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© AFP/NIKOLAY DOYCHINOV
Les volleyeuses iraniennes Maedeh Borhani et Zeinab Giveh, le 3 février 2017 lors de l'échauffement à Choumen
Un modeste club de volley-ball bulgare s'est offert une première : deux joueuses professionnelles iraniennes ont intégré l'effectif avec la volonté d'ouvrir la voie vers l'international à d'autres athlètes de leur pays.
Un premier match de Ligue avec leurs nouvelles coéquipières de Choumen, samedi soir, et une première défaite nette face au 2e du championnat de Bulgarie (0-3) n'ont pas gâché l'enthousiasme de Maedeh Borhani, 29 ans et Zeinab Giveh, 33 ans.
"Nous sommes fières d'être les premières Iraniennes à jouer en Europe et à faire l'histoire de l'Iran", a confié à l'AFP la brune Maedeh lors d'un entraînement avec le YEB de Choumen, une grande ville du nord-est du pays.
- Bonne affaire financière -
Leur nouveau coach, Mehmed Basharan, 48 ans, n'est pas peu fier de son coup: il s'est offert deux internationales, dont la capitaine de l'équipe féminine d'Iran, Zeinab Giveh, pour un prix sans comparaison avec les athlètes d'autres pays, explique-t-il.
Les deux jeunes femmes, arrivées en Bulgarie en janvier, disent de leur côté "vouloir ouvrir la voie à d'autres sportives iraniennes de talent qui souhaiteraient jouer à l'étranger".
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Maedeh Borhani, Zeinab Giveh et leurs coéquipières du YEB Choumen, le 3 février 2017 à la veille d'un match du championnat bulgare de volley
"Ma décision a été facile à prendre, c'est aussi simple que d'ouvrir la porte et de sortir", affirme Zeinab Giveh.
Le volley-ball est l'un des sports les plus populaires en Iran. Comme pour d'autres sports, les femmes ne sont pas autorisées à assister aux matchs des équipes masculines.
Comme lorsqu'elles jouent en équipe nationale, les deux nouvelles recrues du YEB Choumen servent, passent et smashent vêtues d'un foulard et d'une tenue couvrant bras et jambes.
- Discipline vestimentaire, objectif européen -
Cette discipline vestimentaire était l'une des conditions pour que la fédération iranienne de volley et le ministère des Sports donnent leur feu vert à ce départ.
"Nous sommes là pour jouer au volley, notre religion et ses règles ne doivent pas être un problème. Nous sommes habituées à jouer dans cette tenue", explique Maedeh Borhani, les lèvres soulignées d'un trait de rouge.
Elles disent avoir trouvé leur place dans la cité de quelque 88.000 habitants, située à moins de 100 kilomètres de la Mer noire, où vit une importante communauté turcophone et musulmane liée au passé ottoman du pays.
"La vie est facile et simple en Bulgarie, le climat est agréable, les gens très gentils", assure Zeinab.
Alors que la Bulgarie a interdit en septembre le port du voile islamique intégral dans les lieux publics, dans un contexte de poussée du discours nationaliste liée à la crise des réfugiés, leur entraîneur tente de ne pas prêter trop d'importance aux "provocations" des membres d'une équipe adverse qui se sont grimés "comme des bédouins" dans des photos postées sur les réseaux sociaux.
"C'est de la taquinerie, nous ne nous sentons pas insultés", assure Mehmed Basharan, concentré sur son objectif: hisser l'équipe, actuellement sixième au classement national parmi les quatre premières places et accéder aux tournois européens.