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© AFP/A.Deniaud
Le bateau de la mission Tara-Océans en mer le 7 juillet 2013
Elle a fait le tour de l'océan Arctique pour prélever ces micro-organismes marins qui en disent tant sur la biosphère et le réchauffement climatique: la mission Tara vient de clore avec succès cinq mois d'épopée scientifique dans le grand nord.
Parti le 19 mai de Lorient, le deux mâts de 36 mètres est parvenu, dans le temps qui lui était imparti, à faire le tour complet de l'océan polaire en passant par les passages du Nord-Est (Sibérie) et du Nord-Ouest (Canada), ponctuant sa navigation de longues stations scientifiques en bordure de banquise pour récolter des milliers d'échantillons de phytoplancton (végétal) et zooplancton (animal).
Tara, avec ses marins et chercheurs (océanographes et biologistes marins), est le premier bateau a avoir ainsi, dans la continuité du temps et de l'espace, mené à bien une telle expédition scientifique sur les micro-organismes marins dans le grand nord.
Et son étude des écosystèmes marins et de la chaîne planctonique dans les plus hautes latitudes "est un plein succès" en dépit de conditions météorologiques très difficiles, a déclaré à l'AFP le directeur scientifique de l'expédition, Eric Karsenti.
Pendant les quelque 15.000 km parcourus autour du pôle Nord, les chercheurs ont réalisé 17 stations longues de prélèvement de micro-organismes, et récolté quelque 4.000 échantillons de plancton (du virus à la larve de poisson), qui seront étudiés dans les laboratoires scientifiques internationaux.
Conditions extrêmes
© AFP/Fred Tanneau
Des membres de l'expédition Tara-Océans se préparent sur leur bateau à Lorient le 18 mai 2013
Le succès de cette mission hors normes est d'autant plus notable que cette année et contre toute attente, la banquise d'été qui fond massivement entre les mois de mai et septembre s'est un peu requinquée. Elle affichait, à son plus bas niveau à la mi-septembre, une superficie de 5,1 millions de km2, contre 3,4 millions l'année précédente.
Tara s'est donc heurtée à des conditions de navigation "limites". Dans la glace d'abord persistante au début de la mission en août dans le passage du Nord-Est, puis dans la jeune glace rapidement reformée début octobre dans le passage du Nord-Ouest.
"C'était la pire année pour entamer cette mission compte-tenu des difficultés auxquelles nous avons été confrontées", a confié à l'AFP le secrétaire général de Tara Expédition, Romain Troublé.
Mais Tara, avec sa coque arrondie en aluminium et l'expérience de l'équipage du capitaine Loïc Vallette, a surmonté les obstacles et navigué au milieu des icebergs et des plaques de glace dérivantes par une température atteignant parfois les -8°C.
"Tout le matériel scientifique qui gelait a tenu bon grâce à un système de réchauffement élaboré spécialement", se félicite Eric Karsenti. "Nous avons pu mener à bien l'ensemble de notre mission, au-delà de nos espérances avec une demi-douzaine de stations de prélèvements supplémentaires à celles prévues au minimum sur le papier".
L'expédition met un point final à la mission Tara-Océans d'étude des micro-organismes marins, opérée par la goélette entre 2009 et 2012 sur tous les océans du monde, excepté à l'époque l'océan polaire.
Avant de revenir à Lorient début décembre, Tara doit encore faire escale, après le Groenland, à Québec et Saint-Pierre-et-Miquelon.
La boucle est désormais bouclée, avec une colossale moisson et collection de plancton -quelque 35.000 échantillons- récoltée dans toutes les eaux salées de la planète bleue.
La parole est maintenant aux scientifiques qui vont étudier sous toutes les coutures ces organismes infiniment petits, qui représentent 98% du volume de notre biosphère et constituent le début de la chaîne alimentaire marine soumise au réchauffement climatique.