Happy Birthday : |
La Fédération française (FFR) est portée disparue de la scène médiatique à l'heure où le rugby français est englué dans ses pires résultats depuis 25 ans, laissant seuls au front encadrements et joueurs.
Un à un, quasiment au complet et plutôt dignes dans l'humiliation essuyée face aux All Blacks (62-13), les Bleus ont défilé devant la presse samedi soir dans les coursives du Millennium Stadium. Le sélectionneur Philippe Saint-André s'est, lui, infligé une longue séance d'explications supplémentaires devant une flopée de dictaphones et caméras, tout comme Yannick Bru, l'entraîneur des avants.
En apercevant cette horde de journalistes massés au pied d'un escalier, le président de la FFR Pierre Camou a, lui, préféré rebrousser chemin, s'épargnant ainsi un exercice dont il confesse volontiers avoir horreur, celui du commentaire à chaud.
Régulièrement sollicité par l'AFP, comme par d'autres médias nationaux, ces trois dernières années, afin de livrer ses impressions sur les performances du XV de France, ou bien définir les moyens et objectifs des Bleus, M. Camou a constamment décliné.
Croisé il y a dix jours au Vale Resort, le luxueux camp de base des Bleus dans la campagne galloise, il a réitéré sa position: "Je ne suis pas là pour faire le buzz", a évacué celui qui se rappelle précisément avoir donné 45 secondes d'interview à un heureux confrère il y a quatre ans, lors de la précédente édition.
Le vice-président de la FFR, Serge Blanco, s'est lui fendu d'une sortie de quelques minutes cette semaine.
- Saint-André esseulé -
Il faut dire que l'ancien arrière emblématique est spécialement délégué depuis plus d'un an au chevet des Bleus et, au coeur d'une mission dont les contours sont décidément bien flous, il doit servir de paravent à la pression médiatique pesant sur Saint-André.
"Vous savez bien que je ne fais rien, mais vous n'êtes pas obligés de me croire", a-t-il lancé, énigmatique, aux micros tendus. Et pourquoi les Bleus renverseraient les All Blacks? "Parce qu'on est Français", a-t-il simplement rétorqué. Raté.
De manière générale, Saint-André a dû se débrouiller tout seul en matière de communication, seulement flanqué de l'historique attaché de presse de l'équipe de France.
L'ancien ailier et capitaine du XV de France est monté seul au feu quand il a fallu défendre les intérêts des Bleus vis-à-vis des clubs. Une erreur, de son propre aveu, qui l'a inutilement éloigné des terrains et lui a fait gaspiller une énergie et un crédit considérables.
En coulisses, les dirigeants fédéraux et Serge Blanco en tête négociaient certes la convention régissant les rapports entre la FFR et les clubs (LNR), notamment sur la mise à disposition des internationaux. Mais le texte, adopté fin 2013, n'a pas tardé à craquer sous toutes ses coutures.
- La pression Laporte -
Et c'est à contre-temps que Blanco a été dépêché auprès de Saint-André, à l'été 2014, au lendemain d'une catastrophique tournée en Australie scellant deux ans et demi de résultats médiocres. Sans jamais vraiment préciser le rôle exact de Blanco, la Fédération, malgré ses véhémentes dénégations, n'a pas pu empêcher les rumeurs d'une mise sous tutelle de +PSA+.
Et si Blanco a toujours réfuté toute interférence dans le choix des hommes ou de la stratégie, pourquoi donc s'exposer sous l'oeil des photographes et des caméras en survêtement frappé du coq à l'heure des entraînements?
Ce silence marmoréen s'est poursuivi à l'heure de désigner un successeur à Saint-André, avant même la Coupe du monde. La nomination en mai de Guy Novès n'a été officialisée que par un court communiqué accompagné de quelques citations très calibrées de Pierre Camou.
Sans doute faudra-t-il attendre le 1er novembre, et la prise de fonctions de l'emblématique manager de Toulouse, pour avoir des explications plus détaillées. Ou pas.
Plus probablement, l'échéance des élections pour la présidence de la FFR en novembre 2016 forcera peut-être la stratégie du silence de Pierre Camou, âgé de 70 ans.
Très actif dans les comités territoriaux, où il se rend volontiers, il sera sans doute amené à un moment à prendre la main au niveau national où son principal opposant, Bernard Laporte, a micro ouvert depuis longtemps et pose ainsi des jalons en toute tranquillité.