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© AFP/Julien Girardot
La goélette d'exploration Tara au large de Lorient le 31 mars 2012
La goélette d'exploration Tara, ses voiles trempées des embruns de tous les océans du monde, fait escale trois mois à Paris pour rendre compte de son expédition au coeur des écosystèmes planctoniques, les poumons de la planète bleue, soumis au réchauffement climatique.
Le deux mâts, qui a parcouru 115.000 km sur toutes les mers, de septembre 2009 à mars 2012, faisant 52 escales dans 30 pays, est désormais amarré pont Alexandre III, jusqu'au 27 janvier.
C'est la seconde fois que la "baleine", le surnom donné à la goélette en raison de sa silhouette large et arrondie, jette l'ancre dans la capitale où ses marins et scientifiques avaient présenté sur la Seine, pendant l'hiver 2008-2009, sa dérive historique de 18 mois (2006-2008), prisonnière des glaces de l'océan Arctique, entre Sibérie et Groenland.
En février, c'est le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, qui était monté à bord à New-York pour exprimer à l'équipage de marins et scientifiques sa "reconnaissance du travail de sensibilisation (sur les océans et le réchauffement climatique) effectué autour du monde avec le soutien de l'ONU".
Cette année encore, une grande exposition installée dans des conteneurs maritimes, au pied du Pont Alexandre III, va présenter au grand public et aux écoliers d'Ile-de-France, à partir du 3 novembre, les différentes expéditions de la goélette depuis son acquisition en 1999 par le directeur général du groupe Agnès b., Etienne Bourgois.
L'exposition "Tara Expéditions, à la découverte d'un nouveau monde: l'océan", pourra être parcourue comme une déambulation -avec films, photos, interviews de scientifiques, infographies animées et textes- entre le monde glacé de la banquise arctique et le monde du silence des abysses, avec ses étranges habitants de l'infiniment petit que sont les micro-organismes marins au coeur de la machine climatique.
"Pas de plancton, pas d'humanité !": avec cette phrase lapidaire au détour du livre "Tara-Océans: chroniques d'une expédition scientifique", son co-auteur (avec le journaliste Dino Di Meo) Eric Karsenti, 63 ans, biologiste moléculaire et père scientifique de l'expédition consacrée aux écosystèmes planctoniques (98% de la biomasse des océans qui absorbe 50% du CO2 et produit autant d'oxygène), donne toute sa dimension, scientifique et humaine, à la dernière circumnavigation de Tara.
L'ouvrage (Ed. Actes Sud, 256 pages, 200 illustrations, 29 euros) livre pédagogique autant que récit d'aventures autour du monde, retrace par le menu cette expédition inédite sur les traces de Darwin, de l'Atlantique au Pacifique en passant par la Méditerranée, la Mer Rouge et l'océan Indien.
Cette "prise du pouls de notre planète", a permis de découvrir d'innombrables nouvelles espèces constituant la biodiversité marine soumise au réchauffement climatique.
Quelque 200 personnes, marins, chercheurs de 21 prestigieux laboratoires scientifiques internationaux, journalistes et artistes, se sont succédé à bord de la goélette pendant 2 ans et demi, pour "une expérience de partage et de rapprochement exaltante", selon les termes d'Eric Karsenti.