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Nicolas Jarossay, un pompier professionnel de 38 ans, a quitté dimanche le port de Praia au Cap Vert pour tenter de traverser l'Atlantique sur un stand up paddle en autonomie totale et sans assistance, revendiquant une première mondiale dans la lignée d'aventuriers comme Gérard d'Aboville et Alain Bombard.
Désormais, ce pompier professionnel du Gard, 1,90 m pour 90 kg, est seul face à l'océan. Il s'est éloigné des côtes capverdiennes à la rame, debout sur son stand up paddle habitable - "le premier au monde", affirme-t-il.
Il lui faudra franchir quelque 5.000 km et donner environ... 2,5 millions de coups de rame. Et surtout affronter des conditions extrêmes pendant 60 à 75 jours, la durée envisagée de sa traversée vers la Martinique.
Son embarcation: une planche insubmersible de 7 m de long sur 83 cm de large, dotée à l'avant d'une cabine de repos étanche de 2,2 m de long et 45 cm de haut et d'un coffre à l'arrière. A vide, le tout fait 100 kg.
Nicolas Jarossay commence sa journée-type par "faire son eau" au moyen de deux pompes manuelles de désalinisation lui permettant en deux heures de produire les 8 litres d'eau potable quotidiens nécessaires à sa survie: 3 litres pour sa nourriture lyophilisée et 5 litres à boire, a-t-il expliqué à la presse mi-mars.
Il rame ensuite huit heures par jour avec des pauses toutes les deux heures, avec l'aide d'un routeur expérimenté à terre, Patrick Favre. "A la voile, un routeur sert à vous dérouter pour éviter une tempête. Là, ça servira plutôt à me dire +accroche-toi+, car je ne vais pas assez vite pour éviter une tempête", a-t-il souligné.
- Observation des physalies -
Au-delà de l'exploit sportif, Nicolas Jarossay mènera également deux protocoles scientifiques, l'un sur l'observation des physalies, des gélatineux proches des méduses, pour Septentrion Environnement, et un autre, médical, sur l'étude de sa propre fatigue, au moyen d'un électrocardiogramme par jour.
Le sportif est équipé de dispositifs d'alerte pour éviter les collisions avec les bateaux, de deux téléphones satellitaires, deux GPS et deux balises de détresse lui permettant d'émettre 24 à 48 heures chacune, en cas de problème.
S'il devait les déclencher, un avion pourrait être affrété en douze heures pour lui larguer un canot de sauvetage, mais il faudrait plusieurs jours avant qu'un bateau puisse se dérouter sur zone.
Son avancée pourra être suivie sur le site www.sup-transatlantique.fr, mais il ne mettra à jour ses coordonnées GPS qu'une à deux fois par jour.
Malgré ces précautions, Nicolas Jarossay sait que la traversée sera périlleuse. "Ce que je fais, c'est écrit dans la littérature qu'on ne doit pas le faire", admet-il, revendiquant une filiation avec les grands aventuriers de la mer: Gérard d'Aboville, qui a traversé l'Atlantique puis le Pacifique à la rame en solitaire, ou encore Alain Bombard, premier à avoir fait l'expérience de "naufragé volontaire", ce qui l'a conduit à poser les bases de la survie en mer dans les années 1950.
Il bénéficie évidemment de l'expérience des rameurs mais la comparaison a ses limites: un bateau à la rame "fait une tonne", a-t-il expliqué, alors qu'avec tout son matériel et ses vivres à bord, le sien pèse un peu plus de 200 kg. Conséquence, il est plus rapide - "j'atteins 4 noeuds (près de 6 km/h) sur une mer plate, contre 2 à 3 noeuds pour un bateau à rame" -, mais il dérive facilement avec le vent.
Pour se préparer, ce spécialiste du Groupe de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux (GRIMP) et nageur sauveteur bénévole à la Société nationale de sauvetage en mer chez lui à Carro (Bouches-du-Rhône), près de Martigues, a suivi un entraînement spécifique et pratiqué des tests en Méditerranée pendant 5 jours et 5 nuits l'été dernier.
Il a également pris "5 à 6 kg" de gras car, malgré des portions alimentaires trois fois plus importantes que celles d'un homme normal avec près de 100 kg de vivres embarqués, il devrait perdre 10 à 15 kg.
Il sait que les premiers jours seront les plus difficiles. "Après, le corps s'habitue à l'effort", veut-il croire.