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© AFP/Franck PENNANT
Le président du RCT Mourad Boudjellal, le 21 septembre 2016 à Toulon
La mesure phare présentée mercredi par Mourad Boudjellal, candidat sans illusions à la présidence de la Ligue nationale de rugby (LNR), vise à favoriser les clubs riches en joueurs sélectionnables en équipe de France.
Le président du RC Toulon est le seul rival de Paul Goze, le président sortant, en vue de l'élection prévue le 4 octobre.
. Aucune chance
"J'ai plus de chance de gagner la primaire des Républicains que d'être élu" à la présidence de la LNR, plaisante Boudjellal, avant d'ajouter : "Mais si je remporte le débat d'idées, ce sera déjà ça".
"C'est presque un testament que je fais", ajoute le président du RC Toulon, en lançant sa campagne baptisée ironiquement "La Ligue apaisée", allusion au programme de Marine Le Pen, candidate du Front National à l'élection présidentielle de 2017.
En "mettant la formation au c?ur économique du Top 14", le Toulonnais pense "apporter une solution économique à l'équipe de France. S'ils ne la prennent pas, il faudra s'en souvenir. Tous ces mecs sérieux à la Ligue ne font que des conneries car ils ne maîtrisent pas l'économie du sport".
. Joueurs sélectionnables
Boudjellal réclame "la disparition des JIFF (joueur issu des filières de formation)". "Une catastrophe, estime-t-il. Il faut les remplacer par la notion de joueur sélectionnable en équipe de France", en fonction de sa nationalité mais aussi de son âge, car il ne doit pas s'agir d'un joueur ayant pris sa retraite internationale.
Les clubs de Top 14 ont l'obligation d'aligner en moyenne 14 JIFF sur la feuille de match ; une mesure que nombre d'entre eux contournent mais passible de sanctions sportives (retrait de points) la saison prochaine.
Boudjellal propose de basculer les 6,6 millions d'euros de primes versées aux clubs pour leurs JIFF vers un système de primes. Chaque club percevrait ainsi 75.000 euros toutes les deux sélections en Bleu d'un de ses joueurs, jusqu'à la dixième sélection, puis 200.000 euros au-delà de dix capes ; une prime partagée au prorata entre le club du joueur et son club formateur.
Avec le système actuel, "un club qui a quinze internationaux de 36 ans est mieux rémunéré qu'un club qui a dix espoirs", s'agace l'ancien éditeur de bandes dessinées. "Les vieux joueurs français doivent-ils empêcher les jeunes de jouer ?", interroge-t-il.
. Le salary cap, "une farce"
"Je ne suis pas forcément contre le salary cap (plafond salarial), je dis qu'économiquement c'est une farce", s'emporte Boudjellal, dont le club a été sanctionné de 100.000 euros d'amende pour un dépassement de la masse salariale de 41.586 euros qu'il conteste, en outre.
Il propose de compter "la formation comme un actif d'un club, et non plus un passif". Selon lui, si les joueurs formés au club étaient exemptés du décompte de la masse salariale, cela inciterait les clubs à former des joueurs pour eux-mêmes et pour l'équipe de France.
Il regrette la gestion de "certains clubs qui n'obéissent pas aux règles économiques", et qui est responsable de l'inflation des salaires des joueurs.
S'il ne les nomme jamais, Boudjellal vise les clubs soutenus par des mécènes, comme le Racing 92, champion de France 2016 en battant Toulon en finale, ou Montpellier.
. Une Coupe de France à 32 clubs
Boudjellal veut créer une Coupe de France sans les étrangers ni les internationaux français, en cinq tours, où 14 équipes de Pro D2 recevraient les 14 équipes de Top 14, et deux de Fédérale 1 recevraient deux clubs de Pro D2 au premier tour.
"Avec de bons droits TV et une forte valorisation pour les demi-finalistes", ce tournoi inciterait les clubs à jouer le jeu et "ainsi chaque club aura l'obligation d'avoir des Français à tous les postes", plaide Boudjellal.
Entre autres mesures, Boudjellal souhaite aussi "intéresser les clubs visiteurs aux recettes, à 10%" et revaloriser les droits TV.
Il veut aussi revoir le financement du rugby à VII. "Je ne suis pas sûr que le tennis finance le ping-pong pour se développer", lâche-t-il.