté les deux épreuves du Grand Prix auxquelles ils ont participé -la Coupe de Chine et le Trophée Bompard-, et décroché leur billet pour la finale, deuxième événement majeur de la saison derrière les Mondiaux.

Arrivés dans l'anonymat à la Coupe de Chine début novembre, ils se sont imposés devant les champions du monde et d'Europe en titre, les Italiens Anna Cappellini et Luca Lanotte. Mais à Barcelone, ils seront confrontés, pour la première fois, aux Canadiens Kaitlyn Weaver/Andrew Poje, vice-champions du monde 2014, et aux Américains Madison Chock/Evan Bates.

"Notre objectif est d'être sur le podium. Mais une victoire leur ouvrirait de sérieuses possibilités pour viser le titre européen (fin janvier à Stockholm) et le titre mondial (fin mars à Shanghai). A Barcelone, ils auront un gros aperçu de leur potentiel médaillable aux Championnats du Monde", souligne auprès de l'AFP leur entraîneur, Romain Haguenauer.

Le duo français a déjoué tous les pronostics en s'intercalant bien plus vite que prévu dans la hiérarchie mondiale. "L'objectif cette saison était de se faire connaître. On ne pensait pas qu'ils taperaient aussi haut si tôt", se félicite Haguenauer, qui s'occupe pleinement du tandem depuis trois ans.

Formés par la maman de Gabriella, Catherine Papadakis, à Clermont-Ferrand, les deux patineurs, se sont ensuite posés à Lyon, où l'école de danse est réputée mondialement, sous la direction d'Haguenauer. Puis l'été dernier, ils se sont installés à Montréal où ils ont suivi leur coach.

- 'On oublie que ce sont des patineurs' -

Au Québec, ils ont travaillé l'expression avec une comédienne du Cirque du soleil, Catherine Pinard.

"Maintenant quand ils patinent, il y a une atmosphère qui se dégage. C'était la clé de leur passage chez les seniors. Les gens sont pris par leur interprétation. Quand ils patinent, on oublie que ce sont des patineurs, on les voit comme des danseurs", explique Haguenauer.

Papadakis et Cizeron patinent ensemble depuis 10 ans et sont les meilleurs amis du monde. Jamais de querelles, beaucoup de respect et une vraie osmose sur la glace.

Vendredi, ils s'élanceront pour leur programme court, un flamenco et un paso doble, devant un public de grands spécialistes de cette danse. Ils sont allés puiser l'inspiration dans un bar madrilène où se produisent des danseurs de flamenco entre les tables. "L'idée était de mettre beaucoup plus en valeur Gabriella", souligne Haguenauer.

Et puis samedi, ce sera le programme libre, monté sur l'Adagio du concerto N.23 de Mozart, dont ils ont construit la chorégraphie avec Marie-France Dubreuil, une Canadienne vice-championne du monde en 2006 et 2007 en danse avec Patrice Lauzon. "Ce que je voulais, c'est qu'ils sortent de l'enfance", souligne leur entraîneur.

S'ils s'imposent samedi, Papadakis et Cizeron auront encore bien grandi. Ils pourront alors espérer rattraper, voire dépasser, leurs illustres prédécesseurs, Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat, doubles médaillés mondiaux, entraînés pendant dix ans par Haguenauer.