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© AFP/BERTRAND LANGLOIS
"Jouer simple", le credo de l'Anglais Richard Cockerill, entraîneur par interim du RC Toulon, ici le 9 avril 2017 face à Toulouse
"Jouer simple" est le credo de l'Anglais Richard Cockerill, chef commando de Toulon pour décrocher le bouclier de Brennus, un comble pour un amateur de "french bashing", a-t-il admis à l'AFP avant le barrage à domicile contre Castres, vendredi.
Q: Comment définiriez-vous votre philosophie de jeu?
R: "Je pense que si on parle de philosophie on risque de s'embrouiller un peu l'esprit. Une bonne équipe doit être bonne partout, en défense et en attaque, une bonne mêlée, un bon alignement, un bon jeu au pied... Alors revenons aux basiques: jouer simple et aimer jouer ensemble. Et puis un bon coach a surtout de bons joueurs, si vous les avez, vous pouvez développer n'importe quel style de jeu, et ici nous avons de bons joueurs."
Q: Adjoint depuis février, coach principal depuis le 4 avril, et à Édimbourg la saison prochaine, comment prépare-t-on une mission commando?
R: "C'est un peu difficile au début, oui, mais il y a des joueurs de classe mondiale dans cette équipe, et si vous vous appuyez sur le bon sens et leur savoir-faire, c'est assez simple finalement de préparer les matches. Si j'étais ici pour longtemps j'aurais peut-être fait les choses différemment, mais là l'important est de préparer les joueurs. Normalement si vous êtes bon hors du terrain vous êtes bon sur le terrain, mais ici je dois m'adapter au fait que le +hors du terrain+ peut être un tout petit peu plus relax, mais tant que c'est bon sur le terrain, +la vie continue+ (en français, NDLR)."
Q: Est-ce vrai qu'il vous a fallu vous habituer à la mentalité française, pas traumatisée pour 10 minutes de retard à la réunion?
R: "(Rires) La culture française est différente de l'anglo-saxonne, ce n'est pas moins bien, hein, juste différent. Ici on me dit toujours: +Pas de soucis+ (en français, NDLR), pas de problème. Je pense que la vie est un peu plus relax ici qu'en Angleterre, il suffit de s'adapter un petit peu, sinon ce serait une bataille de tous les jours (il tape le dos de sa main dans la paume de l'autre). L'important est que nous avons gagné tous les matches depuis que je suis en charge."
Q: Qu'est-ce qui change le plus avec Leicester, votre club pendant 23 ans (joueur puis entraîneur)?
R: "La perception de l'extérieur. A Toulon, les joueurs sont vus comme des rock-stars, mais les gars bossent dur. Je suis impressionné par la charge de travail de Mathieu Bastareaud, par exemple. Guilhem Guirado a été incroyable, des gars comme Juanne Smith, Duane Vermeulen ou Juan Lobbe travaillent très dur. Le stade et les supporters sont très passionnés. Et puis 2 ou 300 personnes viennent nous voir quand l'entraînement est ouvert au public, ce qui n'est pas courant en Angleterre, et les jours de matches... A Leicester ils aiment leur équipe aussi bien sûr, mais la passion s'exprime différemment. Ici c'est très extériorisé, il y a des orchestres, les gens chantent, c'est plus vocal. En Angleterre, c'est un peu plus, comment dire? Poli, réservé, à l'anglaise, quoi!"
Q: A Leicester, vous aviez choisi ou formé tous vos joueurs. Ici vous les découvrez. Comment bâtir une équipe?
R: "Mais ces joueurs sont Matt Giteau, plus de 100 test-matches (avec l'Australie), Ma'a Nonu, plus de 100 test-matches (avec la Nouvelle-Zélande), Bryan Habana (Afrique du Sud) pareil... Il y a énormément d'expérience. Quand vous arrivez à Toulon et que vous devez entraîner ces joueurs-là, plus Gorgodze, Taofifenua, Halfpenny, que vous n'avez jamais entraînés avant, vous devez être sûr de savoir ce que vous faites, sinon ils vont le sentir. Mais j'ai aimé le défi, j'espère avoir apporté quelque chose, et j'espère que nous finirons champions de France!"
Q: Ce serait cocasse, après avoir vous-même pratiqué le "french bashing"!
R: "Bien sûr! Je suis Anglais (rires)! Quand je me suis présenté pour la première fois, tout le monde m'a dit: +C'est vous le coach qui disiez que nous étions des mercenaires?+ Oui, c'était moi, désolé. Même si la saison a été difficile, avec en tout cinq entraîneurs différents, il faut juste que je dure jusqu'à fin mai!"
Q: Il vous est aussi arrivé d'accuser les Français de tricher...
R: "Toujours (rires). Quand j'entraîne Toulon nous ne trichons jamais, quand j'entraîne Leicester pareil. Ce sont toujours les autres qui trichent. J'essaie toujours de tout faire pour que mon équipe gagne, si je peux influencer l'arbitre ou sa perception de l'autre équipe, je ne vais pas m'en priver! C'est le jeu!"
Propos recueillis par Emmanuel BARRANGUET