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© AFP/MIGUEL MEDINA
Benjamin Tameifuna (Racing 92) tente de résister à un double plaquage par des joueurs du Stade français, lors du derby de Colombes, le 8 octobre 2016
La fusion imminente annoncée lundi entre le Racing 92 et le Stade Français, apparue à leurs présidents respectifs "comme une évidence pour assurer l'avenir", pose néanmoins de multiples questions quant à ses modalités et ses conséquences.
- Pourquoi cette union? -
"C'est Thomas (Savare, le président du Stade Français, ndlr) qui en a parlé le premier, il y a huit mois", a expliqué Jacky Lorenzetti. Perplexe au début, le patron du Racing 92 évoque une "révélation": "Je me suis rendu compte également que c'était la meilleure solution pour pérenniser nos deux clubs et devenir une référence dans le rugby hexagonal et au delà", a-t-il déclaré lors de la conférence de presse de présentation du projet, "pour ne plus gagner (le Top 14) une fois mais à chaque fois." L'union des deux clubs franciliens permettra, selon ses promoteurs, d'agréger les publics de clubs qui, aujourd'hui, peinent à remplir leurs stades. "Le Racing a une moyenne de 8.000 spectateurs, le Stade Français 12.000, donc nous pouvons envisager de tourner à plus de 20.000", calcule Lorenzetti, dont le club doit disposer dans les prochaines semaines d'une nouvelle enceinte, l'Arena 92. "Ce ne sera plus le club de Paris, le club des Hauts-de-Seine mais le club de l'Ile-de-France". "Ce qui est surprenant, c'est que deux clubs de rugby ne puissent pas survivre dans le Grand Paris. Cela signifie que la culture rugby, la culture sport, la culture de clubs est peu satisfaisante", estime Lionel Maltese, professeur associé en management du sport à Kedge Business school.
- Quel contrat de mariage? -
"Le Racing 92 ne va pas avaler le Stade Français", ont martelé les présidents tout au long de leur conférence de presse. Concrètement, les deux hommes privilégient la politique de la table rase: l'équipe professionnelle issue de la fusion serait une nouvelle entité dotée d'un nouveau numéro d'affiliation à la Ligue. Les associations supports du Racing 92 et du Stade Français, qui perdureront notamment pour abriter les équipes de jeunes et féminines sous leurs maillots historiques, délivreraient à l'équipe professionnelle une autorisation de les représenter. "Cette fusion doit se faire sur la base d'un équilibre. Nous voulons garder et réunir l'ADN des deux clubs", a insisté Thomas Savare, précisant que les partenaires actuels seraient "additionnés", comme les supporters. De la même manière, la future équipe pro, dont ni le nom, ni le logo ne sont encore définis, devrait se partager entre les stades actuels: la future Arena 92 et le stade Jean-Bouin, rénové par la ville de Paris à hauteur de 200 millions d'euros. Mais dans une fusion, "ce n'est jamais 50/50. Il y a toujours un mangeur et un mangé", prévient Lionel Maltese.
- Quelles conséquences à la fusion? -
© AFP/Vincent LEFAI
Top 14 : classement
Le premier effet du mariage annoncé, le plus visible en tous les cas, est sans doute la colère des membres de la +famille+. Joueurs et supporteurs ont rivalisé de virulence lundi pour, la plupart du temps, dénoncer le rachat déguisé du Stade Français par son rival. Vision induite notamment par la confirmation du duo d'entraîneurs du Racing, Laurent Labit et Laurent Travers, pour entraîner la nouvelle équipe la saison prochaine, sous la houlette de Lorenzetti, président du directoire. "On a conscience d'avoir mis une bombe", a reconnu Thomas Savare qui prendra, lui, la présidence du conseil de surveillance et a placé son actuel directeur général dans la nouvelle structure. Savare et Lorenzetti vont faire de la pédagogie auprès des supporters et des joueurs. Et tenir la porte ouverte à ceux qui voudront quitter le nouveau navire. "On a 45 joueurs d'un côté et 45 de l'autre, il nous en faudra 45 à l'arrivée", calcule-t-il encore. En ce qui concerne le personnel excédentaire, "il pourra rejoindre l'administration de l'Arena 92 qui devait être recrutée dans les prochaines semaines". Le prochain match entre les deux clubs aura lieu le 29 avril avec une "farouche envie de l'emporter chez les deux", ont rassuré les présidents. Pas d'ambiguïté, donc, à craindre sur le plan éthique dans cet ultime derby. La LNR a quant à elle fait savoir qu'elle "accompagnerait les équipes dirigeantes des deux clubs dans la concrétisation de ce projet".