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Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a ordonné vendredi une révision complète du projet de futur stade olympique pour les jeux de Tokyo-2020, en réponse aux nombreuses critiques sur son coût, estimé à près de 2 milliards d'euros.
La proposition de l'architecte irako-britannique Zaha Hadid, dont l'esthétique futuriste faisait également polémique, est donc abandonnée, et une course contre la montre lancée pour finir dans les délais, au printemps 2020.
"En ce qui concerne le nouveau stade national pour les jeux Olympiques et Paralympiques de 2020, j'ai décidé de réviser entièrement le projet et de repartir à zéro", a déclaré M. Abe à la presse à l'issue d'une rencontre avec le président du comité d'organisation, Yoshiro Mori.
"Nous croyons comprendre que la refonte du projet concernant le stade n'aura aucune incidence sur sa livraison pour les jeux Olympiques et Paralympiques", a déclaré de son côté John Coates, vice-président du Comité international olympique (CIO), dans une réaction transmise à l'AFP.
"En revanche, le stade ne sera malheureusement pas prêt pour accueillir le Mondial de Rugby" en 2019, a regretté M. Abe, tout en réaffirmant le soutien du gouvernement à cet événement.
Il va désormais falloir trouver d'autres terrains de jeu pour les stars du ballon ovale, à Tokyo ou Yokohama.
- 'Maîtriser les coûts' -
Initialement, la facture s'élevait à 162 milliards de yens (1,2 milliard d'euros), mais le total est monté à 252 milliards (1,87 md EUR). Du jamais vu dans l'histoire du sport: à titre de comparaison, le stade des JO 2012 de Londres a coûté 680 millions de dollars et celui de Pékin 455 millions.
L'architecte japonais Tadao Ando, qui présidait le jury pour le choix du design du nouveau stade fin 2012, s'était lui-même dit surpris jeudi par un tel montant mais il avait pris la défense du projet de Zaha Hadid.
"Nous ne pouvons pas abandonner Zaha. Si nous faisons cela, nous perdrons toute crédibilité à l'étranger", avait lancé le lauréat du prestigieux "Prix Pritzker" qui n'a pas souhaité réagir vendredi à la décision du Premier ministre.
Mais face au tollé, y compris dans son propre camp, M. Abe, qui s'était dit réticent à tout changement architectural majeur, n'a eu d'autre choix que de jeter l'éponge. D'autant que sa cote de popularité est au plus bas, alors que la mobilisation s'amplifie dans le pays contre sa politique de défense.
"Nous devons faire de notre mieux pour maîtriser les coûts", a-t-il expliqué. "Nous sommes déterminés à élaborer le meilleur projet possible, et ce dans les plus brefs délais".
- 'Au moins 50 mois' -
Un nouvel appel d'offres va être lancé, a indiqué le ministre des Sports, Hakubun Shimomura, présent à l'entrevue.
"Nous allons choisir le design dans les six mois à venir", a-t-il déclaré à la presse. "De la conception à l'achèvement de la construction, il nous faudra au moins 50 mois. L'objectif est de terminer d'ici au printemps 2020".
Le chantier était censé commencer en octobre pour être terminé en mai 2019, un an avant le coup d'envoi des JO de Tokyo.
Outre son coût astronomique, le projet de Mme Hadid - qui n'a pu être contactée dans l'immédiat - faisait depuis le début l'objet de sévères critiques pour son esthétique.
Spectaculaire et innovant pour les uns, ce stade à l'allure de vaisseau spatial était comparé par ses détracteurs à une tortue, un casque de cycliste, voire une cuvette de toilettes vue d'en haut, et était accusé de défigurer le paysage avoisinant, de l'avis de plusieurs architectes de renom.
La future enceinte se dressera à la place de l'ancien Stade national, érigé pour les JO de 1964 et récemment démoli, au coeur d'un immense espace de verdure côtoyant le sanctuaire Meiji, en plein Tokyo, lieu de promenade prisé des habitants de la capitale.