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Le sélectionneur Philippe Saint-André dit "assumer" pleinement la responsabilité de l'échec retentissant du XV de France à la Coupe du monde et plus largement depuis quatre ans, sans en préciser les contours et en insistant surtout sur les carences du système.
Visage empreint de lassitude, appuyé contre une barrière, Saint-André s'épanche un peu dans les couloirs du Millennium Stadium de Cardiff. Une heure et demie plus tôt, son équipe a été rossée par les All Blacks (62-13), refermant quatre ans d'un mandat tortueux et finalement raté.
"A partir du moment où j'ai accepté le rôle, il faut accepter le cadeau, le papier cadeau et tout ce qui va avec", glisse Saint-André, 48 ans, qui sera remplacé par Guy Novès le 1er novembre.
"Aujourd'hui, je suis en charge, c'est une grosse grosse désillusion. Mais je veux assumer", poursuit celui qui fut "le premier capitaine du XV de France à avoir battu les All Blacks trois fois d'affilée", entre 1994 et 1995.
"Là je suis l'entraîneur qui a perdu cinq fois d'affilée (2013-2015, ndlr)", souffle-t-il. "Bien sûr, j'aurais aimé avoir d'autres résultats, j'en suis le premier navré. Je prends ma part de responsabilité."
Résigné à essuyer le feu roulant des critiques, Saint-André s'est en revanche montré beaucoup plus vague au moment de pointer ses différentes erreurs.
"A partir du moment où tu perds, tu dois mieux faire et je n'ai pas trouvé les solutions pour mieux faire", répond-il simplement.
Par le passé, il a confessé s'être éparpillé dans un combat qui le dépassait sur la mise à disposition des internationaux, ferraillant avec les clubs pour obtenir davantage de temps de préparation.
- Jeu minimaliste -
Avec ses adjoints Yannick Bru (entraîneur des avants) et Patrice Lagisquet (arrières), il a commis aussi quelques fautes stratégiques, présumant des capacités de leurs troupes.
A l'image du match perdu en Italie (23-18) en ouverture du Tournoi-2013, précédé d'une trop lourde charge de travail. Ou de la leçon reçue à Brisbane face à l'Australie en juin 2014 (50-23), seule fois où les Bleus ont testé une forme de défense dite "inversée" et jamais réessayée depuis.
De même, il semble qu'il n'ait jamais réussi à totalement rétablir le lien entre les trois-quarts et Lagisquet, dont les emportements ont pu en braquer plus d'un. Ainsi l'ouvreur Frédéric Michalak s'était brouillé avec lui lors de la tournée en Australie, claquant la porte d'un entraînement.
A ces égarements, il faut ajouter la gestion hasardeuse de certains cas personnels (Mermoz, Trinh-Duc, Lopez), une communication extérieure stéréotypée et lénifiante et le terrible constat d'impuissance qui a amené cet encadrement à réduire sans cesse la voilure dans le jeu proposé.
"Mais moi je suis pour un jeu total", réfute Saint-André, en sous-entendant que ses Bleus n'en avaient simplement pas les moyens. "Contre l'Angleterre, lors du dernier Tournoi, on a fait un jeu total et on en a pris 50 (55-35 en mars, ndlr). Aujourd'hui, on en a pris 60."
- "Bossé comme des fous" -
A l'heure des comptes, c'est donc à l'organisation générale du rugby français que +PSA+ s'en prend principalement.
"J'assume mais j'espère que le rugby français va se remettre en question et donner les moyens à ses joueurs, parce qu'on a des vrais talents, d'être compétitifs", martèle-t-il, en admettant n'avoir "pas pris de plaisir" pendant trois ans et demi, jusqu'au début de la préparation à la Coupe du monde en juillet.
"J'ai eu trois ans et demi très difficiles. Mais depuis le 5 juillet j'ai eu énormément de bonheur avec mes joueurs, mon staff aussi", assure-t-il. "On a bossé comme des fous. Je ne pense pas qu'on aurait pu plus travailler que ça. Mais vraiment bosser une fois tous les quatre ans, est-ce que ça suffit ? Je le demande."
Epuisé et marqué par cet échec, Saint-André va désormais "couper par rapport au rugby pendant une période" et se ressourcer en famille.
"Je souhaite du succès à Guy Novès et au rugby français", appuie-t-il encore. Peu convaincu toutefois que l'horizon soit dégagé.