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© AFP/Thomas Coex
Le court Philippe Chatrier de Roland Garros
Que ce soit physiquement, en s'étendant dans une partie des serres d'Auteuil, ou financièrement, en attirant de nouveaux partenaires et en engrangeant plus de droits de retransmission, Roland-Garros veut grandir et prospérer, pour tenir tête à la concurrence.
L'extension controversée, et contestée via de nombreuses procédures devant les tribunaux, du stade de la Porte d'Auteuil est la pierre angulaire de la croissance du tournoi. Son échec en signerait l'arrêt de mort. La menace, en tout cas, est brandie par les responsables de la fédération française de tennis (FFT) dont environ un tiers du chiffre d'affaires repose sur la réussite de la quinzaine (160 millions pour Roland-Garros, 500 pour la FFT).
Tout, en effet, découle de la modernisation d'installations charmantes mais vétustes où les joueurs, aujourd'hui, sont beaucoup moins bien accueillis que dans la plupart des tournois Masters 1000 aux infrastructures plus récentes. Sans parler des spectateurs qui se pressent sur des sièges étriqués et dans des allées bondées.
"Nous devons tout faire pour que Roland-Garros reste l'un des plus grands rendez-vous mondiaux de la planète tennis", martèle Jean Gachassin, réélu en février président de la FFT et qui redoute la désaffection d'une élite de moins en moins sensible à la légende du tournoi le moins rémunérateur des Grand Chelem (22 millions d'euros de primes contre 26,5 à Wimbledon).
Des droits TV peu valorisés
Sans les stars en effet, que deviendraient les recettes de sponsoring et surtout de droits TV, déjà les plus faibles des quatre tournois majeurs? Avec quelque 60 millions d'euros de droits mondiaux par an (38% de ses revenus contre plus de 50% à Wimbledon), le "French" fait petite figure à côté de l'US Open qui vient de signer un contrat portant à 58 millions d'euros annuels ses seuls droits nationaux! En France, ils sont de 15,5 millions, encore détenus par le groupe France Télévisions, qui pourrait être menacé lors du prochain appel d'offres, en septembre.
"Nos droits nationaux sont très peu valorisés", regrette Gilbert Ysern, directeur du tournoi et de la FFT qui penche pour un panachage qu'il espère plus lucratif entre le gratuit et le payant, lors du prochain appel d'offres où M6 et peut-être BeIn Sport devraient s'aligner. "Il est fondamental de rester en gratuit. Mais pas forcément en totalité."
La FFT a en effet de grosses dépenses à assumer dans les années à venir avec son extension, réévaluée à 340 millions d'euros, et a d'autres préoccupations que de laisser son joyau dans le service public, comme le lui demande le ministère des Sports.
A l'international, la valorisation du tournoi passe aussi par l'entretien de sa réputation, de son image. A ce titre, la victoire de la Chinoise Li Na en 2011 a été une véritable aubaine que la FFT a exploitée dès l'année suivante pour mener une opération en Chine sur le thème de la terre battue. A ce titre également, l'arrivée d'Emirates, sponsor planétaire, est vue comme une bouffée d'oxygène. Non financière pour un tournoi qui dégage encore 50 millions de bénéfice dans sa forme actuelle, mais en termes de rayonnement.