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© AFP/Richard Bouhet
Les Espagnols Kilian Jornet (g) et Iker Karrera le 19 octobre 2012 à La Réunion lors de la 20e "Diagonale des fous"
L'Espagnol Kilian Jornet, vainqueur pour la deuxième fois de la très éprouvante "Diagonale des fous" vendredi à la Réunion, ne finit pas de courir sur les sentiers de la gloire, pulvérisant depuis cinq ans, tous les records de l'ultra-trail et d'autres sports extrêmes.
"Il est un cran au-dessus des autres", résume Julien Chorier, vainqueur de l'édition 2009 et 2011 du Grand raid de la Réunion. "Un phénomène comme ça, on en sort un tous les dix ou vingt ans", renchérit l'Américain Joe Grant, l'un de ses concurrents, qui le compare à Lionel Messi, la star du FC Barcelone dont il est fan.
Pour d'autres, c'est un "ultra-terrestre", "le plus grand coureur en montagne de tous les temps", voire tout simplement "Dieu", comme le titre samedi le Journal de l'Ile de la Réunion.
Jeudi et vendredi, le jeune Catalan de 25 ans, au physique filiforme (1,71 m, 55 kg) n'a fait qu'une bouchée des 2800 "fous" qui ont tenté de le suivre sur les 170 km de l'ultra-raid réunionnais et ses 10.845 mètres de dénivelé positif, l'équivalent de l'Everest et du mont Ventoux, posés sur l'un l'autre. Il a bouclé la course en un peu plus de 26 heures, ne s'arrêtant quasiment pas aux points de ravitaillement.
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L'Espagnol Kilian Jornet (au centre) au départ de la Diagonale des Fous à La Réunion le 18 octobre 2012
Sur les pas des conquistadors espagnols des siècles passés, Jornet ne connaît pas de frontières et s'emparent des titres aux quatre coins de la planète. En cinq ans, il en totalise pas loin d'une centaine.
A trois reprises (2008, 2009, 2011), il a remporté l'UMTB (Ultra trail du Mont-Blanc), la course référence des raiders. Quatre jours avant son arrivée à la Réunion, il a décroché son 5e titre mondial de skyrunning (course de montagne) à Bornéo (Malaisie).
L'Aneto à 5 ans
En août, il a battu le record de la traversée Courmayeur-Chamonix en passant par l'arête de l'Innominata (Mont-Blanc), seconde étape de son projet personnel "summits of my life", challenge qui doit le conduire à défier, d'ici 2015, les plus hauts sommets du monde dont l'Everest.
Partout où il passe, son côté gentil garçon, souriant, toujours disponible, ajoute à sa notoriété et en fait le chouchou du public. Pendant le Grand raid, il s'est arrêté des dizaines de fois en pleine course pour signer des autographes.
Né au refuge familial de Cap del Rec, à 2000 m d'altitude dans les Pyrénées espagnoles, il gravit son premier col (3000 m) à trois ans. A cinq ans, il atteint l'Aneto, plus haut sommet des Pyrénées (3400 m). Ces prédispositions associées un entraînement hyper-intensif (il parcourt l'équivalent de 20 fois l'Everest chaque année) forge son endurance.
La montagne, c'est son eldorado avec qui il entretient un rapport quasi-mystique.
"Tu te sens tout petit quand tu y es. Tu ressens la liberté. La montagne te permet de savoir ce que tu veux, ce que tu cherches dans la vie. La douleur n'existe pas, la montagne c'est que du bonheur", confie-t-il. Dans son livre "Courir ou mourir" paru en 2011, il se définit comme un "sky-runner", comme celui "qui court vers le ciel lorsqu'il court dans les montagnes".
En juin, le jeune Espagnol a été très affecté par la chute mortelle de son ami Stéphane Brosse, triple champion du monde du ski-alpinisme, qui l'accompagnait dans le massif du Mont-Blanc.
Il veut quand même "poursuivre ses rêves", comme celui qu'il nourrissait avant le départ de la "Diagonale des fous", de finir la course "main dans la main" avec Iker Karrera, mais son compatriote a été contraint à l'abandon.
"Les émotions partagées sont plus grandes", insiste "l'ultra-champion".