Happy Birthday : |
© AFP/REMY GABALDA
L'ancien 3e ligne aile et patron de la régie publicitaire du Stade Toulousain Didier Lacroix avant le coup d'envoi du match contre Agen à Ernest-Wallon, le 8 mai 2017
Changement d'ère et de modèle au Stade Toulousain: Didier Lacroix a été nommé mardi président avec dans ses bagages la société de marketing Infront qui va renflouer les caisses en échange des droits sur l'une des marques les plus renommées du rugby.
Après le départ du manager emblématique Guy Novès il y a deux ans pour le XV de France, c'est au tour du président Jean-René Bouscatel, artisan avec Novès du succès du club le plus titré du rugby français (19 Boucliers de Brennus dont 9 sous leurs ordres), de passer la main à 71 ans après près de 25 ans de présidence.
Comme attendu depuis des semaines, le club, qui s'appuie sur le plus gros budget du Top 14 (35 millions d'euros), a choisi pour lui succéder Didier Lacroix, ancien troisième ligne aile de 47 ans et patron de la régie publicitaire du club A la Une.
Soit un pur produit de la maison rouge et noire (six fois champion de France en 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2001 et vainqueur d'une Coupe d'Europe en 1996) et membre d'une famille estampillée Stade Toulousain. Son père Jean a en effet été dirigeant du club tandis que son frère Michel est membre du conseil de surveillance.
"J'ai occupé tous les postes dans ce club, il m'en manquait un", a souligné lors d'une conférence de presse Lacroix qui entre au directoire aux côtés de l'ancien joueur Thomas Castaignède.
- 'Le nerf de la guerre sera financier' -
Sa tâche ne sera pas aisée alors que le club vient de vivre une saison cauchemardesque terminée à la douzième place et à l'issue de laquelle il a été absent des phases finales pour la première fois depuis 41 ans. Une déconvenue historique qui acte le lent déclin entamé depuis 2012, année du dernier Brennus soulevé place du Capitole.
Et surtout alors que son modèle économique, basé sur l'indépendance et qui a fait son succès, montre ses limites face à la course à l'armement des autres grosses écuries du Top 14 financées par des présidents-mécènes comme Montpellier ou le Racing 92.
"Je pense que le modèle du Stade Toulousain peut encore être performant sur un plan sportif et économique", a assuré Lacroix tout en soulignant que "bien entendu, le nerf de la guerre sera le financier" et qu'il était "évident que le modèle financier du Stade Toulousain doit être réfléchi".
Ce modèle est d'ores et déjà chamboulé par l'arrivée du groupe suisse de marketing sportif Infront Sports & Media pour gérer pendant au moins dix ans la régie commerciale du club, assurée depuis 1994 par la société A la Une de ... Didier Lacroix. Ce qui évite au passage un conflit d'intérêt au nouveau président.
- Un premier apport de 3,5 millions d'euros -
Propriété du conglomérat chinois Wanda depuis 2015, Infront apporte une contribution de "3,5 millions d'euros dont le Stade Toulousain avait besoin immédiatement", a indiqué le directeur général France d'Infront, Jean-François Jeanne. Et ce pour reconstituer ses fonds propres et s'éviter ainsi début juin les foudres du gendarme financier du rugby français.
Dirigé par Philippe Blatter, le neveu de Sepp, l'ancien patron de la Fifa, Infront compte parmi ses clients la Fifa, la Ligue de Football Professionnel, les fédérations de football italienne et allemande, l'AS Monaco, l'Inter Milan ou de nombreuses fédérations de sports d'hiver.
En mettant les deux pieds au Stade Toulousain, Infront veut faire fructifier la "marque la plus forte du rugby mondial", selon Jean-François Jeanne, et étendre sa présence dans le ballon ovale dans lequel le groupe suisse travaille déjà notamment avec Toulon et a racheté l'année dernière la société de communication de l'ancien international agenais Philippe Sella.
"On prévoit une augmentation des revenus sur les 10 prochaines années avec des croissances à deux chiffres", a promis M. Jeanne. Des sommes dont le Stade Toulousain aura besoin pour enrayer son déclin.