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Morgan Parra, avec son sale caractère assumé, son expérience et son goût des grands rendez-vous, officiera comme une évidence à la mêlée du XV de France samedi face aux All Blacks, après avoir débuté la Coupe du monde dans l'ombre du banc des remplaçants.
Et à la fin, on en revient à lui. Il semblait écrit que Parra (26 ans, 65 sél.) ne saurait se contenter du costume étriqué de doublure.
En ce jeudi d'annonce de composition d'équipe, à deux jours d'un quart de finale à la vie à la mort face aux All Blacks à Cardiff, résonne comme une prophétie une phrase prononcée fin janvier. Parra venait alors d'être rappelé de dernière minute pour préparer le Tournoi des six nations, après une année 2014 quasi blanche en Bleu et alors que sa carrière internationale s'écrivait en points de suspension.
"Les choses vont vite dans un sens comme dans l'autre. Que ce soient les blessures, les méformes, les formes du moment... Il faut avoir tout le temps envie d'être prêt, d'être titulaire", martelait-il alors.
Dix mois plus tard, le voilà donc titulaire du match le plus important de ces quatre dernières années.
"Morgan c'est un gros, gros compétiteur", justifie le manager du XV de France Saint-André, qui a donc sacrifié Sébastien Tillous-Borde, pourtant prétendument installé au poste.
"Morgan fait depuis le début une belle Coupe du monde. J'ai décidé de le faire commencer car on connaît le leadership qu'il est capable d'avoir avec les avants", détaille encore PSA, qui apprécie évidemment aussi les talents de buteur du Clermontois, revenu à son meilleur niveau dans le domaine.
- "Leader naturel" -
"C'est un joueur important, un leader naturel", appuie en écho le centre Wesley Fofana, son coéquipier à Clermont. "Morgan +drive+ très bien ses gros et il est très connecté avec son N.10. Il a l'expérience des matches comme ça, ce sera un plus pour nous."
Demi de mêlée catégorie aboyeur, admirateur du légendaire N.9 et sélectionneur Jacques Fouroux, petit gabarit (1,80 m, 81 kg) mais gros caractère, Parra rassure, malgré son jeune âge, grâce à sa carrière déjà bien étoffée.
"On est de la même génération, ça fait 15 ans qu'on fait les stages internationaux ensemble, et c'est le premier à avoir joué à si haut niveau rapidement", rappelle le deuxième ligne Yoann Maestri.
Lancé dès 2008 dans le grand bain de la sélection, Parra a déjà entretenu une histoire forte avec la Coupe du monde, lors de la précédente édition en 2011.
En cours de route le sélectionneur Marc Lièvremont l'a soudainement déplacé à l'ouverture, un poste auquel il n'avait jamais joué au niveau international et qu'il a vaillamment tenu, jusqu'à une sortie prématurée en finale de Coupe du monde, plancher orbitaire fracassé par le genou de Richie McCaw.
- A la hauteur -
Depuis, on s'attendait légitimement à le voir en patron incontesté du jeu du XV de France. Mais il ne s'est jamais vraiment imposé sous le mandat de Philippe Saint-André entamé en 2012. Samedi, il vivra ainsi sa 15e titularisation seulement, pour 30 sélections au total ces quatre dernières années.
Pourquoi ce temps perdu? "J'ai eu de bonnes performances, des moins bonnes, des années compliquées et d'autres moins avec Clermont, et des blessures. Pareil en équipe de France", résumait-il cet été. En coulisses, l'encadrement des Bleus a aussi regretté de ne pas le voir s'investir autant que son vécu le laissait espérer, auprès d'une génération en plein apprentissage.
Mais en perte de vitesse et de confiance sur les terrains, notamment lors d'une saison 2013-2014 marquée par des rumeurs sur des soucis extra-sportifs qui l'ont psychologiquement affecté, sans doute ne se sentait-il pas légitime pour prendre en mains les rênes des Bleus.
Soumis à forte concurrence ces dernières années, de Maxime Machenaud, Jean-Marc Doussain à Sébastien Tillous-Borde, Parra piaffait.
"Je ronge mon frein, j'attends et si j'ai ma chance je me donnerai à fond", promettait-il encore il y a 10 jours. Voilà l'occasion. A lui de se montrer à hauteur des attentes.