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Le centre du XV de France Wesley Fofana, meilleur marqueur de l'ère Saint-André, aimerait se débarrasser de l'encombrante étiquette de faiseur de miracle afin que son travail de l'ombre collectif soit mieux reconnu, à l'heure d'affronter le Canada jeudi en Coupe du monde.
Puncheur insaisissable ou "coffre à ballon" incapable d'ajuster une passe, Wesley Fofana se débat depuis longtemps avec les images pré-conçues, bonne ou mauvaise, que l'on se fait de lui.
Ce cadre de l'ère Philippe Saint-André, à qui il doit ses 36 sélections en trois ans et demi, est en tout cas une pièce incontournable du dispositif des Bleus dont il connaît "les systèmes par c?ur". Et c'est tout logiquement qu'il est intégré à l'ossature des titulaires pour la Coupe du monde et devrait débuter jeudi face au Canada à Milton Keynes.
Pourtant, l'histoire en Bleu de Wesley Fofana ne s'est-elle pas construit sur un malentendu? Auteur de quatre essais sur ses quatre premiers matches lors du Tournoi-2012, le Clermontois a frappé durablement les esprits par son raid solitaire de 50 mètres face à l'Angleterre en février 2013. Un essai YouTube qui lui colle à la peau, pas forcément à son plus grand bonheur.
"Je sais qu'il y a énormément d'attente", confirme le centre âgé de 27 ans. "Malheureusement, je ne crois pas que l'on reverra ça souvent. Si on attend ça de moi, je risque de décevoir pas mal de monde."
- 'Que les rugbymen qui peuvent savoir' -
Car entre-temps, Fofana, auteur de 12 essais au total ce qui en fait le meilleur marqueur du mandat PSA, a été identifié comme une menace par ses adversaires.
"Au début, tu arrives, tu as beaucoup plus d'espace, beaucoup plus de liberté", souligne-t-il. "Plus ça va, moins tu en as et il faut anticiper pour arriver à créer. Donc quand tu y parviens, c'est plus flatteur qu'au début. Mais ça, il n'y a que les rugbymen qui peuvent le savoir."
Plus surveillé, Fofana tente depuis presque deux ans de faire évoluer son jeu. En février 2014, au lendemain d'un match abouti face à l'Angleterre, encore, mais durant lequel il n'avait pas marqué, il avait exposé ses intentions: "J'essaye de travailler sur la création du jeu, faire jouer beaucoup, peut-être même être un deuxième N.10. Pour l'avenir, ce sera quelque chose de très important pour moi et l'équipe."
Mais le poids du passé semble encore retenir Fofana prisonnier quelque part. "Il faut juste qu'il arrive aujourd'hui à se détacher de ce regard extérieur qui fait que tout le monde attend de lui des exploits, un essai magnifique comme celui qu'il a marqué contre l'Angleterre il y a trois ans", affirmait il y a une semaine l'entraîneur des arrières Patrice Lagisquet. "J'aimerais qu'il arrive à avoir le recul, le vécu suffisant pour se dire qu'il n'a pas à subir cette impatience de l'extérieur. Ce n'est pas son problème quelque part."
- 'Si on laisse un joueur dans une catégorie...'-
Car souvent Fofana se retrouve au c?ur des débats publics et médiatiques. Sur son positionnement par exemple: n'est-il pas un ailier contrarié, lui qui affirme préférer le centre? Sur son style aussi: est-il trop personnel?
"J'ai l'impression que l'on parle beaucoup de mon jeu tout au long de l'année, pas seulement quand je suis en équipe de France. Mais je suis habitué, je ne peux rien y faire", souffle-t-il. "Je me nourris plus de ce que me disent les coaches, mais parfois c'est embêtant de lire certaines choses. C'est plus du négatif que du positif."
Ses entraîneurs, eux, ne cessent de louer les copies de Fofana, à l'image de Patrice Lagisquet qui vante à l'envi ce "joueur qui aime franchir, qui aime défier" et tance les avis extérieurs qui ne sont pas "suffisamment attentifs à tout le travail qu'il accomplit pour l'équipe."
"Il travaille beaucoup pour les autres, c'est un bon défenseur, très bon sur les soutiens, il fait vraiment un énorme boulot à ce niveau-là", appuie encore Lagisquet.
Si c'est dans les grands moments que les grands joueurs se révèlent, peut-être que Fofana tranchera de lui-même toutes les interrogations dans les matches à venir. En attendant, il appelle aussi à une ouverture d'esprit partagée, car "si on laisse un joueur dans une catégorie, c'est difficile de voir autre chose".