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© AFP/JEAN-PIERRE CLATOT
Nathalie Mauclair (d), le 29 août 2015 lors du 13e Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) au Grand Col Ferret (Italie)
On ne demande pas l'âge des dames: Nathalie Mauclair va défendre son titre de double championne du monde de trail samedi à Gerês (Portugal), du haut de ses 46 ans.
Son histoire est celle d'un défi au temps. Les performances de cette Mancelle qui a découvert la compétition il y a seulement 6 ans, lorsqu'elle en avait 40, en se lançant le défi de courir un marathon (42,195 km), interpellent autant qu'elles émerveillent.
Six ans après ses débuts, cette cadre infirmier "à 75%" et mère de deux enfants, a deux titres mondiaux (2013 et 2015) et un Ultra-trail du Mont-Blanc en poche. En 2016, elle a terminé deuxième du Marathon des sables (quelque 250 km en six étapes et autosuffisance alimentaire), en avril au Maroc. Elle a ensuite disputé deux épreuves de niveau moindre, à l'Ile Maurice et en Cappadoce (Turquie).
L'occasion de s'en mettre plein les yeux car, dit-elle, "le rapport à la nature, à son propre corps" est essentiel. Au-delà des défis et de la souffrance, les sensations visuelles, auditives et olfactives dans l'immersion des paysages constituent le +Nirvana+ d'une activité sportive qui compte de plus en plus de prosélytes.
A un âge ou certaines sportives de haut niveau se prélassent dans une retraite méritée, elle continue à défier les règles que certains pouvaient croire intangibles.
Pour expliquer sa quarantaine conquérante, la traileuse de choc avance simplement qu'elle n'a pas puisé dans ses réserves physiques et psychologiques.
"En 2015, j'avais couru quatre grandes courses (en fait cinq, entre fin août 2014 et fin août 2015), dont la Diagonale des Fous (à la Réunion, 166 km et près de 10.000 m de dénivelé positif). J'étais un peu lasse et il me fallait retrouver du plaisir", insiste Nathalie Mauclair.
Mais l'explication est certainement ailleurs.
- 40 ans à 60 -
Directeur du service médical de la Fédération française d'athlétisme (FFA), Jean-Michel Serra élargit la focale. "Avec les conforts de vie actuels et les progrès de la médecine, on paraît 40 ans aujourd'hui quand on en faisait 60 il y a quelques dizaines d'années. On retrouve une partie de ces éléments chez les gens qui n'ont pas eu de sollicitations sportives trop tôt", remarque le praticien.
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Nathalie Mauclair, le 29 août 2015 lors du 13e Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) au Grand Col Ferret (Italie)
Les carrières sont plus longues dans les disciplines de résistance, grâce au travail répétitif et au fait que le mental devient prépondérant.
M. Serra cite en exemple ces cyclistes amateurs qui tiennent des moyennes de 35 km/h à 70 ans et plus, ce dont sont incapables les plus jeunes.
Les champions de la petite reine Gino Bartali et Raymond Poulidor, entre autres, ont été performants jusqu'à l'aube de leurs 40 ans, et le Portugais Carlos Lopes a été sacré champion olympique du marathon, en 1984 à Los Angeles, à 37 ans et demi.
De récentes études ont montré qu'on pouvait maintenir 90/95% de son potentiel aérobique maximum pendant une dizaine d'années. La "madone" du trail peut donc surfer sur cette vague de succès quelques saisons encore.
Mais le trail, discipline encore neuve, est encore peu fréquentée, la concurrence y est moindre. Les Français avaient d'ailleurs raflé les quatre titres mondiaux (individuels et par équipes dames et messieurs) en 2015 à Annecy. L'équilibre des forces devrait changer dès lors que des nations comme le Kenya et l'Ethiopie notamment, qui dominent déjà les courses sur route, défricheront le terrain du trail.