Happy Birthday : |
© AFP/-
Le Français Charles Hedrich lors d'un entraînement sur le Lac Vert dans les Alpes en mai 2013
Du Détroit de Bering au Détroit de Davis, entre Alaska, Canada et Groënland, soit quelque 7.000 km, le tout à la rame: c'est une première mondiale à laquelle va s'attaquer cette semaine le Français Charles Hedrich, ex-homme d'affaires reconverti en aventurier multicartes.
Cet ancien officier de la marine marchande s'est lancé dans une nouvelle carrière de risque-tout en 2002, après avoir vendu en bourse son cabinet de chasseur de têtes. A 55 ans il s'attaque peut-être à son défi le plus difficile: rallier Nomé, en Alaska (Etats-Unis), à Pond Inlet, au Canada, via le fameux passage Nord-Ouest et ses glaces traitresses, jamais franchi à la rame.
Avec son "rameur des glaces", une embarcation de 6,80 m et 190 kg à vide en kevlar et carbone, Charles Hedrich espère partir dès cette semaine, sitôt arrivé à Nomé, via Anchorage, lundi. Ce sera alors une course contre la montre d'environ 3 mois et demi, avant que l'Océan Arctique ne regèle et que le passage Nord-Ouest ne soit plus qu'un cul-de-sac bloqué par les glaces.
"Il faut que j'arrive fin septembre au plus tard, sinon après c'est mort", a expliqué à l'AFP le futur galérien, avant de prendre le départ pour l'Alaska. En 2010, à bord de ce même bateau, Thomas Bonnier, un autre Français, avait déjà tenté cet exploit. Mais il avait été pris de vitesse par l'arrivée de l'hiver et du gel.
Admirateur de Fossett et Horn
Pour cette aventure, Charles Hedrich ne sera pas toujours seul: sur les deux-tiers du parcours, il devrait être accompagné par un second rameur, histoire de souquer 24 heures sur 24 et de grignoter quelques jours sur l'avancée des glaces. Parmi ces partenaires de "promenade", ses deux fils, Nelson et Grégor, ou encore Arnaud Tortel, avec qui il a passé 62 jours dans l'Arctique en 2009, entre Pôle Nord et Groenland.
Rameur aguerri -il vient de boucler fin 2012 le premier aller-retour sur l'Atlantique en solo-, cet admirateur de Steve Fossett et Mike Horn, deux des légendes de l'aventure, sait d'ores et déjà qu'il va souffrir. Et notamment du mal de mer.
"Je me connais, je sais que je vais être malade", explique-t-il, au sujet des quelque 100 premiers km de traversée, après Nomé, entre le Cap du Prince de Galles et Point Hope. Puis ce sera une inconnue: la force et le sens des courants: "La veine d'un courant peut faire 10 m de large, ou plusieurs km, et en cas de force contraire, ça peut faire des heures de perdues".
Une Winchester pour les ours
Autre paramètre, le froid. D'où la combinaison de survie, qui permet de rester jusqu'à 36 heures dans de l'eau proche de 0 degré. Et bien sûr la peur. Des plaques de glace, qui peuvent devenir de véritables pièges. Et des ours polaires: "Un réel danger", qui explique "la Winchester avec en permanence une balle engagée", confie Charles Hedrich.
Un téléphone satellite, pour rester en contact avec son routeur météo, Michel Meulnet, à Paris ; caméra et appareils photos, pour figer l'aventure sur papier ; un fusil donc ; des vêtements, dont ceux de ses futurs partenaires de "galère" ; et de la nourriture, locale, achetée à chaque escale, dans la petite dizaine de villages inuits sur le parcours : c'est une embarcation de quelque 250 kg au départ que Charles Hedrich va tenter d'emmener à la force des bras de la mer des Tchouktches à la Baie de Baffin.
Histoire de signer un nouvel exploit, après dix ans d'une carrière de globe-trotter qui l'a conduit d'un Paris-Dakar en 2003 au sommet de l'Everest, en 2006, puis sur la ligne d'arrivée du triathlon ironman de Nice et de l'ultra trail du Mont-Blanc en 2011.