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© AFP/John MACDOUGALL
Le sélectionneur des Bleus Laurent Tillie, lors du tournoi de qualification olympique, le 9 janvier 2016 à Berlin
Les volleyeurs français entament "un nouveau cycle" lors du tournoi de qualification pour le Mondial-2018, qui débute mercredi à Lyon, souligne leur sélectionneur Laurent Tillie, après une année 2016 très chargée durant laquelle l'équipe a "frôlé le burn-out".
Les Bleus auront encore un programme bien rempli d'ici septembre avec quatre, voire cinq compétitions, dont l'Euro où ils défendront leur titre, la Ligue mondiale et peut-être un autre "TQCM" s'ils échouent dans le Rhône.
Question: N'est-ce pas une année encore plus chargée que la précédente?
Réponse: "Cela devient presque pire que l'an passé, avec moins de pression néanmoins parce qu'il n'y a pas de qualification pour les jeux Olympiques en jeu. Je pensais pourtant que ce serait plus tranquille. Ce tournoi de qualification a été tellement mal programmé que les organisateurs ne savent pas encore exactement quand et où placer le tournoi de rattrapage."
Q: Quels enseignements avez-vous tiré de l'échec des Jeux de Rio?
R: "Dans le sport de haut niveau, on n'est jamais arrivé. Même si on avait démontré nos capacités à décrocher des médailles, on s'aperçoit que l'on n'est jamais prêt. Il faut se dire que les adversaires vont être encore plus forts que ce que l'on peut imaginer. Cela demande beaucoup d'humilité. Le niveau des JO, c'est dix marches au dessus des compétitions que nous avions jouées auparavant."
Q: Avez-vous frisé le burn-out?
R: "On l'a frôlé avant les Jeux. C'est pour cela que notre premier match des JO contre l'Italie était catastrophique. Nous nous situions entre le burn-out et l'envie de réussir malgré tout. Je suis fier des joueurs parce qu'ils sont restés concentrés et ont su revenir dans la compétition en battant le Mexique et le Canada. Après, on a perdu 3-1 contre les États-Unis et le Brésil, mais on aurait pu aussi gagner. Cela s'était joué sur quelques points. C'est une expérience intéressante pour l'avenir."
Q: La Ligue mondiale n'était-elle pas en trop?
R: "On n'avait pas d'autre choix que de jouer cette compétition. Mais avec le recul, j'aurais presque préféré perdre. Cette médaille de bronze nous a rassurés au lieu de nous maintenir en alerte."
Q: Vous sortez d'une expérience mitigée en club avec les Cannoises et n'avez pas souhaité poursuivre. Est-ce trop compliqué d'être sur deux fronts à la fois?
R: "Cela m'a permis de ne pas tomber dans le burn-out après les Jeux. C'est dur de voir tout son rêve s'effondrer en quelques points. Quand je suis rentré en France, c'était presque la déprime. Je n'avais rien envie de faire. Cela m'a permis de rester actif. Le challenge était difficile mais intéressant. Le problème c'est le calendrier. Les deux sont incompatibles. Dorénavant, je me consacre à l'équipe de France."
Q: Antonin Rouzier a pris sa retraite, Nicolas Maréchal fait une pause. C'est une rupture?
R: "Oui, on leur avait demandé de rester au moins jusqu'à ce tournoi. Ils ont dit non. On prend acte. Il vaut mieux travailler avec des jeunes, certes moins expérimentés, mais qui ont la gnaque, plutôt qu'avec des joueurs installés qui n'ont pas envie. C'est comme cela qu'on avance."
Q: L'esprit "Yavbou" est-il encore présent ou les jeunes d'hier ont trop mûri?
R: "L'ambiance est un peu différente. On cherche la hiérarchie, les habitudes, le leadership... On n'est pas dans une reconstruction mais plutôt des ajustements qui demandent un peu de temps. On entame un nouveau cycle."
Q: Votre adversaire N.1 lors du tournoi, ce sera l'Allemagne...
R: "Oui. Elle a rappelé tous ses joueurs, dont ceux qui avaient annoncé leur retraite. Après, il y a la Turquie, une équipe qui monte, et il faut se méfier de l'Ukraine qui a deux ou trois bons joueurs."
Propos recueillis par Ludovic LUPPINO