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Dustin Brown, avec son look hors norme et son jeu pétaradant, a fait souffler un vent de fraîcheur sur Wimbledon en assommant Rafael Nadal jeudi pour réinviter ses dread locks au troisième tour du temple du tennis.
Mi-Jamaïcain, mi-Allemand, cet escogriffe à la longue tresse rasta s'est offert son moment de gloire dans le classicisme du court central où il n'avait encore jamais mis les pieds. "Je pensais que j'aurais un peu peur", a-t-il lâché, finalement pas impressionné le moins du monde.
"Dreddy Tennis", surnommé ainsi pour sa chevelure, a désarçonné l'Espagnol, ancien N.1 mondial, par son jeu à l'ancienne qui rappelle le bon vieux temps des rois du service-volée Pete Sampras, Patrick Rafter ou John McEnroe.
"Big Mac", lui même, a loué les qualités de ce spécialiste de l'herbe au service laser, auteur de 13 aces contre le double lauréat de l'épreuve (2008, 2010) avec une pointe à 214 km/h en première balle... et une autre à 204 km/h en seconde!
"Cinq cents joueurs professionnels de tennis devraient s'inspirer de ce qu'il a fait. Il a joué à un niveau incroyablement haut et prouvé que rien n'est impossible", a commenté le triple lauréat de Wimbledon (1981, 1983, 1984) depuis sa cabine de la BBC.
"J'ai eu un entretien radio avec lui et il m'a dit que c'était l'une des plus belles performances de tous les temps à Wimbledon", a savouré Brown, touché par les propos de l'une des plus grandes légendes du tennis.
"Cela lui fait visiblement plaisir de voir un joueur gagner de cette façon-là", a ajouté l'Allemand, qui a inscrit 71 points en service-volée (sur 99 possibles).
- Le tennis en camping car -
Né en Allemagne il y a 30 ans d'un père Jamaïcain, Leroy, et d'une mère allemande, Inge, la grande tige (1,96 m pour 78 kg), classée 102e à l'ATP, n'a pas eu souvent reçu ce genre de compliments.
Parti vivre en Jamaïque à l'âge de 12 ans, il a commencé sa carrière professionnelle sous pavillon caraïbe, écumant les petits tournois européens avec le camping car offert par ses parents. Mais, déçu par l'appui inexistant et les errances multiples de la fédération locale, il a décidé en 2010 d'opter pour la nationalité allemande, dont il défend officiellement les couleurs désormais.
Ayant des aïeux en Angleterre, il a envisagé de demander un passeport britannique en 2010 après avoir passé un tour au Queen's. Mais cela ne s'est pas fait.
- Deux victoires à zéro contre Nadal -
C'est seulement trois ans plus tard que ce citoyen du monde est sorti de l'anonymat du circuit. A Wimbledon, il battait un autre ex-N.1 mondial, l'Australien Lleyton Hewitt, pour se hisser jusqu'au troisième tour, son meilleur résultat en Grand Chelem.
Cet attaquant au look percutant - débardeur, piercings, collier de coquillages en plus de ses dreadlocks - avait alimenté les gazettes sportives une deuxième fois l'an passé à Halle (6-4, 6-1) en matant - déjà - Nadal, alors fraîchement auréolé de son neuvième trophée à Roland-Garros.
"Le fait d'avoir gagné à Halle (lors de leur première confrontation, ndlr) m'a permis de me sentir bien. Je n'avais rien à perdre de toute façon", a expliqué Brown, qui a vécu jeudi "peut-être le plus beau jour de (sa) vie".
Le rasta-man aura l'occasion de prolonger le rêve samedi en accédant pour la première fois aux huitièmes de finale dans un tournoi majeur. "Sur surfaces rapides, je peux être très dangereux", assure-t-il.
Son prochain adversaire, le Serbe Viktor Troicki (24e), est prévenu.