Happy Birthday : |
Le marché des jeux sportifs virtuels en ligne est dans la tourmente aux Etats-Unis, où une enquête vise des sociétés organisatrices sur fond de soupçons de tricheries, soulignant le besoin de réglementer davantage ce secteur qui brasse des milliards de dollars.
Ces dernières années, les sites internet de "Fantasy games" sont devenus incontournables pour tous les amateurs de sport voulant se transformer en manageurs virtuels et se mesurer à leurs amis (ou à des inconnus) en gérant des effectifs de joueurs de football américain, de baseball ou de hockey notamment.
Le nombre de participants à ces ligues est passé de 12,6 millions en 2005 à près de 57 millions en 2015 et les sites hébergeant ce type de jeux se sont multipliés.
Dans ces ligues, les équipes virtuelles assemblées par les manageurs amateurs marquent des points en fonction des performances des vrais sportifs durant leurs matches. Et les vainqueurs de ces ligues virtuelles, qui peuvent courir sur une saison complète ou sur une journée, sont susceptibles d'empocher d'importantes sommes d'argent.
Mais l'ascension remarquable de ces sites internet, dont certains ont dépensé des millions de dollars en campagnes de publicité depuis le début de la saison de NFL par exemple, est aujourd'hui contrariée par des accusations de tricherie.
Ainsi, un employé du site DraftKings a réussi à gagner 350.000 dollars sur un site concurrent, FanDuel, en se servant de données normalement inaccessibles au grand public pour l'aider à former son équipe.
Le procureur général de New York, Eric Schneiderman, a lancé une enquête visant les deux sociétés concernées dans cette affaire, demandant notamment les noms et emplois de tout employé qui agrège ces informations, a annoncé mardi soir le New York Times.
Avoir l'information confidentielle qu'un joueur star est blessé par exemple et ne jouera pas le prochain match peut en effet s'avérer capital pour les participants à l'heure de former leur équipe virtuelle: inutile de retenir cet athlète, qui ne rapportera aucun point puisqu'il restera sur le banc de touche !
- Des milliards de dollars -
Le procureur new-yorkais a également demandé à avoir accès aux enquêtes internes menées par les deux sociétés.
DraftKings a démenti toute manoeuvre frauduleuse, affirmant que selon une enquête interne l'employé visé n'avait eu accès à ces données secrètes qu'après avoir formé son équipe sur le site de FanDuel. Il n'y aurait eu accès qu'à 13H40 le 27 septembre, soit 40 minutes après l'heure limite pour s'inscrire à la compétition qu'il a remportée sur FanDuel.
"Cela démontre clairement que cet employé n'a pas pu utiliser les informations en question pour prendre des décisions à propos de son équipe sur FanDuel", a expliqué DraftKings dans un communiqué.
Les deux sites concurrents avaient émis plus tôt un communiqué commun assurant qu'ils ont des mesures en place qui empêchent leurs employés d'utiliser frauduleusement les informations auxquelles ils ont accès dans le cadre de leur travail.
"Les employés qui ont accès à ces données sont rigoureusement surveillés par des équipes de contrôle internes, et nous n'avons aucune preuve que quiconque en a fait un usage frauduleux", avançaient ainsi les deux sociétés. "Rien n'est plus important pour DraftKings et FanDuel que l'intégrité des jeux que nous offrons à nos clients".
Des arguments loin de convaincre les partisans d'une régulation accrue.
"Nous sommes simplement devant un statu quo inacceptable, où des millions de participants jouent des milliards de dollars dans des ligues qui, nous a-t-on dit, sont justes et impartiales. Sauf qu'on ne peut pas le vérifier !", souligne Chris Grove, du site Legal Sports Report.
Ces ligues virtuelles, qui peuvent rapporter des centaines de milliers de dollars aux meilleurs pronostiqueurs, sont tolérées par les autorités américaines, du moins pour le moment, car elles ne sont pas considérées comme des jeux de paris. Si tel était le cas elles seraient assujetties aux lois beaucoup plus restrictives régissant notamment les casinos.
Le mois dernier un élu du Congrès a appelé à examiner de plus près le statut de ces Fantasy Leagues: "Ces sites sont extrêmement populaires et, on peut le comprendre, importants pour les fans. Les ligues de sport professionnel y voient aussi une grosse source de revenus", a ainsi noté le démocrate Frank Pallone.
"Cependant, même si ces sites font aujourd'hui partie du paysage, l'encadrement légal de ces activités reste flou et devrait être précisé", a-t-il estimé.