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Depuis trois ans, Frédéric Michalak est guidé par l'objectif obsessionnel de disputer la Coupe du monde avec ce XV de France ancré au plus profond de lui qu'il guide pour le moment avec brio, comme face au Canada (41-18).
Cela n'a pas dû être tous les jours facile, ces dernières années, d'être un proche de Michalak (32 ans, 75 sélections). Car depuis 2012 et son retour d'exil d'Afrique du Sud, l'ancien prodige du rugby français n'a qu'un seul but: disputer et même gagner la Coupe du monde en Angleterre, avec le maillot frappé du Coq.
"Avec ma femme, les enfants, ma famille, on pensait beaucoup à ça. +Objectif Coupe du monde+, c'était ça au quotidien dans notre façon de voir les choses, les repas...", rappelait-il, il y a deux semaines.
Le manager des Bleus Philippe Saint-André, qui lui a redonné sa chance en juin 2012 en Argentine avant d'en faire son ouvreur N.1 pour la Coupe du monde, confirme.
"Quand je l'ai appelé pour lui demander si ça l'intéressait de revenir en équipe de France, tout de suite au téléphone j'ai senti une flamme, une détermination, une émotion de rejouer avec l'équipe de France, le maillot Bleu. C'est ancré dans son ADN. Depuis, il se prépare pour ça", a ainsi raconté PSA vendredi.
Il en est pour le moment récompensé, puisque Michalak a livré à Milton Keynes sa prestation la plus aboutie en Bleu depuis de nombreuses années.
- 'Pas la même personne' -
Hormis un 100% au pied (14 pts) qui lui a permis de devenir le meilleur marqueur de points (136) du XV de France en Coupe du monde, il a étincelé dans le jeu: premier essai offert à Wesley Fofana après une percée (4), avant un nouveau démarrage suivi d'un coup de pied de recentrage, toujours pour Fofana, trompé par le rebond du ballon dans l'en-but.
Une performance digne de l'ouvreur complet qu'il est devenu. Michalak, insouciant lors de la Coupe du monde 2003 qui s'apparentait pour lui au "monde merveilleux de Walt Disney", allie désormais la tête aux jambes.
"Il a une maîtrise totale du jeu qui nous est demandé. Il est aussi capable d'improviser comme on le connaît, de surprendre nos adversaires", reconnaît le capitaine Thierry Dusautoir.
"C'est un joueur qui a du talent, qui a pris une grosse maturité. Et à ce poste, la maturité vient à la trentaine", abonde Saint-André.
Adjoint de PSA chargé des avants, Yannick Bru fut champion de France avec Michalak au Stade Toulousain en 2001 et donc bien placé pour témoigner de cette évolution.
"Cela fait maintenant 14 ans et ce joueur-là n'a pas grand-chose à voir avec le +Fred+ d'aujourd'hui. On a perdu le garçon insouciant qui surfait sur la vague de son talent et on a en face de nous un joueur très professionnel, beaucoup influencé je pense par les grands joueurs qu'il a côtoyés, en France, en Afrique du Sud ou à Toulon", souligne l'ancien talonneur international.
- 'Obsession du travail' -
"Parfois, on sent chez lui une obsession du travail, et je me dis que ce n'est pas la même personne avec qui j'ai partagé des matches de championnat", poursuit-il.
Cette obsession se concrétise au quotidien par d'interminables séances de jeu au pied après les entraînements.
Et Saint-André rappelle que Michalak a commencé à se préparer pour l'échéance mondiale avant début du stage, chez lui à Toulon en compagnie notamment de Jonny Wilkinson.
La légende anglaise lui a sans doute inculqué cette obsession du travail, mais Michalak paraît aussi comme mu par une foi inébranlable: il participera à la Coupe du monde, et peu importe les nombreuses blessures qui ont jalonné sa carrière et surtout les deux dernières saisons -- la dernière l'a éloigné des terrains jusqu'en mars dernier.
"C'est quelqu'un de très positif, qui ne lâche jamais rien, un bosseur, explique Sébastien Tillous-Borde, son partenaire en Bleu et à Toulon. Il a beaucoup été blessé, donc il a de la fraîcheur. (...) C'est quelqu'un qui a été critiqué, adulé, qui est passé par tous les états. Donc son histoire est belle." Se prolongera-t-elle jusqu'au 31 octobre, jour de la finale?