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© AFP/Kenzeo Tribouillard
Le skipper français Lalou Roucayrol, le 27 octobre 2010 à Saint-Malo
Lalou Roucayrol et Mayeul Riffet, dont le trimaran (Arkema-Région Aquitaine) avait chaviré dimanche au large du Portugal, ont été récupérés par un remorqueur jeudi après avoir vécu dans leur bateau retourné pendant trois jours et demi, au cours desquels ils ont "beaucoup appris sur (eux-mêmes), sur la survie en mer".
Le multicoque de 15,24 m, qui participait à la Transat Jacques Vabre Le Havre-Itajai (Brésil), est désormais remorqué vers les côtes portugaises. Toujours à l'envers, car l'opération de redressement n'a pu être tentée en raison de l'état de la mer.
Le West, un remorqueur néerlandais, avait quitté Lisbonne mardi soir avec quatre membres de l'équipe et du matériel nécessaire au retournement du voilier. Il est arrivé au contact du trimaran à 12h00 heure française (11h00 GMT).
"Les conditions de mer n'auront pas facilité la tâche des secours. Ceux-ci ont dû, en effet, composer avec des creux de 4 mètres et plus de 30 noeuds de vent ce qui a considérablement ralenti leur progression. Il leur aura ainsi fallu 36 heures pour arriver sur zone et récupérer les deux marins", a indiqué leur équipe dans un communiqué.
"Notre espoir était de sauver le bateau, a déclaré Roucayrol une fois à bord du West. Nous le ramenons donc ainsi et pour l'instant il est intact. Ce bateau représente l'incroyable travail d'une équipe depuis 3 ans, et il me tenait à coeur de le ramener au port".
"Je n'en suis pas à mon premier chavirage et à chaque fois, je reviens à mon humble niveau de la perception humaine, de la condition de marin, a-t-il ajouté. Nous avons réussi à tenir grâce aux nombreux messages de soutien que notre équipe nous a transmis, de nos partenaires, de nos familles, des amis et des journalistes".
"Avec Mayeul, nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes, sur la survie en mer mais aussi sur cette opération de sauvetage très compliquée. Replonger, se faire récupérer par le remorqueur dans une mer forte, avec beaucoup de prise de risques, c'est dur! On va prendre le temps de réfléchir à tout ça pendant les 4 jours de mer qui nous attendent avant d'arriver à Cascais", au Portugal.
"On essaie de ne pas devenir dingue"
"Ça ne va pas mal, a confirmé Riffet. On est maintenant sur le remorqueur. On a enfin pu prendre une douche et manger un bout. Notre bateau est toujours à l'envers et fait route vers Lisbonne accroché derrière nous. Les conditions de mer sont tellement mauvaises qu'il a été très difficile de mettre le bateau en remorque et donc impossible de faire la manoeuvre de retournement".
"Dans nos 4 mètres carrés, on a fait passer le temps comme on a pu, a-t-il poursuivi. On jetait régulièrement un coup d'oeil dehors puis nous devions également nous occuper du bateau. A l'intérieur, on a fait de la lecture et nous avons beaucoup parlé avec Lalou: de nous, de l'avenir, de choses et d'autres. Dans ces conditions, on pense beaucoup et on essaie de ne pas devenir dingue dans cet espace confiné".
Mercredi, Roucayrol avait exclu de quitter son bateau.
"Je suis un marin et je n'ai jamais abandonné un bateau", avait-il déclaré, joint par l'AFP sur son téléphone satellite Iridium. "On s'est organisé une tanière à l'arrière du bateau et on a la chance de ne pas avoir d'eau à l'intérieur".
Il avait longuement raconté la vie des deux hommes recroquevillés à l'intérieur du bateau, "relativement" au sec, mais de plus en plus secoués par une mer démontée.