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Encore inconnu du grand public il y a un an, Alexandre Dumoulin a été propulsé au centre de l'attaque du XV de France pour affronter les All Blacks samedi, preuve de l'immense attente et de la confiance placées en ce discret jeune homme.
Paraît-il qu'il n'a pas fini d'étonner. En attendant, Dumoulin (26 ans, 7 sél) surprend par la fulgurance de son ascension, qui l'a mené en moins de 18 mois de remplaçant au Racing 92 à titulaire en Bleu pour le match le plus important de ces quatre dernières années.
S'il avait eu la chance de débuter la Coupe du monde face à l'Italie, c'est d'abord en raison de la défection sur blessure de Wesley Fofana. Cette fois, ses qualités propres ont parlé pour lui, repoussant sur le banc le perforant Mathieu Bastareaud, passé au travers face à l'Irlande.
"On n'était pas satisfait de la performance de Mathieu", a expliqué vendredi l'entraîneur des avants Yannick Bru. "On voulait mettre plus de vitesse dans notre jeu."
Gaillard (1,89 m, 97 kg), Dumoulin est particulièrement apprécié de l'encadrement pour sa finesse technique et sa "capacité à faire jouer autour de lui", dixit son partenaire du centre Wesley Fofana. Formé à l'ouverture, il pourrait se révéler comme un précieux animateur en appui de Frédéric Michalak, afin de dynamiser un jeu français atone le week-end dernier.
- Confiance inaltérable -
"Il a du talent, il est costaud, il a des mains et des pieds. Surtout, il sait trier les ballons, jouer des +off-loads+ (passes au contact) dans la défense et prendre le relais de l'ouvreur si besoin", résumait il y a un mois auprès de l'AFP son ami et ancien centre des Bleus Fabrice Estebanez.
Au Racing, Dumoulin était promis aux seconds rôles dans l'ombre de Jamie Roberts, jusqu'à finalement repousser le Gallois sur le banc après des prestations très abouties. Les entraîneurs du XV de France n'ont logiquement pas tardé à lui faire les yeux de Chimène pour son profil plutôt rare et précieux.
Lancé en novembre dernier face aux Fidji (40-15) pour une première réussie, il a depuis tardé à confirmer, en dépit de la confiance inaltérable de l'encadrement des Bleus.
Des blessures ont certes entravé sa progression, le privant du dernier Tournoi des six nations. Entre-temps, ce jeune homme plutôt réservé s'est aussi délesté d'un poids important en révélant via son agent qu'il était le fils biologique de Marc Cécillon, ancien capitaine du XV de France condamné en 2004 pour le meurtre de son épouse.
Appelé en mai pour préparer la Coupe du monde, ses récentes titularisations, contre l'Angleterre en match de préparation le 15 août, puis face à l'Italie pour l'entrée en Coupe du monde, ont laissé un goût d'inachevé.
- 'Pas les mêmes repères' -
"Mes premières sorties ont été un peu mitigées", convient-il ainsi, en attribuant aussi sa performance sans saveur face à la Squadra Azzurra à son positionnement de deuxième centre (N.13) qui ne lui a guère convenu.
"Je n'étais pas forcément à l'aise à ce poste de N.13. Ce n'est pas mon point fort, j'ai plus d'automatismes en N.12", appuie-t-il. "Ce n'est pas un poste que j'aime (...) c'est comme si on demande à un pilier droit de jouer à gauche, ce ne sont pas les mêmes repères."
S'il aura le N.13 dans le dos samedi soir, Dumoulin devrait en réalité souvent permuter sur le terrain avec Fofana, lui vêtu du N.12. Un immense défi face à une paire All Blacks Ma'a Nonu - Conrad Smith bien rodée et talentueuse.
"Autant j'ai senti qu'il avait de l'appréhension avant de jouer le match contre l'Angleterre (en août) ou encore contre l'Italie, autant là je le sens vraiment différent, très déterminé", rassure son agent Jérémy Bouhy.
"Et puis c'est un vrai Berjallien. Il aime donner la preuve par les actes plus que par les paroles", ajoute-t-il. Cela tombe bien, le terrain du Millennium Stadium lui tend les bras.