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Ils rassurent dans les temps faibles, subliment les temps forts, guident les novices et préservent l'état d'esprit: ces leaders si indispensables à une équipe font encore défaut au XV de France qui peine à passer à l'âge adulte à l'approche du Mondial.
Derrière Thierry Dusautoir (33 ans, 72 sél), c'est un peu morne plaine. Il y avait bien Nicolas Mas (34 ans, 76 sél), le discret mais expérimenté pilier, et Pascal Papé (34 ans, 59 sél), l'agent d'ambiance du groupe France, qui constituaient avec le capitaine un solide trio de "dinosaures", dixit le manager Philippe Saint-André. Mais le premier a été évincé en raison de performances en baisse, quand le second a reçu dix semaines de suspension pour un mauvais geste en Irlande.
Alors, avant de recevoir le Pays de Galles samedi dans le Tournoi, Dusautoir semble un peu seul à prêcher au sein d'un effectif très largement renouvelé après le Mondial-2011 et qui manque cruellement de certitudes sur son identité.
"L'équipe aujourd'hui n'est pas mature car notre épine dorsale n'est toujours pas stabilisée", reconnaît auprès de l'AFP l'entraîneur des arrières Patrice Lagisquet.
"Mais très honnêtement, on en n'est pas loin aujourd'hui, tempère l'entraîneur des avants Yannick Bru. C'est vrai que collectivement nos performances ne sont pas encore abouties, on a du travail, mais sur le plan du charisme et du leadership, cette équipe n'a plus rien à voir avec celle que l'on a prise en mains en 2011."
- 'Une conviction forte' -
"Je pense qu'à travers les échanges que je peux avoir avec certains d'entre eux, ils commencent à prendre les clés du camion", assure de son côté Serge Blanco, patron du comité de suivi du XV de France.
Depuis trois ans, une génération incarnée par Yoann Maestri (26 ans, 33 sél), Wesley Fofana (26 ans, 32 sél), Yoann Huget (27 ans, 35 sél) ou encore Brice Dulin (24 ans, 18 sél) a enchaîné les titularisations et engrangé de l'expérience sur tous les terrains du monde. Sans pour autant dégager cette impression de sérénité liée au vécu, notamment chez des trois-quarts apparus parfois déboussolés. Et, comme un serpent qui se mord la queue, les mauvais résultats ne nourrissent pas vraiment la confiance, en dépit des exhortations de l'encadrement: "lâchez-vous", "libérez-vous" !
"Au-delà d'un patron (il manque) peut-être quelqu'un qui rassure les joueurs qu'on a, talentueux et qui comprennent ce qu'on veut faire, mais qui par moments sont frileux", admet Lagisquet: "A un moment, une conviction forte doit s'afficher sur le terrain".
- En attendant Parra -
Le retour en forme de Morgan Parra, titulaire samedi, pourrait permettre de régler en partie la mire. A 26 ans seulement, le N.9 compte déjà 58 sélections et a une finale de Coupe du monde au compteur: de quoi en faire un leader naturel. Jusque-là plutôt réticent à prendre les rênes, il est en train de changer, assure Lagisquet.
"Il est en train d'arriver à maturité à tous points de vue. Il ne faut pas que l'extérieur l'embête avec ça, que l'attente soit trop forte, mais dans son cheminement je pense qu'il est en train d'y arriver, de prendre sa dimension de meneur de jeu", poursuit l'ancien ailier international.
Le chantier semble un peu plus avancé devant, autour d'une deuxième et troisième lignes stabilisées et d'un "pool" de talonneurs (Guirado, Kayser, Szarzewski) homogène.
"Je vois des joueurs comme Yoann Maestri, Guilhem Guirado, Damien Chouly... Ils se sont fait le cuir, ont pris la mesure du niveau international et sont à même d'amener du charisme", relève Bru.
"Notre plus grosse crainte, c'était que ce groupe que l'on a quasiment totalement renouvelé en 2011 soit à maturité pour le prochain sélectionneur", ajoute-t-il en souriant. "On a engagé une course contre la montre et on espère que dans ces six derniers mois on sera dans les clous."