Happy Birthday : |
© AFP/GAIZKA IROZ
L'ouvreur Willie Du Plessis (c), alors à Bayonne, lors du match amical face aux Italiens de Zebre Parma, à Jean-Dauger le 5 août 2016
Longtemps inexistants ou exceptionnels, les transferts de joueurs se multiplient dans le Top 14, où les indemnités se généralisent avec des agents de plus en plus influents.
Les exemples pullulent. Récemment, l'ouvreur de Bayonne Willie du Plessis a été prêté à Montpellier jusqu'à la fin de la saison, entraînant une réclamation de Toulouse, pointant que le Sud-Africain n'était pas qualifié pour la rencontre entre les deux clubs.
Les internationaux français Lionel Beauxis (Bordeaux-Bègles) et Rémy Grosso (Castres), en fin de contrat avec leur club en fin de saison, ont rejoint respectivement Lyon et Clermont de manière anticipée, quasiment du jour au lendemain, comme joker médical.
Enfin, Maxime Mermoz, qui a tout gagné avec le RC Toulon depuis 2012. En manque de temps de jeu, il a été libéré en milieu de saison pour rejoindre Leicester. Et il a déjà annoncé sa destination suivante: ce sera Newcastle en 2017-2018 !
- Vers le basket ou le foot -
"On se rapproche plus du basket", explique à l'AFP Robins Tchale-Watchou, président du syndicat des joueurs professionnels Provale, qui évoque une baisse de "l'attachement à un maillot".
Au-delà de l'aspect affectif, cette évolution est liée à l'influence grandissante des agents des joueurs. "Ils essaient d'adapter au rugby ce qui se fait dans le foot", estime un dirigeant de club contacté par l'AFP.
"C'est à dire créer de la valeur pour eux, pour les joueurs, au détriment des clubs. C'est pousser les joueurs à partir, et toucher de l'argent sur le départ du joueur du club et à l'entrée dans le nouveau club", explique ce dirigeant, qui préfère garder l'anonymat.
"Neuf fois sur dix, c'est quand même le président qui demande au joueur de partir, et pas l'inverse. Et l'accord, c'est toujours le président qui le donne", répond Miguel Fernandez, directeur associé de CSM France (ex-Essentially), agence majeure du monde du rugby.
"Ce ne sont pas les agents qui incitent les joueurs à partir. Par ailleurs, les agents sont mandatés par des clubs", estime Fernandez.
Les cas de transferts sont rares ---comme le "pionnier" Benjamin Fall passant de Bayonne au Racing contre 500.000 euros en 2010-- puisque les joueurs ne quittent leur club qu'à la fin de leur contrat, libres de s'engager ailleurs.
"Dans les faits, on ne parle que d'indemnisation ou d'indemnité sur un contrat restant dû ou sur le paiement d'une clause libératoire" pour des joueurs qui ne vont donc pas jusqu'au bout de leur contrat, précise Fernandez.
Or, "les indemnités transactionnelles se généralisent", assure de son côté le dirigeant. "Les agents cherchent à avoir des indemnités de transfert de plus en plus élevées pour pouvoir avoir un pourcentage dessus."
- Effets pervers -
Par ailleurs, le marché est confronté aux effets pervers des fins de contrat. Ainsi, Lionel Beauxis a été autorisé par Bordeaux-Bègles à rejoindre Lyon dès le mois de février.
"Bordeaux lui a dit qu'il ne le gardait pas (la saison prochaine). A partir de ce moment-là, il n'est plus du tout concerné par le club et c'est dans l'intérêt financier de Bordeaux de le libérer et de toucher un peu d'argent", analyse le dirigeant.
Un autre phénomène a pris de l'ampleur, là aussi avec un effet pervers: les recrutements annoncés longtemps à l'avance, jusqu'à un an ou 18 mois.
Les clubs, qui peuvent passer à côté d'un joueur s'ils attendent la dernière année de son contrat pour le recruter, anticipent plus largement. Exemple Clermont: l'arrivée en Auvergne du pilier Rabah Slimani (Stade Français) la saison prochaine était actée avant même le début du présent exercice.
"Il faut que la Ligue interdise aux présidents de contacter les joueurs qui ne sont pas dans leur dernière année de contrat", affirme le même dirigeant.
Une telle mesure laisse Fernandez "sceptique". "Sur la base de quel fondement juridique peut-on empêcher un employeur de contacter un employé d'une autre entreprise ?", se demande l'agent.