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© AFP/Thierry Zoccolan
Le duo d'entraîneurs de Castres Laurent Travers (g) et Laurent Labit, lors d'un match contre Clermont au stade Marcel Michelin
Reconnus par leurs pairs après avoir hissé quatre ans de suite le club de Castres en phase finale du Top 14, Laurent Travers et Laurent Labit ont l'occasion d'enfin ouvrir leur palmarès d'entraîneurs samedi contre Toulon.
Après avoir entraîné Montauban (2004-2009) et Castres (depuis 2009), le duo a été choisi par le riche président du Racing-Métro Jacky Lorenzetti pour diriger son armada d'internationaux la saison prochaine. Sans avoir encore remporté un titre.
Malgré ce palmarès vierge, les critiques contre les deux techniciens sont rares. Seul Pierre Berbizier, écarté de son poste de manager du Racing par leur arrivée, s'est récemment fendu dans la presse d'une réplique amère: "Travers et Labit ne sont pas les champions du monde, ils sont champions du Tarn".
"Ce qu'ils ont déjà réussi à faire avec les équipes dont ils disposaient, cela équivaut à beaucoup de titres", rétorque le deuxième ligne Matthias Rolland, qui les a suivis de Montauban à Castres.
En neuf ans de carrière commune, les deux hommes ont réalisé des prouesses dans des clubs "familiaux" aux budgets moindres que les grosses écuries de Toulouse, Clermont, Toulon ou le Racing.
"Quand à Montauban, on monte de Pro D2 au Top 14 (en 2006) et que deux ans après on fait la Coupe d'Europe (en 2008-2009, ndlr), c'est presque l'équivalent d'un titre pour une grande équipe", insiste Rolland, qui prendra le poste de manager du CO après leur départ.
Et quand les deux hommes arrivent à Castres en 2009 en succession d'Alain Gaillard, le club tarnais sort d'une saison agitée terminée à la 12e place. Le résultat de leur travail est immédiat: leur groupe se qualifie pour les barrages du Top 14 (défaite 35-12 contre Toulouse). La progression est constante: nouvelle qualification pour les barrages en 2011 (défaite 18-17 contre Montpellier), puis pour les demies en 2012 (défaite 24-15 contre Toulouse) avant cette année la finale du Championnat, que le club n'avait plus atteinte depuis 1995.
Pour évoquer les raisons d'une telle réussite, tous mettent en avant, outre leur science tactique, les qualités humaines d'un duo complémentaire et très proche dans la vie.
"Ce sont des mecs avec qui tu peux parler", explique le troisième ligne Yannick Caballero, à qui manqueront les boutades et taquineries de "Lolo" (Labit) et "Toto" (Travers), tous deux nés en 1968. Pour le joueur qui les a également connus à Montauban, "avec d'autres priorités au CO, ils sont restés tels quels".
"Leur complicité est devenue de plus en plus forte, ajoute même Rolland. Ce sont deux tempéraments pas opposés mais complémentaires: quand il faut mettre un coup de gueule, c'est plus Travers qui va le faire mais quand il faut prendre un peu de recul, Labit prend le relais".
Ils ont bâti un groupe soudé autour de fidèles Montalbanais (Diarra, Caballero, Rolland), de joueurs en manque de temps de jeu (comme les anciens Toulonnais Andreu, Taumoepeau et Samson), de jeunes talents (Dulin, Martial...) et d'internationaux peu connus (Tekori, Kockott, Masoe...).
Et les signes de reconnaissance n'ont pas tardé.
Sous leurs ordres, après Ibrahim Diarra lors de leur période montalbanaise, plusieurs joueurs du CO ont intégré le XV de France où seul figurait jusqu'alors le deuxième ligne Lionel Nallet. Les piliers Luc Ducalcon et Yannick Forestier, le deuxième ligne Christophe Samson, le troisième ligne Antonie Claassen et les ailiers Marc Andreu et Romain Martial ont tous revêtu le maillot bleu. L'ouvreur Rémi Talès rejoindra ce contingent lors de la tournée de juin en Nouvelle-Zélande.
Et ces derniers suscitent les convoitises: Ducalcon est parti au Racing-Métro à la dernière intersaison, le N.8 Chris Masoe a rejoint Toulon après avoir été élu meilleur joueur de la saison, Andreu les suivra au Racing la saison prochaine, Joe Tekori gagnera Toulouse, Thierry Lacrampe ira à Clermont...
"Peut-être qu'il leur manque un Bouclier de Brennus ou une Coupe d'Europe mais maintenant ils vont partir pour une grosse écurie et s'ils n'entament pas leur palmarès ce week-end, ce sera pour les années à venir", assure Mathias Rolland. "Finir champions, ce serait le plus beau cadeau à leur faire, ajoute Diarra. Pour tout ce qu'ils ont fait pour nous".