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Quand on lui demande de ressusciter ses souvenirs en Bleu, le pilier du XV de France Nicolas Mas esquisse un sourire et souffle : "c'est normal, c'est la vie", conscient qu'à 35 ans et après 82 sélections, il vit ses derniers feux.
Mercredi, face à la Roumanie pour le deuxième match de Coupe du monde des Bleus, "le Bus" (son surnom) avait "ses cannes de 20 ans", dixit le manager Philippe Saint-André qui a accordé à tous vendredi une journée de repos. L'occasion de se retourner sur 12 ans, quasiment une vie, d'émotions en équipe de France avec le discret pilier catalan.
+ 2003, première sélection
Nicolas Mas, prometteur pilier de Perpignan, a 23 ans quand le sélectionneur Bernard Laporte l'appelle pour une tournée en Argentine et Nouvelle-Zélande, à quelques semaines de la Coupe du monde 2003. "2003, c'était vraiment très frais, je découvrais le niveau international", souligne-t-il. "J'avais été parachuté dans cette tournée en Argentine qui ne s'était pas très bien passée et ce dernier match en Nouvelle-Zélande. Je n'avais pas joué les deux matches en Argentine et Bernard Laporte m'avait dit : +tu seras titulaire contre les Blacks+. Forcément, j'avais une certaine pression à 23 ans."
Manque de chance, Mas se blesse au bout de 11 minutes à Christchurch. Il tire un trait sur une Coupe du monde dont il n'avait de toute façon "pas fait un objectif". "Je voulais juste découvrir ce niveau. C'était la première année seulement où je jouais beaucoup avec Perpignan et je voulais juste toucher du doigt ce qu'il me restait à faire." Il mettra deux ans pour revenir.
+ 2007, première Coupe du monde
"2007, c'est particulier dans le sens où je n'étais pas pris", se souvient Mas. "Mais je suis resté à disposition du groupe car Sylvain Marconnet s'était fait mal. Début août, ils m'ont rappelé pour faire la préparation, notamment en mêlée. J'ai fait cette Coupe du monde mais j'avais manqué un mois de préparation, avec un stage très important pour la cohésion. Ca a été très compliqué pour moi de m'intégrer dans le groupe même si les joueurs ont été très bien avec moi. J'étais heureux de faire cette Coupe du monde, c'était en France en plus, mais elle n'était pas aboutie à fond pour moi. C'était une drôle de situation. Je suis arrivé dans un groupe soudé parce que les gars avaient fait plein de choses ensemble. C'était un peu dur mais c'était une bonne expérience."
"2007, ça a été un tournant", témoigne-t-il encore. "Mentalement, j'ai eu comme un déclic sur le travail à accomplir. Le fait de ne pas trop jouer et de faire beaucoup de préparation physique avec Alex Marco (le préparateur physique), ça m'a permis de passer un pallier et ça m'a servi pour la suite."
+ 2011, l'aboutissement
"C'est la Coupe du monde que j'ai vécue pleinement", se remémore-t-il avec émotion. Capitaine à l'Usap, réputé pour sa tenue en mêlée fermée, Mas est alors en pleine possession de ses moyens. Avec les Bleus, il se hisse jusqu'en finale de la Coupe du monde contre la Nouvelle-Zélande à l'Eden Park d'Auckland. "J'avais 31 ans, j'étais en pleine forme. On avait un groupe un peu atypique, avec des joueurs avec de gros caractères. On a vécu un truc extraordinaire, dont on parle encore, des moments très forts entre nous qui te donnent envie de revivre ça. Ce seront des souvenirs à vie. Vu comment on a débuté cette Coupe du monde et vu comment on l'a terminée, c'est extraordinaire."
+ Et 2015 ?
"J'espère la vivre aussi intensément que celle de 2011", souffle-t-il. "J'ai envie de croquer en plein dedans, de profiter de tous ces moments-là parce que c'est ma dernière. J'ai envie de profiter de tous ces mecs, d'essayer de les aider un petit peu. Avec Titi (Dusautoir), Pascal (Papé), Dimitri (Szarzewski), on est quelques anciens à avoir vécu ces moments de 2011 et on a envie de les revivre, parce qu'on sait qu'après ce sera fini. On a la possibilité de peut-être terminer avec quelque chose d'extraordinaire. On va s'accrocher à ça."