Happy Birthday : |
© AFP/MIGUEL MEDINA
Match entre le Racing 92 et le Stade Français, le 8 octobre 2016 à Colombes
Le Stade Français et le Racing 92, les deux clubs historiques de la région parisienne, se sont mutuellement influencés, chacun prenant appui sur l'autre pour se démarquer. Tour d'horizon de leurs ressemblances et différences.
. Novateurs et provocateurs
Dans un sport très codifié, ces deux vénérables institutions ont tour à tour bousculé les conventions. Le Racing d'abord, dans les années 1980, avec la bande du "Showbizz": Eric Blanc, Jean-Baptiste Lafond, Philippe Guillard et Franck Mesnel gagnent la finale du championnat de France 1990 avec un noeud papillon rose. Parmi leurs supporters... un certain Max Guazzini, qui deviendra deux ans plus tard président du Stade Français.
"Le rose", devenue la couleur du Stade, "vient de là, de son attachement à ce qu'on représentait pour lui, c'est-à-dire des gamins sympas et un peu fous", affirme Philippe Guillard à l'AFP.
Quelques années plus tard, l'ascenseur est à la fois sportif et médiatique: Guazzini fait renaître le Stade Français (champion 1998, 2000, 2003, 2004, 2007) en révolutionnant son image (maillot rose, calendrier des Dieux du stade, animations...), tandis que le Racing déprime en deuxième division.
. Parisien mais affectueux
Le Racing, qui a rajouté le 92 à son nom, "c'est la banlieue", tranche le Stadiste Jonathan Danty dans un entretien à l'AFP. "Le Stade Français, c'est le club de Paris, non?", renchérit Guazzini.
"Un club festif, décalé, comme l'est Paris" et qui pouvait, contrairement au voisin, "se permettre des folies parce qu'on revenait de la 4e division et un peu de l'oubli", rappelle l'ancien homme fort du club (1992-2011). Un "club de famille", ajoute Guillard, "à l'image de Max, qui n'était que dans l'humain, l'affectif".
"Il y a un affect très fort pour le Stade Français", confirme Guazzini, qui a retracé son parcours dans son autobiographie "Je ne suis pas un saint" (éditions Robert Laffont). Il ajoute, taquin: "Je ne veux pas parler des autres mais a contrario, vous comprendrez..."
L'affect est aussi endogène. "On a quand même un gros contingent formé ici", souligne Danty. "En plus on a des joueurs comme Pascal (Papé) ou Julien Dupuy qui sont là depuis 10 ans. Ce n'est pas le même attachement au club."
. Bien éduqués
Virage professionnel oblige, le derby vaut surtout pour les jeunes, chez lesquels une "vraie rivalité sportive" persiste, souligne Danty. "Le Racing a toujours été aussi une très belle école de rugby, donc dès le plus jeune âge, c'est l'équipe contre laquelle on doit gagner, faire des gros matches."
"C'est vraiment un match qu'on nous apprend à détester perdre", confirme Chavancy. "En plus, les générations se suivent chaque année, donc une défaite une année, et l'année suivante on a envie de se venger face aux mêmes joueurs."
. Plus ou moins (bien) vêtus
L'héritage Guazzini, c'est aussi une collection de maillots des plus colorées et sans cesse renouvelée, tandis que celui du le Racing n'a pas varié d'un iota.
"On a la chance d'être dans un club très attaché à ses couleurs. Ces couleurs ciel et blanc étaient les mêmes il y a 100 ans, si vous regardez les photos. Cela veut dire beaucoup. Il y a une culture, une histoire extrêmement forte au Racing", estime le centre Henry Chavancy. "Le maillot du Stade Français change tous les six mois..."
Le code vestimentaire du Racing, c'est aussi l'élégante tradition du blazer et de la cravate obligatoires "sous peine d'amende", se souvient Guillard. "Le premier à avoir repris cela, c'est Max Guazzini", souligne l'ancien ailier, reconverti journaliste. Quand ses joueurs étaient habillés...