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En livrant un médiocre contenu contre la Roumanie, le XV de France n'a fait que respecter une longue tradition d'inconstance face aux nations supposées plus faibles, sans pour autant hypothéquer son futur en Coupe du monde.
Au rayon des clichés, bien calé entre la rudesse de sa mêlée fermée et le lyrique french flair, le côté imprévisible des Français figure en bonne place. Mais, au grand dépit du manager Philippe Saint-André, ce n'est pas qu'une vue de l'esprit.
Il suffit de se pencher sur l'horrible partition débitée durant les 30 premières minutes mercredi face à la Roumanie pour le constater amèrement.
"On n'a pas l'approche anglo-saxonne de faire une vraie répétition de rugby, une répétition de gammes" contre les plus petites nations, expose ainsi PSA.
"Par exemple, garder le ballon pendant 48 temps pour faire exploser les adversaires. Hélas, culturellement, dans le rugby français, on n'arrive pas à le faire. En tant qu'entraîneur, bien sûr que j'aimerais y arriver", souligne-t-il encore.
- "Le paradoxe français" -
"On est capable contre l'Angleterre (25-20 le 22 août en match de préparation, ndlr) de faire des choses exceptionnelles, de les asphyxier pendant 69 minutes et puis d'être en difficulté pendant 30 minutes contre la Roumanie. C'est le paradoxe français", résume PSA qui, en tant qu'ancien joueur, se rappellera sûrement avoir pris une part de cette fameuse inconstance.
Par exemple, à huit jours de retrouver les Canucks pour le troisième match de Coupe du monde il suffit de lui remémorer ce France - Canada de l'édition 1991, à Agen. PSA y avait marqué un essai et le XV de France s'était très péniblement imposé 19 à 13.
En 1987 aussi les Bleus n'avaient pas vraiment brillé en matches de poules, à l'image de ce 20 à 20 arraché contre l'Ecosse. Cela ne les avaient pas empêchés d'atteindre la finale de cette première campagne mondiale, signe que jamais les Bleus n'ont eu besoin d'un parcours linéaire pour briller.
En 1995, les Bleus avaient ainsi terminé à la 3e place, malgré une phase de poules sans relief.
"Avant c'était des poules de quatre équipes (à la place de 5 actuellement, ndlr) donc c'était un peu différent", se souvient l'ancien demi de mêlée Guy Accoceberry (48 ans, 19 sél).
Les matches contre les nations mineures étaient partie intégrante de la préparation, y compris physique et il s'agissait d'être prêt pour l'unique match crucial de la poule. "Du coup, on manquait un peu de fraîcheur, de certains ingrédients importants mais on savait qu'il ne pouvait pas nous arriver grand-chose"
Accoceberry ressuscite ainsi un France - Côté d'Ivoire de pauvre facture (54-18), pour lequel il était titulaire. "On n'avait pas mis l'engagement nécessaire", appuie-t-il. "On avait calculé, pour ne pas se blesser et pouvoir jouer contre l'Ecosse qui était le match important. Tu réagis par 0-coups. Tu tombes dans la facilité..."
- "Ca va passer !"-
Ironiquement, à vingt ans d'écart, les discours prononcés avant ce type de match n'ont guère varié, comme l'issue. Ainsi, il est de bon ton de rabâcher qu'il faut respecter l'adversaire, les fondamentaux du sport, etc
"C'est obligatoire", sourit Guy Accoceberry. "C'est le discours que Berbiz' (Pierre Berbizier, le sélectionneur en 1995, ndlr) a tenu à Philippe (Saint-André) quand il était capitaine, c'est celui que Philippe a tenu à ses joueurs. Toi, en tant que joueur tu dis +oui-oui+ mais inconsciemment tu ne te prépares pas comme quand tu vas jouer les All Blacks. C'est malheureux."
"Les Anglais, eux, ont un système précis, ils rentrent sur le terrain et ils s'engagent", remarque-t-il encore. "Ils sont moins calculateurs. En France, on se dit +ouais-ouais+ on va être prêt et puis on se dit que c'est la Roumanie et que ça va passer."
Suivant cette logique, pas de raison de s'alarmer pour la suite, notamment face à l'Irlande le 11 octobre qui sera le match décisif de la poule. "Les Français seront programmés d'une autre façon", assure Accoceberry. "Sur l'investissement physique, le combat, l'agressivité, tu sais qu'ils seront prêts." So French.