Happy Birthday : |
© AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD
Le skipper Fabrice Amedeo à bord du "Newrest-Matmut", aux Sables d'Olonne, le 15 octobre 2016
Déterminer la route optimale, analyser la météo, écouter sa musique, détecter les cargos, monter des vidéos ou lire ses mails: les 29 skippers qui s'élancent le 6 novembre pour la 8e édition du Vendée Globe embarquent tout un attirail technologique.
"Le principal outil qu'on utilise, c'est un logiciel qui s'appelle Adrena, on l'a tous à bord", explique Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), qui participe à son premier Vendée Globe.
Le logiciel équipe l'ensemble des skippers du Vendée Globe mais aussi de la Volvo Ocean Race (course autour du monde en équipage avec escales) et calcule la route optimale en fonction de la météo et de la vitesse du bateau.
"On ne navigue plus à l'ancienne, à faire un point GPS et à devoir reporter la position du bateau sur la carte."
L'objectif pour Amedeo et l'ensemble des skippers: "chercher à être à 100% du potentiel du bateau". Une quête qui repose sur les prévisions météorologiques et la vitesse du vent.
Matin et soir, Louis Burton (Bureau Vallée) télécharge la météo via le logiciel payant Squid, développé par la société belge Great-Circle. D'autres plateformes comme Météo France, Ugrib ou zyGrib sont utilisées en secours, énumère le skipper de 31 ans.
Ces logiciels croisent les données de satellites européens et américains. En cas de différence, "c'est le feeling du skipper" qui détermine la stratégie, explique Amedeo. "C'est l'humain qui entre en ligne de compte avec de l'analyse, de l'expérience". Quelle que soit la technologie embarquée, le skipper reste "maître de son bateau".
Mais la navigation se gère à "99% par ordinateur", selon Sébastien Josse (Edmond de Rothschild). Le skipper, qui s'élance pour son 3e Vendée Globe, embarque le parfait kit du +geek+: "un drone, un iPad, un iPhone pour réaliser des photos et vidéos, même aériennes!"
Les skippers peuvent accéder à internet par satellite mais "les communications coûtent cher, on fait attention", relativise Burton. Pour garder un lien avec le monde, comme pour l'édition 2012-2013, son frère aura la lourde tâche chaque semaine de lui envoyer via le service de messagerie GeolinkConnect "un résumé de ce qui se passe dans le monde avec un traitement humoristique".
- Téléréalité embarquée -
© AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD
Le skipper Fabrice Amedeo à la barre du "Newrest-Matmut", aux Sables d'Olonne, le 15 octobre 2016
Morgan Lagravière (Safran) s'est concocté une liste de films "comiques ou qui finissent bien, pour avoir la banane", stockés dans un disque dur ultra-léger.
Ancien journaliste, Amedeo a "du mal à rompre complètement avec la terre". Sur sa tablette, les applications du Monde, du Figaro et de l'Équipe font partie de ses favoris et, de temps en temps, il va sur le site de l'organisation de la course "pour voir ce qu'ils disent de nous".
Passionné de vidéo, Tanguy de Lamotte (Initiatives Coeur) s'est installé une régie digne d'une chaîne de télévision. Elle contrôle cinq caméras qui quadrillent l'ensemble du voilier. "Une sorte de téléréalité" où l'internaute pourra suivre en temps réel la vie à bord, tels les changements de cap, de voile, mais aussi ce que mange le skipper.
Lors du dernier Vendée Globe, dont il avait terminé 7e, De Lamotte s'était déjà fait remarquer pour son interprétation en "air guitar" de "Smoke on the water" de Deep Purple. Le Francilien avait monté ce mini-clip de 1 min 30 à partir du logiciel de montage Clipway directement depuis son téléphone.
Si les technologies développées au cours de ces dernières années ont facilité la navigation et la vie des skippers, ces derniers "rêvent d'un outil permettant de détecter les mammifères dormants ou les petits bateaux, cause de nombreux abandons", explique De Lamotte. Car, aujourd'hui, seuls les bateaux de commerce ont l'obligation de posséder un système d'identification automatique (AIS) qui émet leur position.
Les ingénieurs de l'écurie Mer Agitée du double vainqueur du Vendée Globe Michel Desjoyeaux "sont déjà sur le coup", confie Burton, qui avait dû abandonner la dernière édition après avoir été percuté par un chalutier.