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Castres a déjoué les pronostics en réussissant ce qui avait été impensable pendant plus de quatre ans: faire tomber Clermont chez lui à Marcel-Michelin (22-16), pour décrocher sa qualification pour les demi-finales de Top 14.
Ils ont éteint le volcan! Là où 77 équipes ont successivement mordu la poussière depuis novembre 2009, Castres s'est imposé pour entretenir l'espoir d'un deuxième sacre national d'affilée. La route d'une nouvelle finale passera par Lille samedi prochain (16H30), où les Tarnais se mesureront à Montpellier, leur victime préférée en phase finale puisqu'ils restent sur deux victoires en barrages (2012 et 2013).
La défaite historique de Toulouse, qui ne participera pas pour la première fois en 21 ans à une demi-finale de championnat, vendredi face au Racing-Métro (21-16), aurait pu éveiller les soupçons clermontois. Cela présageait-il d'un week-end sismique ?
Brouillons dans le jeu courant, incapables de bonifier leurs périodes de supériorité numérique, secoués au sol, les Auvergnats ont logiquement plié. Et c'est ainsi que se tourne une page entière de leur histoire: le manager emblématique Vern Cotter, aux commandes depuis 2006, se retire sur cette défaite pour prendre les rênes de la sélection écossaise, avec l'amertume de ne pas avoir su ajouter un autre titre à celui de 2010.
"On est déçu mais Castres a su saisir sa chance et a été meilleur sur les fondamentaux, convient le capitaine Aurélien Rougerie. Là où c'est dur, c'est pour tous ceux qui vont nous quitter aujourd'hui (...), on aurait aimé leur offrir une autre porte de sortie. C'est cruel de mourir devant nos supporteurs."
Le Néo-Zélandais laisse derrière lui une équipe habituée à dominer la saison régulière, puis à buter sur les dernières marches, comme hantée par de mystérieux démons. Depuis trois ans, entre Coupe d'Europe et Top 14, l'ASM a perdu un barrage, quatre demi-finales et une finale.
Balayés par les Saracens en demie continentale il y a deux semaines (46-6), les Clermontois tirent ainsi un trait sur une saison mitigée au regard du potentiel de l'effectif. Il faudra trouver un nouvel élan l'an prochain, avec Franck Azéma aux manettes.
Car le ressort semble cassé, notamment offensivement.
Les Auvergnats n'ont en effet jamais trouvé la clé dans une partie cadenassée de main de maître par les champions de France en titre, qui semblent s'être fait une spécialité des exploits en phase finale.
Les Tarnais ont en effet appliqué les mêmes recettes que l'an passé, lorsqu'ils avaient successivement renversé Montpellier, Clermont et Toulon sur le chemin du sacre.
Assise défensive, solidarité dans la difficulté, conquête solide, buteur métronomique et trois-quarts remuants... Cela a payé!
"Personne ne s'y attendait, on y a cru et ce qui devait arriver arriva, glisse avec malice l'entraîneur David Darricarrère. On a réussi à les faire douter et on en a profité, tout simplement. Ce groupe est le plus fort quand on ne l'attend pas."
- Kockott, tireur d'élite -
Certes, ce ne fut guère spectaculaire et longtemps les observateurs durent se contenter d'un duel de buteurs.
A la mi-temps, Clermont virait en tête 9 à 6, sanctionnant une plus grande indiscipline castraise.
Mais cet avantage ne racontait pas les longues séquences stériles clermontoises, à balayer tristement la ligne d'avantage comme face à un mur. Et il ne faisait pas non plus état de l'incapacité des Auvergnats à bousculer de courageux Castrais, réduits à 14 puis à 13 contre 15 après les cartons jaunes successifs à Rodrigo Capo Ortega (31) puis Max Evans (37).
C'est au contraire en infériorité numérique que les hommes du trio Rolland-Milhas-Darricarrère reprenait l'avantage (9-12, 49), par la botte de Rory Kockott, auteur d'un sans-faute (6/6) au pied.
Castres ne tremblait pas pour faire payer la note comptant lors de ses temps forts: le CO franchissait la ligne par le centre Rémi Lamérat (63) après plusieurs temps de jeu magnifiquement orchestrés. Puis Rory Kockott donnait une avance définitive à son équipe par une nouvelle pénalité (22-9).
Mus par l'énergie du désespoir, les Clermontois perçaient enfin le rideau adverse par Damien Chouly (77). Mais trop tard. Le sort de l'ASM était scellé et la stupeur s'emparait de Michelin.