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Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse... En substance, c'est ce que disent plusieurs acteurs ou anciennes "figures" de la Coupe de l'America à propos de l'adoption d'un catamaran plus petit que celui originellement prévu pour l'édition 2017 aux Bermudes.
La "Cup", plus vieux trophée sportif au monde, n'est plus une affaire de milliardaires et "diminuer la taille des bateaux, le nombre d'équipiers, n'enlève rien à son intérêt", affirme Marc Pajot, qui a piloté trois campagnes françaises (1987, 1992 et 1995). "Plus petit, c'est la sagesse, un choix judicieux".
"Ce qui fait la Coupe de l'America, ce n'est pas la taille des bateaux, c'est le niveau des équipages", renchérit Franck Cammas, à la tête du défi Team France. Le passage à l'AC48, "c'est une vraie révolution".
Selon le directeur général de l'ACEA (America's Cup Event Authority), le Néo-Zélandais Russell Coutts (cinq fois vainqueur de la "Cup", record absolu), six à sept équipes devraient participer à la 35e Coupe, profitant -avec l'adoption de l'AC48 (15 m) en lieu et place de l'AC62 (19 m)- de budgets très inférieurs.
"Depuis que des AC45 (13,45 m) turbo, équipés de foils, ont commencé à naviguer, les gens ont réalisé à quel point de tels bateaux, plus petits que des AC62, étaient rapides et spectaculaires", déclare-t-il dans un entretien exclusif avec l'AFP.
Les AC48 ne seront pas moins rapides que les AC72 (22 m) de la "Cup" 2013, poursuit-il, car leurs équipages les maîtriseront mieux et il y a de bonnes chances pour que la barre des 50 noeuds (92,5 km/h) soit franchie".
"Avec l'AC48, les budgets sont également bien moins importants, ajoute-t-il. A tel point que pour monter une équipe crédible aujourd'hui, il faut compter 20 à 30 millions de dollars. A titre de comparaison, les Néo-Zélandais d'Emirates Team New Zealand (finalistes malheureux en 2013, ndlr) disposaient de 180 millions de dollars néo-zélandais (environ 135 millions de dollars US). Le tout est d'utiliser intelligemment son argent. D'ailleurs, dans l'histoire de la 'Cup', ce ne sont pas toujours les équipes les plus riches qui ont gagné".
- Un ou deux défis asiatiques -
Pour Team France, l'adoption de l'AC48, "c'est comme si on avait trouvé 60% de notre budget, note Cammas, désormais à la recherche d'une enveloppe de 20 millions d'euros sur trois ans (2015, 2016 et 2017). Ca nous remet en selle. La prise de risque est relativement faible et ça va ouvrir la Coupe à un plus grand nombre de pays".
Les uns comme les autres soulignent que l'aspect purement sportif ne souffrira pas d'un passage à l'AC48.
"Nous essayons d'entraîner d'autres équipes dans cette aventure, confie Coutts. Mais nous voulons de la qualité, pour des régates plus disputées. Une estimation réaliste est un total de 6 à 7 équipes, avec un, voire deux défis asiatiques. L'un d'entre eux devrait être annoncé le mois prochain. La liste officielle (et définitive) sera publiée d'ici à l'été".
Cinq équipes sont officiellement déclarées à ce jour. Le "defender" américain Oracle Team USA et quatre challengers: Team New Zealand (NZL), Artemis (SWE), Ben Ainslie Racing (GBR) et Team France (FRA). Les Italiens de Luna Rossa, favorables à l'AC62 dans la conception duquel ils étaient très avancés, ont jeté l'éponge.
Selon Coutts, certains éléments des AC48 (qui seront menés par des équipages de 6 à 7 personnes) seront monotypes, comme l'aile rigide et les coques.
Mais les appendices (safrans, foils, ndlr) et leurs systèmes de contrôle seront libres. "C'est là-dessus que se fera la différence, insiste Cammas, qui souhaite parvenir à un accord avec Oracle pour "partager certains éléments de design".