Happy Birthday : |
Revenu en France il y a trois ans avec l'objectif de disputer la Coupe du monde, l'ouvreur Frédéric Michalak a tant bien que mal réussi son pari, en délaissant cette fois son costume d'enfant-prodige pour celui de taulier des Bleus.
Voilà l'imprévisible talent brut de la Coupe du monde 2003, alors installé à la charnière pour dynamiter le jeu des Bleus, devenu 12 ans plus tard un cadre supérieur de 32 ans, inspirant confiance et sérénité à ses partenaires.
Michalak, tranquillement assis sur ses 73 sélections, officiera ainsi, sauf surprise, à l'ouverture du XV de France samedi contre l'Italie à Twickenham pour le premier match du Mondial anglais (18 septembre-31 octobre), sa troisième édition personnelle. Un nouveau chapitre de sa longue et chaotique histoire en Bleu mais aussi une fierté personnelle pour celui qui jure qu'il "n'y a rien de plus beau dans une carrière que de pouvoir jouer une Coupe du monde".
"J'étais en Afrique du Sud (entre 2011 et 2012) et je suis rentré pour cet objectif-là", rappelle-t-il. "Avec ma femme, les enfants, ma famille, on pensait beaucoup à ça. +Objectif Coupe du monde+, c'était ça au quotidien, dans notre façon de voir les choses, les repas... Je savais que ma femme me soutenait, c'était agréable, même dans les moments difficiles, les blessures, on y croyait encore. Ca m'a beaucoup aidé."
- "A 37 ans, c'est pas mal" -
Fut un temps où peu ont cru au retour de Michalak aux manettes du jeu de l'équipe de France. Exilé à Durban puis mis au placard sous l'ère de Marc Lièvremont (2008-2011), il a rapidement été rappelé par Philippe Saint-André, qui en avait fait son ouvreur N.1 dès juin 2012.
Mais des blessures, des performances en dents de scie et des relations parfois tendues avec l'encadrement ont dessiné un parcours décidément sinueux... jusqu'à sa convocation pour préparer la Coupe du monde en mai, alors qu'il était encore convalescent d'une opération à une épaule.
"Ces dernières années ont été compliquées, par rapport aux blessures notamment", confirme le centre Mathieu Bastareaud, son coéquipier à Toulon et en Bleu. "Il n'a pas non plus été épargné à Toulon, avec la concurrence. Mais le fait d'avoir la confiance de quelqu'un (le sélectionneur Philippe Saint-André, NDLR) à 200% et surtout de ses coéquipiers, cela aide n'importe quel joueur."
Car c'est bien avec le statut de titulaire que Michalak aborde cette Coupe du monde, concluant un mandat d'atermoiements à ce poste si stratégique où sa précieuse expérience a finalement triomphé.
"C'est sa troisième Coupe du monde: à 37 ans, c'est pas mal", plaisante Bastareaud. "C'est clair qu'il rassure un peu tout le monde derrière. On est un peu tous des jeunes loups. Donc avoir un grand frère comme ça est forcément rassurant, même s'il ne faut pas uniquement se reposer sur lui."
- "Comme un petit garçon" -
Plus posé, forcément, qu'il y a 12 ans lors de son explosion sur la scène planétaire, Michalak a logiquement intégré le bataillon des lieutenants du capitaine Thierry Dusautoir, avec une voix particulière sur les sujets tactiques.
"2003, je l'avais abordé avec beaucoup de joie, c'était le monde merveilleux de Walt Disney", se souvient-il. "J'étais très heureux d'y être, je ne me posais pas 10.000 questions. Je m'en pose un peu plus maintenant mais c'est normal, on est à des postes-clés où toute la stratégie passe par nous. On essaye d'y participer au maximum avec les coaches."
Et c'est avec une certaine placidité qu'il lorgne le match de samedi, paré d'une "bonne pression".
"On est depuis plus de deux mois dans une préparation vers cet objectif-là", souligne-t-il. "Aujourd'hui, on y est. Physiquement, on est prêt, mentalement aussi. Personnellement, j'essaye d'aborder ça avec beaucoup de sérénité. Je ne peux pas faire le match avant, je ne sais pas comment ça va se passer."
Taquiné sur son âge et sa longue carrière, Michalak répond se voir "comme un petit garçon" qui "essaye de profiter de chaque moment" de cette Coupe du monde, très probablement sa dernière. Avec une espérance: "Je me dis que le meilleur est à venir et j'espère avoir de grandes choses à raconter plus tard à mes enfants."