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© AFP/Harry How
Le quarterback des San Francisco 49ers signe des autographes à l'issue du match contre les Chargers à San Diego, le 1er septembre 2016
En poursuivant son boycottage de l'hymne des Etats-Unis pour protester contre le racisme policier, le joueur de football américain Colin Kaepernick continuait vendredi d'alimenter une polémique nationale, étant vu comme un héros ou un traître.
Jeudi soir, dans la ville californienne de San Diego, le quarterback des San Francisco 49ers a de nouveau refusé de se lever alors que tout le stade des "Chargers" entonnait "Star-Spangled Banner" (La Bannière étoilée).
Contrairement à la semaine précédente, Colin Kaepernick n'est pas resté assis sur son banc mais a posé un genou à terre. Un autre membre de son équipe, Eric Reid, l'a imité en solidarité. Le reste des joueurs ont eux chanté la main sur le coeur et le regard braqué vers le drapeau, comme la tradition l'exige.
San Diego est le port d'attache de l'immense flotte du Pacifique et les habitants directement liés à l'US Navy s'y comptent par centaines de milliers.
C'est d'ailleurs un marin en uniforme blanc qui a dirigé le chant, connu de tous les Américains, célébrant "la terre de la Liberté et la patrie des courageux". La soirée sportive incluait de surcroît le 28e "Salute to the Military", un hommage annuel aux engagés et retraités des forces armées.
Autant dire que la posture de défiance de Colin Kaepernick, un métis de 28 ans qui a été adopté et élevé par un couple de Blancs, n'a laissé personne indifférent. Jeudi soir, il a été conspué à chacun de ses touchers de ballon par une bonne partie des spectateurs. Pourtant, s'est-il défendu, son attitude ne voulait pas offenser les militaires, bien au contraire.
- L'immoral dans les chaussettes -
Il s'agit du troisième match en moins de deux semaines où Kaepernick choisit de contester le symbole d'un pays où, dit-il, l'impunité continue à profiter à des policiers coupables d'homicides contre des Noirs non armés.
Chaque geste du meneur de jeu au maillot siglé du chiffre 7 est désormais scruté à la loupe. Jusqu'à ses chaussettes à l'entraînement, où des regards bien affûtés ont repéré des images de porcs en uniforme policier.
Dans un communiqué sur Instagram, Kaepernick s'est expliqué sur ses chaussettes: "Les policiers sans scrupules qui se voient confier des postes dans des services de police mettent en danger non seulement la population mais aussi les policiers ayant de bonnes intentions, car ils créent une atmosphère de tension et de défiance".
La controverse a pris une ampleur nationale, divisant grossièrement les Etats-Unis en trois groupes:
- Il y a d'abord ceux qui saluent le "courage" de Colin Kaepernick, estimant que le joueur fait bien d'utiliser sa notoriété pour dénoncer un problème réel. Oui, le racisme existe bien chez de trop nombreux policiers en Amérique, disent-ils, et la communauté noire est victime de harcèlements quotidiens, voire d'abus manifestes comme l'ont illustré de récentes bavures choquantes dans le Minnesota, en Louisiane ou à Chicago.
- Américains divisés -
- Il y a ensuite ceux qui, sans approuver son opinion, lui reconnaissent le droit de l'exprimer au nom du sacro-saint Premier amendement de la Constitution. La Maison Blanche s'est ainsi clairement démarquée du sportif, sans demander qu'il cesse sa contestation.
- Il y a enfin ceux qui considèrent que les outrages à l'hymne ou au drapeau américains sont intolérables. Ceux-là exigent la suspension du joueur, voire son renvoi de la ligue de football américain. Le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump, a lui conseillé au joueur de "chercher un pays mieux adapté".
Le joueur aux bras tatoués est en tout cas parvenu à rassembler des soutiens très divers et jusqu'à des anciens combattants ! Considéré comme l'un des meilleurs joueurs de l'histoire de la NBA, Kareem Abdul-Jabbar a confié son "admiration" pour le joueur.
Un autre champion de football américain, Jeremy Lane, est lui resté sur son banc jeudi soir au moment de l'hymne précédant le match entre son équipe des "Seattle Seahawks" et celle des "Oakland Raiders".