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© AFP/YASUYOSHI CHIBA
L'Ukrainienne Zola Ovsii lors des Jeux paralympiques de Rio, le 11 septembre 2016
"Quel est votre plus grand rêve?", crie l'entraîneur. "Devenir un médaillé des Paralympiques!", répondent tour à tour les enfants. Ces jeunes Ukrainiens handicapés ne pensent désormais qu'à une chose: répéter l'exploit de l'Ukraine, qui a terminé à une surprenante 3e place aux Jeux de Rio.
"Vous devez prendre votre vie en mains. Chacun doit se battre", lance Raïssa Lagoutenko, qui entraîne des enfants handicapés depuis plus de 10 ans et dont la piscine a vu passer trois des membres de la sélection paralympique nationale. "Il y a dix ans cette piscine était la seule à ouvrir ses portes pour les personnes ayant des besoins particuliers", raconte-t-elle.
"Maintenant, la situation s'améliore. De nouveaux clubs de sport sont en train d'être construits. Les Jeux Paralympiques sont diffusés à la télévision, ce qui rend la société davantage prête à accepter les personnes handicapées", ajoute-elle.
- 'Une honte' -
Les exploits de l'Ukraine qui a terminé troisième à Rio, avec 41 médailles d'or contre 40 pour les États-Unis, ont relancé les débats sur les conditions de vie pour les personnes handicapées dans cette ex-république soviétique.
"Bien que le drapeau bleu et jaune ait été hissé à Rio, et malgré la fierté, je ressens de la douleur et de la honte", a écrit Ivanna Klimpouch-Tsintsadze, vice-Premier ministre chargée de l'intégration européenne et euro-atlantique, sur sa page Facebook.
"Admettons-le: il est plus facile pour les sportifs ukrainiens des Jeux Paralympiques de remporter une médaille d'or que d'aller au magasin, ou même au cinéma dans la capitale du pays", a-t-elle lancé.
"C'est une honte qui nous démarque malheureusement des sociétés européennes", dit la jeune femme, pointant notamment du doigt le manque d'ascenseurs et de rampes dans les commerces et les lieux publics.
Pour Dmytro Chtchebetiouk, membre de l'équipe nationale de tir à l'arc à Rio, et co-fondateur de "Dostupno UA", un projet qui vise à évaluer l'accessibilité de diverses institutions pour les personnes handicapées, il est toujours difficile de rentrer en Ukraine après un séjour à l'étranger.
"Pour les gens à l'étranger, le sport n'est pas aussi important que pour nous car ils ont accès à beaucoup de choses. Ils peuvent sortir seuls de chez eux et aller quelque part, aller au travail", témoigne-t-il. La réalité en Ukraine est une chose à laquelle il faut "s'habituer", ajoute le sportif.
- 'Un désastre' à venir -
Andriï Chtcherbatski, 25 ans, s'est lui brisé les cervicales il y a six ans et vit depuis en fauteuil roulant. Au début, il ne savait pas comment il allait "continuer à vivre".
Mais le jeune homme habite à Vinnytsya, une ville de 370.000 habitants dans le centre-ouest du pays, qui fait figure d'exception pour la qualité de ses services aux personnes handicapées dans le paysage ukrainien.
Ces dernières années, de nombreuses infrastructures ont ainsi été mises en place pour faciliter la vie des personnes à mobilité réduite. Ainsi, chaque bus est désormais équipé de rampes d'accès.
"Beaucoup de choses ont changé au cours des deux dernières années. (...) Désormais, les transports sont accessibles. Les hommes d'affaires, les entreprises essayent de rendre leurs magasins ou leurs cafés plus accessibles", confirme Andriï.
Alors que l'Ukraine est confrontée depuis avril 2014 à un conflit entre son armée et des séparatistes prorusses qui a fait plus de 9.600 morts et plus de 20.000 blessés, la question de l'accessibilité pour les personnes handicapées devient cruciale, relève le site "Pidmoga.info", qui vient en aide aux soldats blessés.
S'il n'y a pas d'intégration, "nous serons confrontés à un désastre", souligne la chanteuse et écrivaine Irena Carpa, qui avait participé à une journée de sensibilisation aux conditions de vie des personnes à mobilité réduite, organisée par Pidmoga.info.